RAPPORT ALTERNATIF DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 AU BENIN, EDITION 2019 (03)
|
Cible 3.1 : D'ici à 2030,
faire passer le taux mondial de mortalité maternelle au-dessous de 70 pour
100 000 naissances vivantes
Cible 3.2 : D’ici à 2030, éliminer les décès évitables de
nouveau-nés et d’enfants de moins de 5 ans, tous les pays devant chercher à
ramener la mortalité néonatale à 12 pour 1 000 naissances vivantes au
plus et la mortalité des enfants de moins de 5 ans à 25 pour 1 000
naissances vivantes au plus
Cible 3.3 : D’ici à 2030, mettre fin à l’épidémie de sida,
à la tuberculose, au paludisme et aux maladies tropicales négligées et
combattre l’hépatite, les maladies transmises par l’eau et autres maladies
transmissibles
Cible 3.4 : D'ici à 2030, réduire d'un
tiers, par la prévention
et le traitement, le taux
de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles et
promouvoir la santé mentale et le bien-être
Cible 3.7 : D’ici à 2030, assurer l’accès de tous à des
services de soins de santé sexuelle et procréative, y compris à des fins de
planification familiale, d’information et d’éducation, et la prise en compte
de la santé procréative dans les stratégies et programmes nationaux
|
Cible
3.1 : D'ici à 2030, faire passer le taux mondial de mortalité maternelle
au-dessous de 70 pour 100 000 naissances vivantes
L’appréciation
du progrès de la cible 3.1 se fait grâce à trois indicateurs prioritaires
retenus par le Bénin. Il s’agit : (i) du taux de mortalité
maternelle ; de la proportion d'accouchements assistés par du personnel de
santé qualifié ; et (iii) de la proportion de femmes enceintes ayant
réalisé au moins 4 consultations prénatales
D’après
les résultats des enquêtes MICS 2014 et EDSB-V 2017-2018, le taux de mortalité
maternelle s’est aggravé entre 2014 et 2018 en passant de 347 à 391 pour 100
000 naissances vivantes. Autrement dit, au Bénin, pour mille naissances vivantes,
environ 4 femmes sont décédées durant la grossesse, pendant l’accouchement ou
dans les 42 jours qui ont suivi l’accouchement ou la fin de la grossesse.
Source :
INSAE, MICS 2014, EDSB 2017-2018, juillet 2019
Les
données montrent que le risque lié à la maternité évolue suivant une tendance
en « cloche » ou en « U renversé » en fonction de l’âge de
la femme. En effet, entre 15 et 34 ans, le risque lié à la maternité maternelle
augmente avec l’âge de la mère tandis qu’il diminue avec l’âge de la mère entre
35 ans et 49 ans. Les femmes dont l’âge est compris entre 30 et 34 ans courent
plus de risque à la maternité que les femmes de toutes les autres tranches
d’âges.
Source :
INSAE, EDSB 2017-2018, juillet 2019
Pour
réduire le risque de décès de la mère et/ou du fœtus, il est conseillé, voire
exiger, aux femmes enceintes de faire au minimum quatre consultations
prénatales au cours de la période de grossesse, soit une consultation prénatale
par trimestre. Ces consultations, si elles sont faites à temps et
régulièrement, permettent aussi de détecter à temps les problèmes qui se
développent pendant la grossesse et d’avoir des conseils appropriés pour la
bonne évolution de la grossesse.
Les
résultats en termes de proportion des femmes enceintes ayant réalisé au moins 4
consultations prénatales (CPN 4) présentent une tendance globalement haussière
depuis 2014 au Bénin. En effet, seulement 33,7% des femmes enceintes (EDSB-V)
ont respecté au moins les quatre (04) visites recommandées en 2018 contre 11,9%
en 2014 (MICS) et pour une cible de 68% prévue dans le cadre du PC2D.
Figure 9 : Evolution de la proportion de
femmes enceintes ayant réalisé au moins 4 consultations prénatales (CPN4)
Source :
INSAE, MICS 2014, EDSB 2017-2018, juillet 2019
Cet
accroissement de la proportion des femmes enceintes ayant réalisé au moins 4
consultations prénatales (CPN 4), bien que le niveau de 2018 soit en dessous du
but projeté pour 2018 dans le PC2D, a permis au Bénin de se propulser sur le
sentier des ODD et d’espérer atteindre la cible de 100% projetée pour 2030 dans
le cadre de la réalisation de l’agenda 2030, si la tendance actuelle observée
se maintenait.
Le
caractère urbain des consultations prénatales demeure une constante dans le
temps. Sur la période 2014-2018, les femmes enceints vivant en milieu urbain
ont plus
réalisé au moins 4 consultations prénatales (CPN4) que les femmes vivant en
milieu rural.
Des disparités s’observent dans la
répartition spatiale de la proportion des femmes enceintes ayant réalisé au
moins 4 consultations prénatales (CPN 4). Les départements tels que l’Alibori,
l’Atacora, le Borgou, les Collines et la Donga affichent des proportions
inférieures à la moyenne nationale depuis 2014. La situation est encore plus
critique dans le Borgou qui abrite le Centre Hospitalier Départemental et
Universitaire.
Par
ailleurs, sur la période 2014-2018, on note une amélioration de la proportion
de femmes enceintes ayant réalisé au moins 4 consultations prénatales (CPN4)
dans tous les départements. Les départements du Mono et du Zou ont réalisé les
meilleures performances en termes d’amélioration de la proportion de femmes
enceintes ayant réalisé au moins 4 consultations prénatales (CPN4).
Tableau
20 : Proportion de femmes
enceintes ayant réalisé au moins 4 consultations prénatales (CPN4) par
département
Milieu de résidence
|
2014
|
2018
|
Alibori
|
2,7
|
25,4
|
Atacora
|
5,8
|
18,9
|
Atlantique
|
17,2
|
47,5
|
Borgou
|
4,5
|
17,4
|
Collines
|
6,8
|
20,5
|
Couffo
|
14,6
|
37,1
|
Donga
|
10,3
|
20,6
|
Littoral
|
12,5
|
51,3
|
Mono
|
10,2
|
43,7
|
Ouémé
|
22,3
|
59,3
|
Plateau
|
21,6
|
39,5
|
Zou
|
8,9
|
49,3
|
Urbain
|
14,3
|
37,2
|
Rural
|
9,9
|
31,7
|
Bénin
|
11,9
|
33,7
|
Source : INSAE, MICS 2014,
EDSB-V, juillet 2019
Par
ailleurs, en considérant les données des annuaires statistiques publiés par le
Ministère de la Santé, le taux de couverture en consultations prénatales est
passé de 98,4 en 2015 à 109,2% en 2018. Ce super taux (supérieur à 100%)
observé depuis 2017 serait dû à la non maîtrise de la population cible et/ou le
mouvement des populations de certaines communes vers les grandes villes.
Autrement dit, en moyenne, presque toutes les femmes enceintes au cours de la
période 2015-2018 se sont faites consultées au moins une fois avant
l’accouchement.
En ce
qui concerne la proportion d’accouchements assistés par du personnel de santé
qualifié, les résultats affichent une tendance relativement haussière, passant
de 77,2% en 2014 à 77,8% en 2018 et pour une cible de 82% prévue dans le cadre
du PC2D.
Cet accroissement de la proportion
d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié n’augure pas
d’espérer atteindre la cible de 100% projetée pour 2030 dans le cadre de la réalisation
de l’agenda 2030, si la tendance actuelle observée se maintenait.
Le caractère urbain des accouchements assistés par du
personnel de santé qualifié demeure une constante dans le temps. Sur la
période 2014-2018, les accouchements
assistés par du personnel de santé qualifié sont plus réalisés en milieu urbain qu’en
milieu rural.
Département
|
2014
|
2018
|
Alibori
|
61,3
|
49,4
|
Atacora
|
81,5
|
62,2
|
Atlantique
|
94,3
|
94,6
|
Borgou
|
41,9
|
57,7
|
Collines
|
80,6
|
93,0
|
Couffo
|
82,5
|
78,8
|
Donga
|
78,1
|
82,6
|
Littoral
|
98,3
|
95,0
|
Mono
|
76,5
|
85,8
|
Ouémé
|
79,7
|
99,2
|
Plateau
|
70,7
|
93,3
|
Zou
|
84,0
|
89,9
|
Urbain
|
83,4
|
84,1
|
Rural
|
72,5
|
73,9
|
Bénin
|
77,2
|
77,8
|
INSAE,
MICS 2014, EDSB-V, mai 2019
Des
disparités s’observent dans la répartition spatiale de la proportion
d’accouchements assistés par du personnel de santé qualifié. Par exemple, en
2018, trois des quatre départements de la région septentrionale (Alibori,
Atacora et Borgou) affichent les proportions les plus faibles tandis que
l’Ouémé, l’Atlantique, les Collines et le Littoral affichent les proportions
les plus fortes. La situation est encore plus critique dans le Borgou qui
abrite le Centre Hospitalier Départemental et Universitaire.
Ces
résultats sont aussi liés, non seulement aux faibles niveaux d’instructions des
femmes notés dans certaines régions, mais aussi, à des disparités dans
l’accessibilité, en termes de couverture en centres de santé et en personnel de
santé qualifié, et dans la qualité des prestations. En effet, malgré les
efforts déployés pour promouvoir l’accouchement dans un établissement de santé,
l’accouchement à domicile demeure encore assez fréquent dans certains
départements tels que le Borgou (38%), l’Atacora (27%), l’Alibori (27%), la
Donga (20%) et le Couffo (13%) d’après les résultats de l’EDSB-V 2017-2018.
Par
ailleurs, la comparaison des résultats avec ceux de l’EDSB-II de 2001 montre
que la proportion de naissances qui ont eu lieu dans un établissement de santé a
augmenté, passant de 76% à 84% en 2018. Les accouchements à la maison sont
devenus moins fréquents quel que soit le milieu de résidence, passant de 23% en
2001 à 15% en 2018. En milieu urbain, le pourcentage de naissances qui ont eu
lieu à la maison est passé de 15% en 2001 à 9% en 2018 et, en milieu rural, de
26% à 18% dans la même période.
Cependant,
l’accès aux établissements de santé dans les zones rurales est plus difficile
que dans les zones urbaines en raison de la distance, de l’inaccessibilité et du
manque d’installations appropriées. Globalement, pour 15% des naissances
vivantes ayant eu lieu au cours des cinq années précédant l’EDSB-V, les mères
ont accouché à la maison. A l’opposé, 84 % des naissances ont eu lieu dans un
établissement de santé, en majorité dans les établissements du secteur public
(70% contre 14% dans le secteur privé) (Rapport EDBS-V, 2017-2018).
En
outre, l’état nutritionnel des femmes en âge de procréer est aussi l’un des
facteurs déterminants du bon déroulement des grossesses, de leur issue ainsi
que de la mortalité maternelle. Il influe sur la morbidité et la mortalité des
jeunes enfants. L’évaluation de l’état nutritionnel des femmes en âge de
procréer est particulièrement utile dans l’identification des grossesses à
risque. Du point de vue anatomique, la taille des mères étant associée à la
largeur de leur bassin, les femmes de petite taille sont plus susceptibles
d’avoir des complications pendant la grossesse et l’accouchement et d’accoucher
des enfants de faible poids. La taille généralement admise en dessous de
laquelle une femme peut être considérée à risque est comprise entre 140 et 150
centimètres (Rapport EDBS-V, 2017-2018).
Si les
conditions de mortalité et de fécondité demeurent inchangées au Bénin, le
risque de décès maternel sur la durée de vie d’une femme est estimé à 0,023,
traduisant qu’environ une femme sur quarante décèdera de causes maternelles
durant sa vie reproductive.
D’ici
à 2030, éliminer les décès évitables de nouveau-nés et d’enfants de moins de 5 ans,
tous les pays devant chercher à ramener la mortalité néonatale à 12 pour
1 000 naissances vivantes au plus et la mortalité des enfants de moins de
5 ans à 25 pour 1 000 naissances vivantes au plus
L’appréciation
du progrès vers la cible 3.2 se fait grâce à quatre indicateurs prioritaires
retenus par le Bénin. Il s’agit : (i) du taux de mortalité des enfants de
moins de 5 ans ; (ii) du taux de mortalité néonatale ; (iii) du taux
de couverture vaccinale complète ; et (iv) de la létalité due au paludisme
chez les enfants de moins de 5 ans.
La
mortalité néonatale est l'ensemble des enfants nés vivants mais décédés entre
la naissance et le 28ᵉ jour de vie. On distingue la « mortalité néonatale
précoce », pour les décès durant la première semaine, de la « mortalité
néonatale tardive », pour ceux des trois semaines suivantes
Source :
INSAE, MICS 2014, EDSB 2017-2018, juillet 2019
Les
résultats sont plus encourageants quant à la mortalité néonatale. De 38‰ en
2014, seulement 30 décès néonataux pour 1 000 naissances vivantes ont été
enregistrés en 2018 pour un but de 33‰ fixé dans le cadre de la mise en œuvre
du PC2D. Si la tendance actuelle se maintenait, et les efforts déployés et renforcés
dans le temps, la cible de 12 décès néonataux pour 1 000 naissances vivantes
fixée dans le cadre de la mise en œuvre des ODD serait atteint à l’horizon
2030.
Cependant,
il est fondamental d’œuvrer à réduire les écarts entre les milieux ruraux et
les milieux urbains. En milieu rural, la mortalité néonatale est plus fréquente
avec un taux de 31 pour 1 000 naissances vivantes contre 28 pour 1 000
naissances vivantes en milieu urbain. Le taux national de 30 décès pour 1 000
naissances vivantes est le double de celui de Cotonou (seulement 15 décès pour
1 000). Les résultats de l’EDSB 2017-2018 montrent également que les enfants de
sexe masculin sont plus vulnérables avec un taux de mortalité néonatale de 36
pour 1 000 contre seulement 24 pour 1 000 pour ceux de sexe féminin.
Source :
INSAE, EDSB-V, 2017-2018
La
mortalité néonatale est reconnue comme un fléau mondial. Les causes sont
nombreuses et il peut y avoir une intrication de plusieurs facteurs. Des études
empiriques antérieures, il ressort que les facteurs de risque maternelle
associés au décès du nouveau-né étaient : (i) l'âge de la mère >35
ans ; (ii) la primiparité et la multiparité ; (iii) l'HTA et
l'infection génitale ; (iv) les antécédents d'avortements ; et (v) le
niveau de vie socio-économique. Tandis que les facteurs de risques néonatales
étaient majorés par : (i) la prématurité ; (ii) le faible poids de
naissance ; (iii) l'ictère ; et (iv) la souffrance fœtale aigue.
Pour
les facteurs maternels, inversement au risque de mortalité maternelle qui
baisse avec l’âge de la mère à partir de 35 ans au regard des données de
l’EDSB-V dans le cas du Bénin, Portal B et al [9] trouvent qu’à partir de 35
ans d’âge maternel, le risque de mortalité fœtale et néonatale est multiplié
par 3. En effet, selon ces auteurs, l’âge maternel avancé a été démontré comme
cause de décès maternel et néonatal, associé avec le pré-éclampsie, d'autres
maladies hypertensives, le diabète sucré, le faible poids de naissance et la
prématurité.
Dans
la mortalité néonatale précoce, Senecal J et al. [13], de même que Portal B. et al
[9], trouvent une incidence plus élevée dès la 5ème
grossesse. La probabilité d'augmentation de la mortalité néonatale avec la
parité pourrait être due au fait qu'avec l'agrandissement de la taille de la
famille, les ressources des parents pourraient être insuffisantes pour
maintenir un bon niveau de nutrition de plus d'enfants, et même la mère pourrait
être en état sous-alimenté pendant sa grossesse. De même, le risque de
complications obstétriques tend à augmenter avec la multiparité et ainsi
augmente le risque de mortalité néonatale. Un faible intervalle inter génésique
de moins de 24 mois a été également démonté associé à un risque accru de
mortalité néonatale en raison du syndrome d’épuisement maternel.
Les
complications sur grossesse ainsi que les antécédents maternels influencent
largement le pronostic néonatal. L'HTA constitue un facteur de risque majeur de
mortalité maternelle et périnatale. Les infections maternelles augmentent le
risque de mortalité périnatale car l'infection génitale peut augmenter le
risque de rupture prématuré des membranes et donc de prématurité et de
morbidité néonatale. La mortalité périnatale est plus élevée chez les femmes
ayant par exemple des antécédents d'avortement ou d'enfants décédés.
Il
faut noter que la mortalité néonatale varie en fonction de la classe sociale
des parents comme l'ont rapportés certains auteurs [12]. En effet, le niveau
socioéconomique bas, associé à la dénutrition maternelle, l'anémie et aux
différentes complications obstétricales ont été démontré associés à un
pronostic néonatale défavorable.
En ce
qui concerne la mortalité des enfants de moins de 5 ans, la situation a
légèrement baissé par rapport à 2014 où le taux s’établissait à 115‰. Ce taux
est de 96‰ en 2018 pour un but 92‰ attendu en 2018 dans le cadre de la mise en
œuvre du PC2D. Au regard de la tendance actuelle du taux de mortalité
infanto-juvénile, il est fort probable d’atteindre la cible de 25‰ en 2030 permettant
ainsi au Bénin de se voir hisser au rang des pays ayant atteint cette cible au
terme de la mise en œuvre des ODD.
Pour
les acteurs de la société civile, cette baisse de la mortalité des enfants de
moins de 5 ans est attribuable, entre autres, à l’établissement progressif de
la couverture vaccinale et à l’amélioration des services de soins de santé
prénatals et postnatals, malgré la baisse de la proportion de femmes enceintes
ayant réalisé les quatre CPN. Ils attribuent aussi ce résultat aux actions de
sensibilisation de la population menées par les OSC en vue de maintenir les
femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans en bonne santé.
Figure 13 : Evolution du taux de
mortalité infanto-juvénile
Source :
INSAE, MICS 2014, EDSB 2017-2018, juillet 2019
Cependant,
il est fondamental d’œuvrer à réduire les écarts entre les milieux ruraux et
les milieux urbains. En milieu rural, la mortalité infanto-juvénile est plus
élevée avec un taux de 106‰ contre 81‰ en milieu urbain. Le taux national de
96‰ est près du triple de celui de Cotonou (44‰).
Milieu de résidence
|
2018
|
Cotonou
|
44,0
|
Autres
villes
|
85,0
|
Urbain
|
81,0
|
Rural
|
106,0
|
Ensemble
|
96,0
|
Source :
EDBS 2017-2018
Les
résultats de l’EDSB 2017-2018 montrent également que les enfants de sexe
masculin sont plus vulnérables avec un taux de mortalité 104‰ contre 89‰ pour
ceux de sexe féminin.
Ce
recul du phénomène d’environ 20 points en deux ans (96‰ en 2018) est dû, entre
autres, aux vastes programmes de vaccination gratuite et de gratuité des soins
du paludisme aux enfants de moins de 5 ans et à la relative amélioration de la
fréquentation des services de santé par les enfants de moins de 05 ans. En
effet, le taux de fréquentation des services par les enfants de moins de 05 ans
s’est établi à 85,3 en 2018 pour une cible de 90 (dans le cadre du PC2D) contre
84% en 2015, 73,4% en 2016 et 79,2 en 2017.
En ce
qui concerne la létalité due au paludisme chez les enfants de moins de 5 ans,
elle a chuté également en passant de 2,11‰ en 2014 à 1,6‰ en 2018 grâce à
l’utilisation améliorée des MIILD par les enfants de moins de 5 ans, le taux
d’utilisation des MILD s’étant établi à 76% en 2018 contre 72,5% en 2014.
Par
ailleurs, le taux de couverture vaccinale complète qui était de 41,1% en 2015
est passé à 51,3% selon EDSB-V. La couverture vaccinale varie largement d’un
département à un autre. Dans le Plateau, moins d’un enfant sur deux a été
vacciné en 2018. Le Mono, les Collines, le Littoral et le Zou ont connu les
taux de couverture de plus de 85% tandis que l’Alibori, le Borgou et le Couffo
présentent des taux de couverture oscillant autour de 55%.
Source :
INSAE, EDBS-V, juin 2019
Globalement,
les programmes de vaccination couvrent beaucoup plus les enfants des zones
urbaines que ceux des zones rurales. En effet, on note en 2018, 76,1% des
enfants vivant dans les centres urbains ont été vaccinés contre 67,6% des
enfants des milieux ruraux.
Tableau 23 : Proportion de population
cible couverte par tous les vaccins inclus dans leur programme national
Milieu de résidence
|
2018
|
Cotonou
|
85,9
|
Autres villes
|
74,5
|
Urbain
|
76,1
|
Rural
|
67,6
|
Source :
INSAE, EDBS-V, juin 2019
Ces
disparités sont, entre autres, dues au niveau d’instruction des parents, à des
pesanteurs socioculturelles et quelques problèmes de manque d’informations
adéquates qui développent chez certains parents, une certaine méfiance
vis-à-vis des programmes de vaccination.
D’ici
à 2030, mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme et aux
maladies tropicales négligées et combattre l’hépatite, les maladies transmises
par l’eau et autres maladies transmissibles
En
matière de lutte contre les maladies telles que le sida, la tuberculose, le
paludisme, l’hépatite, les maladies hydriques et autres maladies
transmissibles, les résultats ne sont pas encore perceptibles.
® VIH/SIDA
Le
taux de prévalence de l’infection par le VIH parmi les femmes enceintes a connu
une baisse, passant de 1,86 en 2015 à 1,55 en 2017 pour une cible inférieure à
2. La prévalence au niveau national est maintenue en dessous de la barre des 2
depuis plusieurs années. La prévalence de l’infection par le VIH parmi les
femmes enceintes cache des disparités tant selon le milieu de résidence que
selon les départements.
Département
|
2015
|
2016
|
2017
|
Alibori
|
0,20
|
0,88
|
0,51
|
Atacora
|
1,51
|
1,19
|
0,68
|
Atlantique
|
2,01
|
0,63
|
0,83
|
Borgou
|
0,81
|
0,81
|
0,68
|
Collines
|
0,68
|
0,29
|
1,17
|
Couffo
|
1,49
|
0,77
|
2,36
|
Donga
|
4,34
|
2,09
|
1,69
|
Littoral
|
3,25
|
2,21
|
1,64
|
Mono
|
6,53
|
0,41
|
0,98
|
Ouémé
|
1,15
|
0,65
|
2,06
|
Plateau
|
1,27
|
0,4
|
1,63
|
Zou
|
0,74
|
0,25
|
0,91
|
Bénin
|
1,86
|
1,09
|
1,55
|
Urbain
|
2,10
|
1,41
|
1,97
|
Rural
|
1,43
|
0,53
|
0,77
|
Source : DPP/MS, Annuaire statistique 2018, SSEPSER/PSLS, 2018,
juin 2019
Les
résultats, selon le milieu de résidence, révèlent que la prévalence de
l’infection par le VIH parmi les femmes enceintes est plus élevée en milieu
urbain qu’en milieu rural. Si, en 2015, le Mono, la Donga, le Littoral et
l’Atlantique étaient les départements à plus forte prévalence de l’infection
par le VIH parmi les femmes enceintes, au fil des années, la prévalence a
baissé dans ces départements pour laisser place, en 2017, aux départements du
Couffo et de l’Ouémé qui ont enregistré une tendance haussière sur la période
2015-2017.
En
considérant la prévalence globale au sein de la population âgée de 15-49 ans,
d’après les données de World Devlopment Indicators (WDI), elle a légèrement
baissé au cours de la période 2014-2015, passant de 1,1% en 2014 à 1,0% en
2015, avant de se stabiliser autour de 1,0% au cours de la période 2015-2018.
En ce qui concerne l’incidence du VIH, exprimée en pourcentage de la population non infectée âgée
de 15-49 ans, elle est passée de 0,07% au cours de la période 2014-2015 à 0,06%
au cours de la période 2016-2017.
La
prévalence du VIH est restée stable autour de 0,6% chez les femmes âgées de
15-24 ans au cours de la période 2014-2017. Chez les hommes âgés de 15-24 ans,
la prévalence s’est légèrement aggravée, passant de 0,2% en 2014 à 0,3% sur la
période 2015-2017. En comparant la situation de la prévalence du VIH chez les
femmes à celle des hommes dans la tranche d’âge 15-24 ans, on note que les
femmes sont plus exposées au VIH que les hommes.
Indicateurs
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Taux de prévalence au VIH/SIDA parmi les femmes
enceintes
|
-
|
1,86
|
1,09
|
1,55
|
-
|
Taux de transmission du VIH de la mère à l'enfant
|
-
|
7,36
|
7,01
|
6,7
|
-
|
Incidence
du VIH (%population non infectée âgée de 15-49 ans)
|
0,07
|
0,07
|
0,06
|
0,06
|
-
|
Prévalence du
VIH, total (%population âgée de 15-49 ans)
|
1,1
|
1,0
|
1,0
|
1,0
|
-
|
Prévalence du
VIH, femme (%population âgée de 15-24 ans)
|
0,6
|
0,6
|
0,6
|
0,6
|
-
|
Prévalence du
VIH, homme (%population âgée de 15-24 ans)
|
0,2
|
0,3
|
0,3
|
0,3
|
-
|
Taux de couverture en ARV des PVVIH
|
-
|
47,0
|
55,0
|
61,0
|
-
|
Source :
DPP/MS, Annuaires Statistiques 2015, 2016, 2017, 2018, World Development
Indicators, juin 2019
Globalement,
la tendance baissière observée au cours de la période 2015-2017 pourrait
s’expliquer, entre autres, par l’implication de l’ensemble des acteurs dans la lutte
contre l’infection à VIH et les IST.
En
outre, sur la période 2015-2018, 26 930 PVVIH ont été nouvellement mises
sous ARV, dont 5,3% d’enfants. Que ce soit chez les enfants ou chez les
adultes, le nombre de personnes nouvellement mise sous ARV a connu une tendance
haussière depuis 2013. Parallèlement, le taux de couverture des PVVIH en ARV a
connu une tendance haussière passant de 47% en 2015 à 61% en 2017.
® Tuberculose
En ce
qui concerne la tuberculose, elle est une maladie infectieuse d’origine
bactérienne, potentiellement grave, qui touche principalement les poumons. Elle
demeure toujours un problème de santé publique au Bénin.
Selon
les données de World Development Indicators, l’incidence de la tuberculose
affiche une tendance baissière, passant de 60 pour 100 000 habitants en 2015 à
58 pour 100 000 habitants en 2017. Au regard de son évolution, mettre fin à
cette maladie d’ici 2030 ne serait une réalité que si la lutte contre cette
maladie est renforcée au fil des années.
Source : World Development Indicators
(WDI), juin 2019
Selon cette même source, le
taux de détection de nouveaux cas de tuberculose, toutes formes confondues, a
connu une tendance erratique globalement baissière au cours de la période
2014-2017, passant de 61% en 2014 à 63% en 2015, puis à 55% en 2017.
Depuis
2013, le taux de succès thérapeutique des cas de tuberculose pulmonaire
bactériologiquement confirmés (nouveaux cas et rechutes) est en baisse. En
effet, de 91% en 2013, il s’est établi à 88% sur la période 2015-2018, contre
89% en 2014. Dans le cadre de la mise en œuvre du PC2D, la cible de 87% prévue
pour être atteinte a été dépassée.
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Incidence
de la tuberculose pour 100 000 habitants
|
60,0
|
59,0
|
58,0
|
-
|
Taux de
détection des cas de tuberculose (toutes formes confondues)
|
63,0
|
61,0
|
55,0
|
-
|
Taux de succès
thérapeutique (% nouveaux cas et rechutes)
|
88,0
|
88,0
|
88,0
|
88,0
|
Source : World Development Indicators
(WDI), juin 2019
Les
causes de ces baisses successives sont l’existence et la non prise en charge
adéquate de maladies sous-jacentes (anémie, hépatite, diabète, etc.),
l’insuffisance dans le suivi des malades (amortissement voire non disponibilité
de motos dans certains CDT pour la relance des malades irréguliers, mutations
fréquentes des agents, grèves perlées, etc.) et les recours tardifs aux soins.
® Paludisme
Les
statistiques sanitaires révèlent que le paludisme se situe toujours au 1er
rang des affections depuis 2006 malgré les progrès accomplis dans le domaine de
sa prévention et de son traitement. Il représente, dans les formations
sanitaires, 45,8% des motifs de consultations dans la population générale et
49,7% chez les enfants de moins de 5 ans en 2018. Il constitue également la
première cause d’hospitalisation tant pour la population en général que pour
les enfants de moins de 5 ans, avec respectivement 29,6% et 40,2% des causes
d’hospitalisation en 2018 contre respectivement 30,5% et 41,1% en 2017.
L’incidence
du paludisme (simple et grave) affiche une évolution erratique, avec une
tendance globalement haussière sur la période 2015-2018Après la baisse
enregistrée en 2016 avec un taux de 14,6% au niveau national (contre 15,5% en
2015), l’évolution de l’incidence du paludisme n’a pas été très favorable au
regard de l’objectif qui stipule l’élimination du paludisme d’ici 2030. A
partir de 2017, les réalisations pour cet indicateur se sont situées au-dessus
des entiers du PC2D et des ODD, et l’évolution de cet indicateur ne permet pas
d’espérer l’atteinte de la cible d’ici 2030, ni d’ici 2021 pour ce qui est du
PC2D.
Des
disparités s’observent d’un département à un autre. Sur toute la période
2015-2018, les départements de la Donga, du Borgou, de l’Atacora, du Mono et du
Zou présentent des taux d’incidence critiques. Les autres départements
présentent les niveaux d’incidence inférieurs à la moyenne nationale.
Cependant, il importe d’apprécier avec prudence ces différences en raison de la
fréquentation variable des centres de santé d’un département à un autre. Les
départements ayant les niveaux de fréquentation élevés ont probablement indiqué
plus de nouveaux cas.
Département
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Alibori
|
16,5
|
13,3
|
12,8
|
14,5
|
Atacora
|
18,7
|
19,4
|
22,4
|
27,2
|
Atlantique
|
13,1
|
10,7
|
11,8
|
11,1
|
Borgou
|
25,8
|
19,9
|
19,5
|
19,5
|
Collines
|
13,4
|
12,6
|
12,1
|
15,6
|
Couffo
|
11,6
|
13,3
|
15,1
|
10,3
|
Donga
|
29,5
|
26,4
|
22,8
|
25,9
|
Littoral
|
9,5
|
11,8
|
10,2
|
8,5
|
Mono
|
17,5
|
19,5
|
22,1
|
18,9
|
Ouémé
|
8,9
|
7,8
|
8,4
|
8,3
|
Plateau
|
6,1
|
5,3
|
7,8
|
9,2
|
Zou
|
19,7
|
20,1
|
22,2
|
19,2
|
Bénin
|
15,5
|
14,6
|
15,2
|
15,2
|
Source
: SGSI/DPP/MS, Annuaires Statistiques 2015, 2016, 2017, 2018, juin 2019
Les
enfants de moins de 5 ans et les femmes constituent les cibles les plus
vulnérables tant en termes d’incidence que de létalité. En effet, selon les
données de l’annuaire statistique 2018 du Ministère de la Santé, la prévalence
palustre parmi les enfants âgés de 0-11 mois en 2018 est estimée à 38,7%. Parmi
les enfants âgés de 01-04 ans, elle est estimée à 34% en 2018. En examinant
cette prévalence en fonction du sexe, il apparait qu’elle est près de 1,13 fois
en moyenne plus élevée en chez les femmes que chez les hommes (16,1% contre
14,2%) quel que soit l’âge.
® Maladies
tropicales négligées
Au
total, 5 maladies tropicales négligées ont été retenues pour être suivies dans
le cadre de la mise en œuvre de l’agenda 2030 au Bénin. Il s’agit de : (i)
la filariose
lymphatique ; (ii) l'onchocercose ; (iii) les schistosomiases ; (iv)
les géo helminthiases ;
et (v) le trachome folliculaire.
Au Bénin, 22,9% de la
population vivaient dans les zones endémiques de la filariose lymphatique en
2015 et 56,4% de ces dernières ont reçu un traitement préventif en 2016. En ce
qui concerne l’onchocercose, 47,2% de la population vivaient dans les zones qui
en sont endémiques en 2015 et 57,1% de ces dernières en ont reçu un traitement
préventif en 2016.
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Nombre
de personnes pour lesquelles des interventions contre les maladies tropicales
négligées sont nécessaires
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Proportion
de la population vivant dans les zones endémiques de la filariose lymphatique
|
22,9
|
-
|
-
|
-
|
Proportion
de la population vivant dans les zones endémiques de l'onchocercose
|
47,2
|
-
|
-
|
-
|
Proportion
de la population vivant dans les zones endémiques des schistosomiases
|
6,2
|
-
|
-
|
-
|
Prévalence des
Schistosomiases dans les communes endémiques
|
91,0
|
91,0
|
91,0
|
-
|
Proportion
de la population vivant dans les zones endémiques des géo helminthiases
|
7,8
|
-
|
-
|
-
|
Prévalence des Géo
helminthiases dans les communes endémiques
|
62,8
|
62,8
|
62,8
|
-
|
Proportion
de la population vivant dans les zones endémiques du trachome
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Prévalence du Trachome
Folliculaires dans les communes
endémiques
|
24,0
|
24,0
|
24,0
|
-
|
Source :
DPP/MS, Annuaires statistiques 2015, 2016, 2017, 2018, PNLMT, juillet 2019
En outre, 6,2% de la
population vivaient dans les zones endémiques des schistosomiases en 2015. Le
pourcentage de ces populations ayant reçu un traitement préventif est passé de
35% en 2016 à 45,1% en 2017. Ainsi, la prévalence des Schistosomiases dans les
zones endémiques s’est stabilisée autour de 91% sur la période 2015-2017.
Pour ce qui est des géo
helminthiases, 7,8% de la population vivaient dans les zones y endémiques en
2015. Le pourcentage de ces populations ayant reçu un traitement préventif a
baissé, passant de 93,8% en 2016 à 85,8% en 2017. Ainsi, la prévalence géo
helminthiases dans les zones endémiques s’est stabilisée autour de 62,8%% sur
la période 2015-2017.
Pourcentage
des populations à risque ayant reçu un traitement préventif
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Onchocercose
|
-
|
57,1
|
-
|
-
|
Schistosomiases
|
-
|
35,0
|
45,1
|
-
|
Géo
helminthiases
|
-
|
93,8
|
85,8
|
-
|
Filariose
lymphatique
|
-
|
56,4
|
-
|
-
|
Trachome
Folliculaire
|
-
|
36,8
|
-
|
-
|
Source :
Base de données de l’OMS, juillet 2019
36,8% des populations
vivant dans les zones endémiques du trachome folliculaire ont reçu un traitement
préventif en 2016. La prévalence du Trachome Folliculaire dans ces zones
endémiques s’est stabilisée autour de 24% sur la période 2015-2017.
D'ici
à 2030, réduire d'un tiers, par la prévention et
le traitement, le taux
de mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles et
promouvoir la santé mentale et le bien-être
La
mortalité prématurée due à des maladies non transmissibles s’est accrue entre
2015 et 2018. La létalité liée aux maladies cardiovasculaires a augmenté en passant
de 18,70 pour 10 000 habitants en 2015 à 20,56 pour 10 000 après avoir atteint
un record de 30,70 pour 10 000 habitants juste un an après la déclaration des
ODD.
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Létalité
liée aux maladies cardiovasculaires
|
18,70
|
30,70
|
20,56
|
-
|
Létalité liée au cancer
|
32,6
|
50,9
|
30,7
|
-
|
Létalité liée au diabète
|
9,74
|
28,60
|
26,60
|
-
|
Létalité
liée aux maladies respiratoires chroniques
|
4,84
|
10,70
|
12,80
|
-
|
Proportion
de la population pratiquant au moins une activité sportive par semaine
|
-
|
84,1
|
-
|
-
|
Taux
de mortalité par suicide (pour 100 000 habitants)
|
9,3
|
9,9
|
-
|
-
|
Source :
DPP/MS, Annuaires statistiques 2015, 2016, 2017, 2018 ; OMS, juillet 2019
Cette
tendance est la même pour les autres maladies telles que le cancer, le diabète
et les maladies respiratoires chroniques qui ont toutes redoublé en létalité en
2016 avant de chuter en 2017.
En ce qui
concerne le taux de mortalité par suicide, il s’est accru, passant de 9,3 en
2015 à 9,9 pour 100 000 habitants en 2016. Les hommes en sont victimes
plus que les femmes, avec un taux de mortalité par suicide de 19,9 pour
100 000 habitants chez les hommes contre 5,9 pour 100 000 habitants
chez les femmes.
En ce
qui concerne la proportion de la population pratiquant au moins une activité
sportive par semaine, elle s’est établie à 84,1% en 2016 d’après les données de
l’OMS. Elle est de 13,6% chez les hommes et de 18,1% chez les femmes. En effet,
une activité physique régulière et modérément intense d'au moins 150 minutes
par semaine réduit le risque de maladies non transmissibles ainsi que la
mortalité due à d'autres causes. On estime que les personnes qui n'ont pas
suffisamment d'activité physique courent un risque accru de mortalité toutes
causes confondues de 20% à 30 % par rapport à celles qui pratiquent une
activité physique suffisante.
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Prévalence
de l'hypertension artérielle chez les adultes âgés de plus de 18 ans
|
27,7
|
-
|
-
|
-
|
Pourcentage
d'adultes âgés de plus 18 ans qui sont obèses
|
9,3
|
9,6
|
-
|
-
|
Pourcentage
d'adultes âgés de plus 18 ans qui sont en surpoids
|
28,9
|
29,5
|
-
|
-
|
Source :
DPP/MS, Annuaires statistiques 2015, 2016, 2017, 2018 ; OMS, juillet 2019
D’après
l’OMS, la probabilité (%) de décès entre l'âge de 30 ans et l'âge exact de 70
ans à la suite de l'une ou l'autre des maladies cardiovasculaires suivantes,
cancer, diabète ou diabète respiratoire chronique pathologies est de 19,3% en
2016 (19,6% chez les hommes et 19,9% chez les femmes). Le taux de mortalité des
MNT normalisé selon l'âge s’est établi à 641,6 pour 100 000 habitants en 2016.
D’ici
à 2030, assurer l’accès de tous à des services de soins de santé sexuelle et
procréative, y compris à des fins de planification familiale, d’information et
d’éducation, et la prise en compte de la santé procréative dans les stratégies
et programmes nationaux
L’utilisation
des méthodes modernes de planification familiale permet d’éviter les grossesses
non désirées ou non planifiées. Elle permet également de prévenir les
grossesses à risque et améliore aussi la santé de la mère et de l’enfant. C’est
dans ce sens que l’amélioration de l’accès aux services de soins de santé
sexuelle et procréative n’a pas été occultée par les autorités en charge de la
promotion de la santé de la mère et de l’enfant. Des actions de sensibilisation,
de formation et de facilitation de l’accès des femmes de planification ont été
menées et ont commencé par produire des effets.
L’amélioration
de l’accès aux services de soins de santé sexuelle et procréative cache des
inégalités tant selon le milieu de résidence que selon les départements. Les
femmes vivant en ville sont plus satisfaites en matière de services de
planification familiale que celles qui vivent dans les milieux ruraux. En 2018,
34,8% des femmes des centres urbains ont été satisfaites contre seulement 23,4%
pour celles des milieux ruraux, selon EDSB 2017-2018. A Cotonou, la plus grande
ville du Bénin, 38,7% des besoins des femmes en planification familiale ont été
satisfaits contre 33,8% pour l’ensemble des autres villes du pays.
Source :
INSAE, EDBS 2017-2018, 2019
La
Donga, le Plateau et les Collines sont les départements dans lesquels les
besoins des femmes en planification familiale sont les moins satisfaits. En
revanche, les départements du Mono, du Littoral et de l’Atacora affichent des
taux de satisfaction les plus élevés. Avec un taux de 57,6%, le taux de
satisfaction des besoins des femmes en fin de planification familiale
représente le double de la moyenne nationale qui est de 28,8%.
En
outre, les résultats de l’EDSB-V révèlent qu’au Bénin, 16% des femmes de 15-49
ans en union utilisent une méthode contraceptive, principalement une méthode
moderne (11,7%). Seulement 3% utilisent une méthode traditionnelle. La
prévalence de la contraception parmi les femmes non en union sexuellement
actives est nettement plus élevée (29% pour toutes les méthodes et 24% pour les
méthodes modernes).
Depuis
plusieurs années, on note une tendance haussière du taux d’utilisation des
méthodes contraceptives modernes qui s’est établi à 11,7% en 2018 (EDSB
2017-2018) pour une cible de 15% prévue dans le cadre du PC2D, contre 7,9% en
2011 et 11,8% en 2014. Ainsi, sur la
période 2014-2018, la proportion de femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) qui
utilisent des méthodes modernes de planification familiale a relativement
baissé, passant de 11,8% à 11,7% en 2018.
Les
données révèlent le caractère urbain de l’utilisation des méthodes modernes de
planification familiale. En effet, sur la période 2014-2018, en moyenne, 14%
des femmes vivant en milieu urbain et en âge de procréer (15 à 49 ans) qui
utilisent des méthodes modernes de planification familiale contre 10% en
moyenne de femmes vivant en milieu rural.
Tableau 32 : Proportion de femmes en âge
de procréer (15 à 49 ans) qui utilisent des méthodes modernes de planification
familiale
Milieu
de résidence
|
2014
|
2018
|
Alibori
|
13,5
|
13,3
|
Atacora
|
14,2
|
12,1
|
Atlantique
|
12,4
|
12,3
|
Borgou
|
16,2
|
12,1
|
Collines
|
13,9
|
15,2
|
Couffo
|
6,1
|
4,1
|
Donga
|
9,0
|
5,3
|
Littoral
|
13,2
|
17,4
|
Mono
|
12,2
|
17,4
|
Ouémé
|
11,1
|
12,3
|
Plateau
|
11,0
|
4,8
|
Zou
|
6,9
|
11,5
|
Urbain
|
14,2
|
13,7
|
Rural
|
9,5
|
10,2
|
Ensemble
|
11,8
|
11,7
|
Source:
INSAE, MICS5 2014, EDSB V 2017-2018
Des
disparités s’observent d’un département à un autre. En effet, les départements
du Couffo, de la Donga, du Plateau et du Zou affichent les plus faibles
proportions de femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) qui utilisent des
méthodes modernes de planification familiale.
La
comparaison avec les résultats des enquêtes précédentes montre que la
prévalence contraceptive moderne parmi les femmes en union a augmenté. Elle est
passée de 3% en 1996 à 7% en 2001 puis à 6% en 2006 et à 8% en 2011-2012 pour
atteindre 12% en 2017-2018. En particulier, on note une augmentation du recours
aux méthodes modernes au détriment des méthodes traditionnelles. La prévalence
contraceptive moderne augmente avec le nombre d’enfants vivants, de 2% chez les
femmes en union sans enfant à 15% chez celles ayant 5 enfants ou plus
Au
Bénin, la fécondité débute précocement, dès l’âge de 15-19 ans. En effet,
d’après les résultats de l’EDSB-V, environ 20% de femmes âgées de 15-19 ans ont
commencé leur vie procréative. Parmi les adolescents de 15-19 ans, 12% des
femmes et 6% des hommes ont eu leurs premiers rapports sexuels avant l’âge de
15 ans. Dans ce même groupe d’âges, 4% des femmes, avaient déjà contracté une
union avant d’atteindre l’âge de 15 ans.
Les
résultats selon le milieu de résidence révèlent que la fécondité est plus
élevée chez les adolescentes qui vivent dans le milieu rural que chez celles
vivant dans le milieu urbain. Environ, 24% des femmes âgées de 15-19 ans,
résidant en milieu rural ont déjà commencé leur vie procréative alors qu’en
milieu urbain, ce pourcentage n’est que de 15%.
Tableau 33 : Pourcentage de femmes de
15-19 ans ayant commencé leur vie procréative par département et milieu de
résidence
Département
|
2018
|
Alibori
|
37,9
|
Atacora
|
31,4
|
Atlantique
|
13,6
|
Borgou
|
27,5
|
Collines
|
19,9
|
Couffo
|
11,2
|
Donga
|
28,7
|
Littoral
|
7,5
|
Mono
|
11,7
|
Ouémé
|
8,3
|
Plateau
|
12,5
|
Zou
|
16,4
|
Ensemble
|
20,1
|
Urbain
|
14,9
|
Rural
|
23,9
|
Source :
INSAE, EDBS 2017-2018, 2019
La
fécondité des adolescentes varie selon le département de résidence. En effet,
le pourcentage d’adolescentes qui ont déjà commencé leur vie procréative est de
8% dans le département du Littoral et Ouémé (dans chaque cas) et atteint 38%
dans le département de l’Alibori.
Plus
le niveau d’instruction est élevé, plus la proportion d’adolescentes ayant
commencé leur vie procréative est faible. Chez les adolescentes qui n’ont aucun
niveau d’instruction, 34% ont déjà commencé leur vie procréative. Par contre,
parmi celles qui ont un niveau secondaire 2nd cycle, le pourcentage est de 7%.
Le
niveau de fécondité chez les adolescentes est influencé par le niveau de
bien-être économique. En effet, 31% des adolescentes vivant dans un ménage
appartenant au quintile de bien-être économique le plus bas, ont déjà commencé
leur vie procréative alors que parmi celles des ménages du quintile le plus
élevé, ce pourcentage est de seulement 9%.
Par
ailleurs, selon les résultats des différentes EDS, le taux de fécondité des
femmes de la tranche d’âge de 15-19 ans a connu une tendance relativement
baissière, sur la période 1996-2018, passant de 119‰ en 1996 à 94‰ en 2012,
puis à 108‰ en 2018.
Âge de la mère à la naissance
|
EDSB-I (1996)
|
EDSB-II (2001)
|
EDSB-III (2006)
|
EDSB-IV (2011-2012)
|
EDSB-V (2017-2018)
|
15-19
|
119
|
109
|
112
|
94
|
108
|
20-24
|
266
|
261
|
266
|
230
|
256
|
25-29
|
263
|
260
|
278
|
251
|
285
|
30-34
|
244
|
233
|
239
|
200
|
234
|
35-39
|
195
|
154
|
155
|
126
|
155
|
40-44
|
78
|
78
|
65
|
63
|
75
|
45-49
|
27
|
27
|
32
|
17
|
24
|
ISF (15-49 ans)
|
6
|
5,6
|
5,7
|
4,9
|
5,7
|
Les taux de fécondité par groupe
d’âges augmentent rapidement pour atteindre un maximum de 285‰ chez les femmes
de 25-29 ans en 2018. Ces données montrent aussi que les taux de fécondité les
plus élevés sont observés dans le groupe d’âges 20-29 ans quel que soit l’année
de collecte et le milieu de résidence.
Indicateur
|
Urbain
|
Rural
|
Ensemble
|
Taux Global de Fécondité Générale (pour 1 000 femmes âgées de
15-44 ans)
|
180
|
210
|
197
|
Taux Brut de Natalité (1 000 individus)
|
39,1
|
41,4
|
40,5
|
Source :
INSAE, EDBS 2017-2018, 2019
Le
niveau de la fécondité au Bénin est estimé à 5,7 enfants par femme. Il varie
selon le milieu de résidence, de 5,2 enfants par femme en milieu urbain à 6,1
enfants par femme en milieu rural. Le taux global de fécondité générale,
c’est-à-dire le nombre annuel moyen de naissances vivantes dans la population
des femmes en âge de procréer, est estimé à 197‰. Il est plus élevé en milieu
rural (210‰) qu’en milieu urbain (180‰).
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Proportion
de femmes en âge de procréer (15 à 49 ans) qui utilisent des méthodes
modernes de planification familiale
|
12,5% (2014)
|
-
|
-
|
28,80
|
Taux
de natalité chez les adolescentes de 10 à 14 ans pour 1 000 adolescentes du
même groupe d'âge
|
19,6 (2014)
|
-
|
-
|
2,0
|
Taux
de natalité chez les adolescentes de 15 à 19 ans pour 1 000 adolescentes du
même groupe d'âge
|
94,0
|
-
|
-
|
108,0
|
Source :
INSAE, MICS 2014, EDSB 2017-2018, juillet 2019
En ce
qui concerne le taux brut de natalité, il est estimé à 40,5‰. Il est plus élevé
en milieu rural (41,4‰) qu’en milieu urbain (39,1‰). Pour le taux de natalité
chez les adolescentes de 15 à 19 ans, il est passé de 94 à 108 pour 1 000
adolescentes du même groupe d'âge. A contrario, il est passé de 19,6 à 2 pour 1
000 adolescentes de 10 à 14 ans
Renforcer
dans tous les pays, selon qu’il convient, l’application de la Convention-cadre
de l’Organisation mondiale de la Santé pour la lutte antitabac
Au
Bénin, d’après les résultats de l’EDSB-V (2017-2018), la quasi-totalité des
femmes (98,8%) et des hommes (93,1%) âgés de 15-49 ans ne fument pas de tabac.
Autrement dit, chez les hommes, 6,9% fument des cigarettes tandis que chez les
femmes, la proportion est de 1,2%. Cette proportion n’a pas pour autant varié
depuis 2001 chez les femmes où elle est passé de 97% à 99% et depuis 2011 chez
les hommes où elle est passée de 89% à 93%.
Chez
les hommes, les données révèlent que les proportions de fumeurs, de n’importe
quel type de tabac, augmentent au fur et à mesure que nous passons d’une
génération à une autre, passant 1,3% parmi ceux de 15-19 ans à 10% parmi ceux
de 40-49 ans. Chez les femmes, on ne note pas de variation importante.
Groupe d’âges
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble*
|
15-19
|
1,3
|
1,4
|
1,35
|
20-24
|
4,7
|
1,6
|
3,15
|
25-29
|
7,7
|
1,6
|
4,65
|
30-34
|
9,9
|
1,0
|
5,45
|
35-39
|
10,5
|
1,4
|
5,95
|
40-44
|
10,5
|
0,9
|
5,7
|
45-49
|
10,7
|
1,6
|
6,15
|
Ensemble 15-49
|
6,9
|
1,4
|
4,15
|
Source :
INSAE, EDBS 2017-2018 ; *Moyenne des sexes
En
examinant cette proportion en fonction du milieu de résidence, il apparaît
qu’elle est plus élevée en milieu rural (7,7% chez les hommes et 1,7% chez les
femmes) qu’en milieu urbain (5% pour les hommes et 0,9% pour les femmes).
Tableau 38 : Répartition du pourcentage de
la population âgée de 15-49 ans qui fument n’importe quel type de tabac par
département et milieu de résidence
Département
|
Masculin
|
Féminin
|
Ensemble*
|
Alibori
|
2,9
|
5,8
|
4,35
|
Atacora
|
14,1
|
0,3
|
7,2
|
Atlantique
|
6,7
|
0,0
|
3,35
|
Borgou
|
11,9
|
2,9
|
7,4
|
Collines
|
9,2
|
0,2
|
4,7
|
Couffo
|
5,3
|
0,1
|
2,7
|
Donga
|
6,4
|
0,2
|
3,3
|
Littoral
|
2,9
|
1,7
|
2,3
|
Mono
|
1,9
|
0,7
|
1,3
|
Ouémé
|
0,9
|
0,3
|
0,6
|
Plateau
|
11,4
|
1,9
|
6,65
|
Zou
|
4,7
|
0,1
|
2,4
|
Ensemble
|
6,9
|
1,4
|
4,15
|
Urbain
|
5,0
|
0,9
|
2,95
|
Rural
|
7,7
|
1,7
|
4,7
|
Source :
INSAE, EDBS 2017-2018 ; *Moyenne des sexes
Du
point de vue de la répartition spatiale, le département de l’Alibori enregistre
la proportion la plus élevée de femmes qui fument n’importe quel type de tabac
(6%). Chez les hommes, les proportions les plus élevées s’observent dans les
départements de l’Atacora (14%), du Borgou (13%) et du Plateau (11%).
Par
ailleurs, la proportion d’hommes qui fument n’importe quel type de tabac
diminue avec le niveau d’instruction. En effet, elle passe de 11% parmi ceux
sans niveau d’instruction à 2% pour ceux du niveau secondaire 2nd
cycle ou supérieur.
Les
adolescents sont souvent considérés comme un groupe en bonne santé. Toutefois,
ce n'est pas le cas, surtout en Afrique. En effet, les adolescents courent un
risque accru de mortalité et de morbidité associées aux accidents, au suicide,
à la violence, au VIH, aux drogues, aux complications liées à la grossesse et à
d'autres maladies qui peuvent être évitées ou traitées. Beaucoup d'autres
souffrent de maladies et d'incapacités chroniques. En outre, les maladies non
transmissibles et les handicaps qui en découlent trouvent leur origine dans les
modes de vie malsains de l'adolescence ou avant.
Dans
le cadre de la réorganisation de l’administration du secteur de la santé et de
l’amélioration de la gouvernance pour garantir aux populations une large
couverture en soins de santé de meilleure qualité, de profondes réformes ont
été engagées et ont porté sur deux principaux axes : (i) le cadre
institutionnel du secteur visant la dépolitisation et une plus grande
professionnalisation et (ii) le fonctionnement du secteur.
S’agissant
du cadre institutionnel, il a été question de (i) la création d’une Autorité de
Régulation du Système de Santé (ARS) chargée d’assurer l’amélioration de la
qualité des soins et la régulation du système de santé dans les secteurs public
et privé (accréditer les praticiens, certifier les établissements sanitaires,
valider les mouvements du personnel sanitaire, contrôle et inspection des
pratiques médicales et paramédicales, etc.) ; (ii) la création d’un
Conseil National des Soins de Santé Primaires (CNSSP) chargé d’élaborer et de
veiller à l’application de la politique sanitaire nationale dans son volet des
Soins de santé primaires (stratégie, normes et protocoles) ; (iii) la création
d’un Conseil National de la Médecine Hospitalière (CNMH) chargé d’élaborer et
de veiller à l’application de la politique sanitaire nationale dans son volet
hospitalier (stratégie, normes et protocoles) ; et (iv) la dépolitisation et la
professionnalisation du secteur de la santé.
En ce
qui concerne le fonctionnement du secteur de la santé, les principales actions
ont concerné : (i) l’évaluation et la mise aux normes du plateau technique de
toutes les formations sanitaires du pays avec l’assistance technique de AP-HP
(Assistance Publique-Hôpitaux de Paris) ; (ii) la mise en place d’un
contrat d’assistance à maîtrise d’ouvrage pour la construction d’un hôpital
Pôle d’excellence avec PHF pour réduire et rationaliser les évacuations
sanitaires ; (iii) la préparation des études de faisabilité en vue de la
création d’un Institut National de Contrôle/Qualité, de Recherche et Innovation
pour les Médicaments à base de Plantes et d’une Unité de Production
Pharmaceutique ; (iv) l’interdiction de publicité sur les médicaments et autres
pratiques de la médecine traditionnelle sur les chaînes de radio et de
télévision ; (v) la lutte contre la vente de produits pharmaceutiques par les
non-professionnels et en particulier dans les marchés avec le démantèlement du
marché Adjégoulé à Dantokpa et du réseau de distributions des faux médicaments
; (vi) le recrutement sur poste dans chaque département avec une possibilité de
mutation tous les 3 ans seulement à l’intérieur du département ; (vii) la
réglementation des astreintes et des temps de gardes du personnel médical et
paramédical ; et (ix) la revue et l’actualisation de tous les textes législatifs
et réglementaires régissant le secteur pour les adapter au nouveau contexte
privilégiant la modernisation et la performance du système sanitaire.
Du
côté des OSC, un accent a été mis sur le renforcement de capacité des
populations. Ainsi, dans le cadre de la mise en œuvre d’un projet de
l’Ambassade de France, une OSC a sensibilisé des dizaines (60) de jeunes filles
sur les maladies sexuellement transmissibles avec le test de VIH, le paludisme
en leurs distribuant des moustiquaires. Pour renforcer cette sensibilisation,
notamment sur les précautions à prendre face aux maladies endémiques, les
émissions ont été organisées sur l’éducation sexuelle des femmes et des jeunes
par d’autres OSC.
En
outre, les OSC ont remarqué une forte ignorance des impacts de l’hygiène sur la
santé par les populations. Ainsi, des formations sur l’hygiène et la nutrition
ont été régulièrement organisées, de même que des sensibilisations sur des
maladies transmissibles, le VIH, le paludisme et autres dans les écoles et
lieux publics.
En
plus de la sensibilisation, les OSC se sont faites remarquer aux côtés du
Gouvernement, notamment sur la mise en place du projet ARCH et l’éradication
des maladies liées à l’eau. Ainsi, les efforts consensuels des deux partenaires
ont permis d’améliorer le niveau l’accès à l’eau potable.
L’atteinte
de l’ODD 3 est jalonnée par des contraintes et dépend du financement du
secteur, de la couverture en infrastructures sanitaires et en personnel
qualifié et du renforcement du partenariat public-privé.
L’allocation
de ressources financières constitue la principale difficulté pour l’atteinte de
ODD 3. Alors que les normes de l’OMS recommandent que le budget alloué au secteur
Santé représente au moins 10% du budget général de l’Etat, il est noté que
cette norme n’a jamais été approchée depuis 2015. En effet, le ratio
« budget alloué à la santé/budget Général de l'Etat » a connu une
tendance globalement baissière au cours de la période 2015-2018, passant de
5,77% en 2015 à 4,01% en 2017.
Tableau 39 : Répartition du taux de
couverture en formations sanitaires par département de 2015 à 2018
Département
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Alibori
|
97,6
|
97,6
|
97,6
|
97,6
|
Atacora
|
100,0
|
87,2
|
100,0
|
100,0
|
Atlantique
|
87,8
|
87,8
|
87,8
|
87,8
|
Borgou
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Collines
|
90,0
|
89,8
|
95,0
|
95,0
|
Couffo
|
94,0
|
96,0
|
96,0
|
96,0
|
Donga
|
103,8
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Littotal
|
84,6
|
84,6
|
84,6
|
84,6
|
Mono
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Ouémé
|
98,1
|
98,1
|
100,0
|
100,0
|
Plateau
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
100,0
|
Zou
|
84,2
|
77,3
|
92,1
|
92,1
|
Bénin
|
93,1
|
91,6
|
94,3
|
94,3
|
Source
: SGSI/DPP/MS, 2019
A cela
s’ajoute le faible taux observé dans l’exécution du budget qui s’accentue
d’année en année. En effet, le taux de consommation du budget (base engagement)
du Ministère de la Santé affiche une tendance globalement baissière sur la
période 2015-2018, passant de 84,10% en 2015 à 83,2 en 2018 contre 76,45 en
2016 et 74,10 en 2017. Ce taux pourrait être meilleur s’il y avait d’une part
la mise à disposition à temps du Ministère des crédits votés et d’autre part la
prise en compte de toutes les informations sur les ressources extérieures au
cours des prochaines années.
Pour
les acteurs de la société civile, deux principaux progrès ont été réalisés dans
le secteur de la santé pour la période 2015 à 2018. Il s’agit de la bonne
gouvernance des formations sanitaires publiques à travers le respect des textes
du secteur et la réduction des grèves qui handicapaient le secteur.
Sur la
période 2015-2018, en ne considérant que les formations sanitaires publiques,
le taux de couverture sanitaire moyen est de 93,33%, avec une tendance
relativement haussière. Ce taux cache des disparités d’un département à un
autre. Le département du Littoral affiche la plus faible couverture (84,6%).
Les départements de la Donga, du Borgou et du Plateau sont les départements les
mieux couverts avec des taux de 100%.
Cependant,
la question de l’accessibilité demeure une préoccupation. En effet, sur la
période 2015-2018, un habitant se trouve à environ 5,7 km (environ 1H10min de
marche) d’une formation sanitaire alors que les normes recommandent moins de 5
km.
Département
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018*
|
||||
CS
|
RMAT
|
CS
|
RMAT
|
CS
|
RMAT
|
CS
|
RMAT
|
|
Alibori
|
102
|
9
|
98
|
9,2
|
70
|
10,9
|
91
|
9,6
|
Cora
|
91
|
9
|
81
|
9,1
|
74
|
9,5
|
103
|
8,0
|
Atlantique
|
153
|
3
|
87
|
3,4
|
92
|
3,3
|
236
|
2,1
|
Borgou
|
188
|
7
|
191
|
6,6
|
100
|
9,1
|
162
|
7,1
|
Collines
|
108
|
6
|
75
|
7,7
|
91
|
7,0
|
126
|
5,9
|
Couffo
|
136
|
2
|
68
|
3,2
|
66
|
3,2
|
67
|
3,2
|
Donga
|
69
|
7
|
54
|
8,1
|
57
|
7,9
|
79
|
6,7
|
Littotal
|
149
|
0
|
18
|
1,2
|
29
|
0,9
|
114
|
0,5
|
Mono
|
103
|
2
|
69
|
2,7
|
72
|
2,6
|
88
|
2,4
|
Ouémé
|
121
|
2
|
94
|
2,4
|
104
|
2,0
|
129
|
1,9
|
Plateau
|
73
|
4
|
62
|
4,1
|
64
|
4,0
|
72
|
3,8
|
Zou
|
129
|
4
|
82
|
4,5
|
79
|
4,6
|
104
|
4,0
|
Bénin
|
1422
|
5
|
979
|
6,1
|
898
|
6,4
|
1 371
|
5,2
|
Source
: SGSI/DPP/MS, 2019, * = données provisoires
On
note une dispersion du rayon moyen d’action théorique (RMAT) d’une formation
sanitaire autour de la moyenne nationale qui varie entre 0,7 km pour le
département du Littoral et 9,7 km pour l’Alibori. Ainsi, les habitants des
départements de l’Alibori, de l’Atacora, du Borgou, des Collines et de la Donga
se trouvent en moyenne à 8 km d’une formation sanitaire. Ceci, couplé de
l’analphabétisme et des pesanteurs socio-culturelles, a contribué à la faible
utilisation des services de santé par les populations desdits départements.
C’est
ainsi que sur la période 2015-2018, le taux moyen de fréquentation des
formations sanitaires publiques s’est établi à 48,53%, passant de 50,3% en 2015
à 51,0% en 2018, après la chute de 2016. Avec cette tendance relativement
haussière sur la période, ce taux s’affiche au-dessus de la norme de 47% fixée.
En ce
qui concerne les ressources humaines en santé, il est à noter que, malgré les
efforts accomplis en matière de recrutement du personnel soignant ces dernières
années et le reversement des agents d’une certaine catégorie en Agents
Contractuels et Permanents de l’Etat, le besoin en ressources humaines
qualifiées reste préoccupant pour le secteur de la santé, notamment dans certaines
zones reculées du pays.
|
||||||||||||||||||||||||||
Source : SGSI/DPP/MS, 2019
Les
normes de l’OMS en matière de ratios (25 agents de santé/10.000 habitants) ne
sont pas respectées sur toute la période sur le plan national depuis 2015.
Cette situation justifie, entre autres, la non atteinte du seuil critique de
80% de couverture pour les accouchements en présence de personnels qualifiés et
de vaccination des enfants recommandé par l’OMS[1].
Tableau 42 : Principaux ratios du personnel
soignant pour 10 000 habitants par corps et par département de 2015 à 2018
Département
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
||||||||
MED
|
INF
|
SFE
|
MED
|
INF
|
SFE
|
MED
|
INF
|
SFE
|
MED
|
INF
|
SFE
|
|
Alibori
|
0,3
|
3,2
|
0,4
|
0,2
|
2,8
|
0,4
|
0,4
|
2,5
|
1,9
|
0
|
2
|
1
|
Atacora
|
0,5
|
3,5
|
0,5
|
0,6
|
3,5
|
0,6
|
0,5
|
3,4
|
2,1
|
0
|
1
|
1
|
Atlantique
|
2,3
|
5,6
|
2,1
|
1,9
|
4,8
|
1,7
|
2,1
|
5,9
|
9,1
|
0
|
1
|
2
|
Borgou
|
0,5
|
5,1
|
0,8
|
0,8
|
5,8
|
1,0
|
1,1
|
5,1
|
3,5
|
0
|
0
|
0
|
Collines
|
0,4
|
3,6
|
0,6
|
0,4
|
3,9
|
0,6
|
0,4
|
3,2
|
2,1
|
0
|
0
|
0
|
Couffo
|
0,3
|
2,1
|
0,5
|
0,3
|
2,0
|
0,5
|
0,3
|
1,9
|
1,6
|
-
|
-
|
-
|
Donga
|
0,5
|
3,3
|
0,7
|
0,4
|
2,9
|
0,6
|
0,5
|
4,2
|
6,6
|
0
|
0
|
0
|
Littotal
|
8,0
|
11,9
|
4,0
|
10,2
|
14,6
|
4,8
|
7,7
|
13,0
|
15,3
|
-
|
-
|
-
|
Mono
|
1,1
|
3,9
|
0,9
|
0,8
|
3,8
|
1,1
|
1,2
|
4,6
|
5,1
|
0
|
0
|
1
|
Ouémé
|
1,8
|
6,7
|
2,7
|
1,2
|
4,6
|
2,1
|
2,3
|
5,8
|
9,5
|
1
|
3
|
5
|
Plateau
|
0,2
|
2,8
|
0,8
|
0,3
|
2,5
|
0,7
|
0,5
|
2,1
|
2,1
|
0
|
1
|
2
|
Zou
|
0,4
|
3,3
|
0,9
|
0,5
|
3,3
|
0,9
|
0,7
|
3,9
|
4,1
|
0
|
3
|
3
|
Bénin
|
1,6
|
4,9
|
1,4
|
1,4
|
4,6
|
1,3
|
1,5
|
4,7
|
5,7
|
0
|
1
|
2
|
Source
: SGSI/DPP/MS, 2019
En
outre, on observe une tendance baissière de ces ratios sur la période 2015-2018
causée, entre autres, par les départs massifs à la retraite sans recrutements
conséquents. L’Etat doit alors envisager une politique de recrutement,
notamment des infirmiers et des sages-femmes sinon cette situation risque à
terme de créer un vide dans les formations sanitaires.
Aussi,
la crise des ressources humaines se pose-t-elle en termes de qualification et
de disparités régionales. En effet, on note une concentration du personnel dans
les départements de l’Atlantique, du Littoral et de l’Ouémé au détriment des
autres départements du pays, notamment l’Alibori, l’Atacora, Les Collines, le Couffo,
le Plateau et le Zou.
Il en
résulte des difficultés d’accès équitable des populations aux services de santé
de qualité surtout dans ces départements. Malgré cette situation, la question
des ressources humaines reste une préoccupation majeure pour le secteur de la
santé au regard du manque crucial en quantité et en qualité du personnel
spécialiste.
Cette
analyse est partagée par les acteurs de la société civile qui estiment que, si
des efforts ont été accomplis par endroit pour assurer une bonne santé de la
population, des problèmes de santé demeurent et se posent avec acuité dans
certaines régions du pays.
De
nombreux défis restent à relever dans le cadre de la réalisation de l’ODD 3. Il
s’agit principalement de :
ü Maintenir les efforts en matière de lutte contre le retard de
croissance ;
ü Renforcer la lutte contre la malnutrition ;
ü Réduire les disparités régionales ;
ü Améliorer le taux de couverture national en maternité ;
ü Doter les maternités en équipements adéquats et de personnel qualifié ;
ü Sensibiliser les femmes sur l’âge adéquat pour la maternité et
accorder plus d’attention aux femmes enceintes les plus âgées ;
ü Renforcer les programmes de vaccination gratuite et sensibiliser
les parents surtout dans les zones reculées ;
ü Poursuivre et renforcer le programme de gratuité des soins liés au
paludisme aux enfants de 0 à 5 ans ;
ü Réduire la prévalence des maladies prioritaires (paludisme, SIDA,
tuberculose) ;
ü Lutter contre l’hépatite, les maladies tropicales négligées, les
maladies non transmissibles ;
ü Améliorer la santé reproductive des adolescentes et des
jeunes ;
ü Renforcer les programmes de lutte contre les épidémies et les
maladies chroniques ;
ü Améliorer l’accès aux services de santé sexuelle et procréative
ü Favoriser l’accès à l’information en vue de l’adoption des comportements
minimisant les risques et ;
ü
Promouvoir la sécurité
alimentaire et nutritionnelle de la population.
Spécifiquement,
les défis identifiés par les OSC portent sur : (i) la mise en œuvre du
projet ARCH ; (ii) l’approvisionnement des centres médicaux en personnel
qualifié et en produits médicaux ; (iii) le renforcement des services
sociaux de base et de protection sociale ; (iv) l’identification des
besoins au niveau local en intégrant des activités liées aux VIH-SIDA et autres
maladies contagieuses ; et (v) la protection et l’assainissement de
l’environnement.
En
matière de stratégies locales, les OSC ont souhaité, pour réduire les maladies
liées à l’eau, qu’il soit mis en place des services d’approvisionnement en eau
potable et des services d’assainissement. En ce qui concerne les maladies
endémiques, il faut Identifier les besoins au niveau local en intégrant des
activités liées aux VIH-SIDA et autres maladies contagieuses.
En
somme, la période 2014-2018 a connu un accroissement du taux de mortalité
maternelle, passé de 347 à 391 pour 100.000 naissances. En cause, la proportion
de femmes présentant au moins 4 consultations prénatales est en baisse depuis
2014 (52% en 2017 contre 58,8% en 2014 d’après EDSB-V et MICS). La proportion
d’accouchements assistés par du personnel qualifié s’est améliorée sans pour
autant se situer sur le sentier des ODD, passant de 72,2% en 2014 à 77,78% en
2018.
Dans
le même sens que la mortalité des enfants et le taux de couverture vaccinale,
le taux de prévalence du VIH, l’incidence de la tuberculose, le taux de
mortalité néonatale ont connu une forte baisse entre 2014 et 2018 passant de 38
à 30 décès pour 1.000 habitants, même si l’écart reste encore significatif entre
les milieux ruraux et urbains. Le paludisme constitue toujours à ce jour, le
premier motif de consultation dans la population en générale et son incidence
affiche une évolution erratique avec une tendance globalement en hausse entre
2015 et 2018.
Cette
hausse est également observée au niveau des méthodes de planification familiale
de plus en plus utilisées (28,8% en 2018 contre 12,5% en 2014). Ceci est à
mettre en lien avec l’amélioration de l’accès aux services de soins de santé
sexuelle et procréative malgré les inégalités observées tant au niveau des
milieux de résidence que dans les départements. A ce titre, il faut souligner
qu’en ce qui concerne la fécondité, elle est plus élevée en milieu rural (24%)
qu’en milieu urbain (15%).
La
principale difficulté du secteur de la santé reste les ressources qui lui sont
allouées et qui n’atteignent pas le minimum de 10% requis par l’OMS.
L’insuffisance du plateau technique et des ressources humaines en santé de
qualité sont autant des difficultés qui nécessitent des solutions
particulières. Ainsi, différentes réformes ont été engagées dans le secteur,
tant sur le plan institutionnel que sur le plan du fonctionnement.
Commentaires
Enregistrer un commentaire