RAPPORT ALTERNATIF DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 AU BENIN, EDITION 2019 (01)



















































Dépôt légal n°xxxxxx du
xx/xx/xxxx Yème trimestre Bibliothèque Nationale
ISBN : 978-99919-79-54-0


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Pour citer ce document :
République du Bénin, Maison de la Société Civile (2019), Rapport alternatif de suivi de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 au Bénin, Edition 2019. Rapport final. Cotonou- Bénin. 220p.



SOMMAIRE                      


 

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS


ACISE
:
Agence pour la Construction des Infrastructures du Secteur de l’Éducation
AEV
:
Adduction d’Eau villageoise
AGVSA
:
Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire
ANIP
:
Agence Nationale pour l’Identification des Personnes
ANPT
:
l’Agence Nationale de Promotion des Patrimoines et de Développement du Tourisme
AP-HP
:
Assistance Publique-Hôpitaux de Paris
APN
:
African Parks Network
ARCH
:
Assurance pour le Renforcement du Capital humain
ARS
:
Autorité de Régulation du Système de Santé
ARV
:
Antirétroviraux
ATDA
:
Agence Territoriale de Développement Agricole
BAC
:
Baccalauréat
BT
:
Basse Tension
CBTE
:
Code Bénino-Togolais d’Electricité
CDMT
:
Cadre de Dépense à Moyen terme
CEB
:
Communauté Electrique du Bénin
CEDEAO
:
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
CEMOS
:
Cadre de Maintenance des Ouvrages Simples
CI
:
Cours d’Initiation
CM2
:
Cours Moyen 2ième année
CNMH
:
Conseil National de la Médecine Hospitalière
CNSSP
:
Conseil National des Soins de Santé Primaires
CP
:
Cours Préparatoire
CPN
:
Consultation Prénatale
CQP
:
Certificat de Qualification Professionnelle
CRIET
:
Cours de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme
DEC
:
Direction des Examens et Concours
DOB
:
Direction de l’Office du Bac
DPP
:
Direction de la Programmation et de la Prospective
EDSB-V
:
Enquête Démographique et de Santé du Bénin
ETFP
:
Enseignement Technique et Formation Professionnelle
EMICoV
:
Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des ménages
FADEC
:
Fonds d’Appui au Développement des Communes
FCFA
:
Franc de la Communauté Financière en Afrique
FNDA
:
Fonds National de Développement Agricole
FN-Eau
:
Fonds Nation de l’Eau
FNRB
:
Fonds National des retraités du Bénin
GIRE
:
Gestion Intégrée des Ressources en Eau
HTA
:
Haute Tension A
IDH
:
Indice de Développent Humain
IDHI
:
Indice de Développement Humain ajusté selon les Inégalités
IIAG
:
Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine
INSAE
:
Institut National de la Statistique et de l’analyse Economique
IPG
:
Indice de Parité entre Genre
IST
:
Infection Sexuellement Transmissible
IUEP
:
Instituts Universitaires d’Enseignement Professionnel
MCA
:
Millenium Challenge Account
MEMP
:
Ministère de l’Enseignement Maternel et Primaire
MESFTP
:
Ministère de l’Enseignement Secondaire de la Formation Technique et Professionnelle
MESRS
:
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
MICS
:
Enquête par Grappes à Indicateurs Multiples
MILD
:
Moustiquaire Imprégné d’Insecticide Longue Durée
MIT
:
Ministère des Infrastructures et des Transports
MJL
:
Ministère de la Justice et de la Législation
MS
:
Ministère de la Santé
MW
:
Mégawat
ND
:
Non Disponible
OCDE
:
Organisation de la Coopération et de Développement Economique
ODD
:
Objectifs de Développement Durable
OIT
:
Organisation International du Travail
OMS
:
Organisation Mondial de la Santé
OSC
:
Organisation de la Société Civile
PADEFA
:
Programme d’Appui au Développement des Filières Agricoles
PAG
:
Programme d’Actions du Gouvernement
PC2D
:
Programme de Croissance pour le Développement Durable
PDA
:
Pôle de Développement Agricole
PDAEP
:
Plan Directeur d’Approvisionnement en Eau Potable
PDC
:
Plan de Développement Communal
PD-EHR
:
Plan Directeur de l’Electrification Hors-Réseau
PEDEC
:
Projet d’enregistrement à titre Dérogatoire à l’Etat-Civil
PEJ
:
Projet Emploi des Jeunes
PEPRAU
:
Projet d’Approvisionnement en Eau Potable en milieu Rural et d’Assainissement des eaux usées Urbaines
PHPS
:
Politique Holistique de Politique Sociale
PIB
:
Produit Intérieur Brut
PME
:
Petite et Moyenne Entreprise
PND
:
Plan National de Développement
PNUD
:
Programme des Nations Unies pour le Développement
PTF
:
Partenaires Techniques et Financiers
PVVIH
:
Personnes Vivants avec le VIH
RAVIP
:
Recensement Administratif à Vocation d’Indentification de la Population
RGPH
:
Recensement Général de la Population et de l’habitation
RMAT
:
Rayon Moyen d’Action Thérapeutique
RNA
:
Recensement National Agricole
RNT
:
Radio Numérique terrestre
SBEE
:
Société Béninoise d’Energie Electrique
SCRP
:
Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté
SIRB
:
Société des Infrastructures Routières du Bénin
SONEB
:
Société Nationale des Eaux du Bénin 
TBS
:
Taux brut de Scolarisation
TIC
:
Technologie de l’Information et de la Communication
TNS
:
Taux Net de Scolarisation
TNT
:
Télévision Numérique Terrestre
TPI
:
Tribunal de Première Instance
UAC
:
Université d’Abomey-Calavi
UP
:
Université de Parakou
VIH
:
Virus d’immunodéficience Humaine
WDI
:
World Developpement Indicators


LISTE DES TABLEAUX


 

LISTE DES GRAPHIQUES


 

RESUME

Le présent rapport alternatif de suivi de la mise en œuvre de l’agenda 2030 au Bénin fait le point de la lecture que les Organisations de la Société Civile (OSC) béninoises ont des réalisations effectuées par le Gouvernement dans le cadre des politiques, programmes et projets qui s’alignent sur les ODD et ses principes. Il met aussi l'accent sur les contributions des OSC qui concourent à l'atteinte des cibles retenues par le Bénin. Il permet de faire le point sur les progrès vers la réalisation des ODD au Bénin afin d’alerter sur les contre-performances qui demanderaient plus d’efforts pour inverser les tendances observées.
Diverses actions, dont la mise en œuvre de la politique de protection sociale pour tous (Loi portant création de l’ARCH) ont été engagées dans le cadre de la réduction de la pauvreté (ODD 1). Les effets induits par ces actions sont, entre autres, l’assainissement du cadre macroéconomique et de gouvernance qui ont eu conséquences : (i) la prise en charge des soins palliatifs et le maintien de toutes les mesures de gratuité des soins de santé ; (ii) l’amélioration des conditions d’accès aux soins et de délivrance des services de santé ; (ii) l’amélioration des conditions d’accès à l’école ; (iv) l’augmentation des ressources allouées au fonctionnement des cantines scolaires et la réorganisation du dispositif y afférent ; etc.  Cependant, des difficultés sont toujours perceptibles quant à la capacité des béninois de s’assurer un repas par jour, en lieu et place des trois repas recommandés par jour, le tout corrélé par des contraintes de faible niveau des allocations de micro crédits aux plus pauvres, de faible accès de tous aux actes d’état civil, etc. Des défis restent donc à relever dans le cadre de la lutte contre la pauvreté dont, entre autres, la promotion de l’économie locale, la maitrise de la croissance démographique, la réduction des inégalités et le renforcement de la protection sociale, même si on note une baisse de la pauvreté non monétaire depuis 2007 (INSAE, EMICoV 2007, 2009, 2011, et 2015).
Au niveau de l’ODD 2, malgré la légère amélioration de la sécurité alimentaire due à la croissance de la consommation alimentaire, des disparités non négligeables sont observables en matière de prévalence de l’insécurité alimentaire, avec un niveau élevé des départements de l’Atacora (23,6%), du Couffo (16,2%), des collines (15,3%) et du Zou (11,7%). Il est observé également une prévalence faible des enfants de 1 à 5ans en ce qui concerne le retard de croissance ainsi qu’une détérioration de la prévalence de la malnutrition passée de 4,5% en 2014 à 6,8% en 2018. S’il est noté sur le plan institutionnel la création de structures que sont le Conseil National pour l’Alimentation et la Nutrition, des comités départementaux multidisciplinaires de l’alimentation et de la nutrition et l’engagement de la Société Civile, ainsi que le repositionnement de la recherche agricole au cœur du développement des filières couplé au plan opérationnel avec la mise en œuvre des projets de développement agricole, force est de constater que les arbitrages budgétaires restent défavorables quant à la considération de la nutrition comme secteur prioritaire de développement. L’augmentation de la productivité agricole, le renforcement de la résilience combinée à la hausse des allocations en faveur de la nutrition constituent entre autres des leviers de développement importants pour une amélioration de la nutrition.
Pour ce qui est de l’ODD 3, la période 2014-2018 a connu un accroissement du taux de mortalité maternelle, passé de 347 à 391 pour 100.000 naissances, avec entre autres comme causes, la baisse de la proportion de femmes présentant au moins 4 consultations prénatales depuis 2014 et l’état nutritionnel critique des femmes enceintes ; même si la proportion d’accouchements assistés par du personnel qualifié s’est améliorée sans pour autant se situer sur le sentier des ODD. Dans le même sens que la mortalité des enfants et le taux de couverture vaccinale, le taux de prévalence du VIH, l’incidence de la tuberculose, le taux de mortalité néonatale ont connu une forte baisse entre 2014 et 2018 passant de 38 à 30 décès pour 1.000 habitants, même si l’écart reste encore significatif entre les milieux ruraux et urbains. Le paludisme constitue toujours à ce jour, le premier motif de consultation dans la population en général, même si son incidence affiche une évolution erratique avec une tendance globalement en hausse entre 2015 et 2018. Cette hausse est également observée au niveau des méthodes de planification familiale de plus en plus utilisées (28,8% en 2018 contre 12,5% en 2014).
Si la principale difficulté du secteur de la santé reste l’insuffisance des ressources financières allouées qui n’atteignent pas le minimum de 10% requis par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il faut également mettre en lumière une tendance baissière du taux d’exécution de ces dernières. D’autres difficultés affectent le secteur de la santé et sont relatives à l’insuffisance du plateau technique et à l’insuffisance des ressources humaines en santé de qualité. Si différentes réformes ont été engagées dans le secteur de la santé sur le plan institutionnel, sur le plan du fonctionnement et de la réorganisation, il faut souligner que le renforcement des allocations budgétaires du secteur de la santé (de même que l’exécution), l’amélioration de la couverture en infrastructures sanitaires et en personnel de santé de qualité, de même que le renforcement du partenariat public-privé sont des défis auxquels il faudra faire face pour espérer être au rendez-vous de 2030. Aussi la mise en œuvre du projet ARCH reste-t-elle impatiemment attendue.
Au niveau du secteur de l’éducation (ODD 4), il faut souligner que le TBS dans le primaire est en baisse, passant de 97,5% à 88,7% sur la période 2015-2018 avec une influence directe sur le taux net de scolarisation. Cette tendance baissière observée sur la période s’explique, entre autres, par des pesanteurs socio-culturelles, la distance qui sépare les habitations des écoles, conséquence de la décision de fermeture des écoles ne remplissant pas les conditions requises, les cas d’abandons et de décès en cours de cycle enregistrés au niveau des apprenants des cohortes 2012 et 2013, et la faible capacité des apprenants à assimiler les connaissances transmisses à cause des effectifs pléthoriques observées dans les salles de classe.
Dans l’enseignement secondaire, en considérant les données de l’EDSB-V, le taux brut de fréquentation scolaire s’est établi à 44,9% en 2018 contre 41,9% en 2014, avec 57,9% en milieu urbain et 36,3% en milieu rural. Quant au taux net de scolarisation, il a connu un recul de plus de 10 points de pourcentage sur la période. Si aucune valeur n’existe s’agissant de la proportion d’apprenants ayant reçu une formation en TIC, il faut toutefois souligner la mise à disposition avec l’appui de l’UNESCO, des kits informatiques (kits sankorés) au profit de 120 écoles primaires et la formation des enseignants desdites écoles à l’utilisation de ces kits. Une évaluation de la mise en œuvre du programme a révélé que 65% de ces écoliers sont capables d’utiliser l’outil informatique. En ce qui concerne la proportion d'apprenants du cours secondaire en formation technique et professionnelle, elle affiche une tendance régulièrement haussière sur la période 2015-2018, passant de 2,7% à 3,6%. Dans l’enseignement supérieur, conformément au guide d’orientation des nouveaux bacheliers, des entités de formation professionnelle ont été ciblées. Au regard de cette nomenclature, sur la période 2015-2017, la proportion d’étudiants en formation professionnelle est passé de 19,1% en à 22,4% contre 17,6% en 2014. Toutefois, il est à noter de sérieux problèmes d’insertion, en témoigne le nombre de jeunes diplômés de ces entités sans emploi ou en sous-emploi. 
Concernant les disparités, retenons qu’elles ont été faibles au niveau du primaire (97,8% en 2015 et 93,21% en 2018) alors qu’elles deviennent plus perceptibles au niveau du secondaire, l’indice de parité s’affichant à 0,84 en 2018 contre 0,79 en 2015. Ces inégalités deviennent plus importantes à mesure que le niveau d’étude augmente.
De profondes réformes ont été enregistrées dans le secteur de l’éducation. Cependant, le budget affecté au secteur (19,6% du BGE en 2015 à 14,5% en 2018) reste nettement inférieur au 20% qui constitue la norme définie pour les pays en développement. De ce fait, différents défis sont soulevés pour une amélioration du secteur dont, entre autres, le renforcement du niveau des infrastructures scolaires, le maintien des filles à l’école et le recrutement et la formation des enseignants qualifiés, la restructuration de la carte scolaire au niveau primaire et secondaire et la réforme du dispositif de fonctionnement de ces écoles, la révision des curricula de formation pour les adapter aux contraintes et réalités du marché de l’emploi.
En qui concerne l’ODD 5, malgré les différentes lois, conventions, instruments nationaux et internationaux promouvant la participation politique des femmes, on note toujours une faible participation des femmes aux instances de décision nationales. La promulgation de la loi N°2003-03 du 3 mars 2003, portant répression de la pratique de mutilations génitales féminines qui définit les mutilations génitales et prévoit les sanctions applicables aux auteurs, aux complices et aux personnes sur qui pèse le devoir de dénoncer la pratique a pu permettre une régression du phénomène, ceci malgré la résistance de certains peuples (« Waama » de Toucountouna, de Tora et de Manoungou dans l’Atacora).  On note également la persistance de la violation des droits de la femme et de la fille, le non-respect du code des personnes et de la famille en matière de mariage ou d’union. Si la contrainte liée à l’autonomisation des femmes et des filles constitue l’un des facteurs déterminant leur participation à la vie économique et socio politique, différents défis restent à relever dans ce cadre dont entre autres : (i) la prise en compte du compendium des compétences féminines dans le processus de nomination et de recrutement à des postes de direction ; (ii) la généralisation et l’opérationnalisation des cellules « Genre » dans tous les Ministères et institutions de l’Etat ; (iii) la poursuite du renforcement des capacités en genre des cadres en charge de la planification et l’exécution des actions, ainsi que des acteurs de la chaine de décision ; et (iv) le renforcement des capacités du ministère en charge des affaires sociales pour l’appropriation de la méthodologie de calcul de l’Indice de Condition de la Femme et/ou de l’indice d’autonomisation des femmes (WEAI) et leur publication régulière.
Pour l’ODD 6, il est noté que le problème de l’accès universel et équitable à l’eau potable à un coût abordable continue de se poser au regard de l’évolution des indicateurs. La baisse du nombre de points d’eau réalisée est consécutive à la situation de mauvaise gouvernance notée dans le secteur en 2015 qui a entraîné la suspension momentanée des actions majeures de l’Ambassade des Pays Bas dans ce domaine avec un recul de la population utilisant des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité (67,80% en 2018 contre 72,6% en 2015). S’agissant de l’accès à des installations sanitaires adéquates, on note la construction de latrines dans les écoles et les marchés par l’Etat central, des collectivités locales et des organisations de la société civile. Mais, ces actions, quoiqu’importantes, demeurent encore marginales par rapport aux besoins de la population. Si dans la perspective de l’assainissement du cadre de vie, il est prévu la construction des ouvrages d'assainissement des eaux usées dans les Communes, force est de constater que jusqu’en 2018, aucun ouvrage n’a été réalisé avec pour cause la lourdeur dans le processus de passation des marchés. Des efforts sont consentis pour améliorer la gestion intégrée des ressources en eau à tous les niveaux avec l’implication accrue de la société civile. Ainsi, le degré de mise en œuvre de la GIRE a connu une tendance haussière qui pourrait augurer d’une bonne perspective, même si le rythme d’évolution n’est pas favorable à l’atteinte de la cible prévue pour 2021 et pour 2030.
En termes de contribution des acteurs de la société civile, on note l’organisation des séances de sensibilisation et d’interdiction de la consommation des eaux souillées dans les ménages. Des séances de sensibilisation des populations à la base ont été organisées sur les stratégies de gestion rationnelle et efficace de l’eau pour une agriculture plus durable dans nos communautés. En matière d’assainissement, beaucoup d’autres actions ont été menées : les sensibilisations des enfants sur l’ODD 6 en milieu scolaire (bonne pratiques, risques, etc.), la distribution gratuite des manuels de santé, etc. Selon les acteurs de la Société Civile, il est primordial que les gouvernants face vraiment la promotion de l’inclusion sociale en associant toutes les parties prenantes et en s’appuyant sur le respect du principe ‘’Ne laissez personnes’’.

La situation au niveau de l’ODD 7 n’est pas reluisante pour assurer l’accès à l’électricité à au moins 50% de la population malgré les progrès réalisés pour réduire la durée du délestage au Bénin.  En ce qui concerne la proportion de la population utilisant principalement des technologies propres[1] pour la cuisson, elle s’est légèrement accrue, passant de 3,7% en 2014 à 4,8% en 2018 grâce aux actions de sensibilisation des ONG sur l'utilisation des foyers améliorés avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Ces technologies propres sont plus utilisées en milieu urbain (8%) qu’en milieu rural (1%). A contrario, 95,8% de la population utilisent un combustible solide pour cuisiner. Cette situation fait davantage remarquer que le phénomène de la déforestation continue au Bénin où 91,2% de la population ont recours au bois (68%) et au charbon de bois (23,2%) pour cuisiner, étant donné que l’accessibilité aux technologies propres pour la cuisson continue de se poser, en termes de coût d’acquisition pour la plupart des béninois. Toutefois, ce secteur a bénéficié d’une attention particulière sur la période 2015-2018 traduite, entre autres, par : (i) la relecture des politiques énergétiques et le renforcement du cadre institutionnel ; (ii) la restructuration de la SBEE et la réalisation d’une étude tarifaire ; (iii) l’ouverture du segment de la production aux producteurs privés et le retrait du statut d’acheteur unique à CEB ; (viii) la mise en œuvre du deuxième compact de MCA ; etc.  Au regard de la tendance actuelle et pour espérer atteindre l’objectif d'accès de tous à des services énergétiques fiables et modernes, à un coût abordable d’ici 2030, il demeure important de : (i) résoudre les problèmes de dépendance énergétique vis-à-vis de l’extérieur ; (ii) assurer la satisfaction rapide des demandes d’abonnement ; (iii) promouvoir et vulgariser l’énergie renouvelable ; etc.
En ce qui concerne l’ODD 8, le PIB par personne employée a connu une croissance continue entre 2015 et 2018 (de 0,7% à 2,57%) en lien avec la croissance de la force de travail dans le pays. Quant aux ressources propres au niveau des communes, elles restent faibles malgré les potentialités assez diversifiées de chacune d’elle. Ces ressources propres, à l’exception de Cotonou (14.134FCFA/habitant) ne dépassent pas 3.000FCFA/habitant. La proportion de l’emploi informel dans les secteurs non agricoles s’est établie à 65,6% en 2015. Le travail salarié est mieux rémunéré dans certains départements que dans d’autres et est positivement corrélée avec le niveau de qualification du salarié. Les données laissent également présumer d’une discrimination liée au genre en ce qui concerne les rémunérations.
Le taux de chômage reste faible au Bénin (2,3% d’après EMICOV 2015) et cache des disparités régionales et selon le genre. S’agissant spécifiquement du sous-emploi visible, 39% des actifs du Bénin sont en sous-emploi visible. Les Collines et le Couffo affichent des taux de sous-emploi très proches de la moyenne nationale.  Notons qu’en lien avec la structure de l’économie béninoise, l’agriculture et les services sont les secteurs offrant le plus d’emplois entre 2015 et 2018. En ce qui concerne le secteur touristique, monopolisant actuellement l’attention gouvernementale, d’après les données de l’EMICoV 2015, les emplois de ce secteur représentent 4,3% de tous les emplois en 2015 avec des disparités d’un département à un autre et selon le sexe. En 2015, la proportion d’emplois créés par le secteur du tourisme était très faible (2%).
Globalement, de l’avis des acteurs de la société civile, l’un des progrès majeurs réalisés au cours de la période 2015-2018 porte sur l’avancée du rang du Bénin dans le classement Doing Business. Il s’en est suivi la réduction progressive de l’informel, l’adoption de la loi sur la promotion des personnes handicapées et la création de l’Agence Nationale de Promotion du Tourisme.
Margé les mesures prises au niveau nationale pour l’amélioration de l’économie béninois marqué par les progrès entre 2015 et 2015, différents problèmes sont à souligner de l’avis des acteurs de la société civile. Il s’agit, entre autres, du vote des lois non favorables au travail décent, notamment la loi sur l’embauche et celle sur les collaborateurs extérieurs qui sont pour eux non inclusives, non pertinentes et non adaptées au contexte béninois. Si les phénomènes de corruption, d’inégalités et de vulnérabilité des emplois, de même que l’employabilité des actifs constituent des contraintes à l’atteinte de l’ODD 8, l’obtention d’une croissance soutenue reste transversale à l’amélioration des conditions de l’ensemble des autres secteurs.
Du côté de l’ODD 9, les données révèlent que les résultats en matière d’accès aux infrastructures de qualité restent mitigés. L’indice d’état du réseau routier affiche une évolution erratique globalement baissière au cours de la période 2015-2018, passant de 73% à 52,2%. Cette situation dénote de l’état d’impraticabilité du réseau routier béninois dans son ensemble, avec des disparités qui s’observent d’un département à un autre et surtout dans la partie septentrionale du pays. Le trafic fret total a connu un léger accroissement de 8,15% entre 2017 et 2018. Le trafic passager au départ de Cotonou a globalement baissé sur la période 2015-2018, passant de 260 555 à 249 382, avec une légère hausse de 0,018% entre 2017 et 2018. Le trafic de marchandises au port a connu une évolution erratique, avec une tendance relativement baissière, passant de 10,5 millions de tonnes métriques en 2015 à 10,2 millions de tonnes métriques en 2018 causant des transbordements supplémentaires dus au fait que certains ports de la sous-région (comme le port du Gabon) étaient en réhabilitation. Le temps moyen de séjour des navires au port a légèrement augmenté entre 2015 et 2017, passant de 6 jours en 2015 à 6,4 jours en 2017, après une légère baisse observée en 2016. Ces résultats ne traduisent pas encore les efforts d’investissement consentis par l’Etat béninois depuis 2015 dans la réalisation d’infrastructures notamment dans le secteur des transports. En matière de contribution à la création de l’emploi, le secteur industriel devrait constituer un réservoir prépondérant pour la population en quête du bien-être. Hélas, la proportion d’emploi dans l’industrie manufacturière reste en deçà des attentes en s’établissant à 15% de l'emploi total en 2015.
Si plusieurs réformes ont été entreprises, le manque d’entretien des infrastructures et la faiblesse du niveau des infrastructures et la faiblesse du niveau des infrastructures d’assainissement pluvial notamment dans les principales villes sont des contraintes majeures qui pourraient entraver l’atteinte de l’ODD 9. Par ailleurs, il faut déplorer le comportement des populations béninoises face aux infrastructures publiques. A cet effet, les réformes doivent être mises en œuvres dans le secteur des transports terrestres pour réduire les multiples cas d’accidents de circulation causés par les gros porteurs qui dégradent sensiblement les infrastructures routières de nos villes et campagnes.
En matière de réduction des inégalités (ODD 10) et d’après les résultats de l’EMICoV 2015, le taux de croissance des dépenses des ménages par habitant pour les 40% de la population les plus pauvres s’est établi à 19,9% en 2015. Cette situation montre que les ménages les plus pauvres trouvent de plus en plus les ressources indispensables à la satisfaction de leurs dépenses. Toutefois, cette situation peut également générer une accentuation de la sévérité de la pauvreté. En considérant l’ensemble de la population, le taux de croissance des dépenses des ménages par habitant s’est établi à 9,9%, soit une diminution de près de 10 points en comparaison au taux de croissance des dépenses évalué sur les 40% des ménages les plus pauvres. En matière de dépense par tête, les données de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Economique (INSAE) montrent qu’en moyenne, un béninois dépense environ 304 688 F CFA, variant entre 3 500 F CFA et 6 841 780 F CFA. En outre, en 2015, l’évaluation de la dépense montre que la dépense médiane par tête s’élève à environ 193 301 F CFA.
Cette donnée prouve que plus de la moitié des béninois ont une dépense par tête inférieure à la moyenne nationale des dépenses par tête. S’agissant du revenu, on note en général qu’environ 23,1% des béninois vivent avec moins de la moitié du revenu médian. Cette situation vient confirmer la faiblesse du niveau de revenu des populations béninoises et constitue un handicap majeur au développement économique.
Lorsqu’on considère la répartition par sexe du chef de ménage, il ressort que les ménages dirigés par les hommes sont les plus touchés par la pauvreté comme signalé plus haut. Les données montrent que, entre 15 et 34 ans, le risque de vivre avec moins de la moitié du revenu médian augmente avec l’âge du chef de ménage tandis que la situation s’améliore au fur et à mesure que le chef de ménage prend l’âge.
De l’avis de certains acteurs de la société civile, différentes stratégies sont adoptées dans le cadre de la réduction des inégalités au niveau de l’ensemble des couches de la population. Il s’agit, entre autres, de : (i) la promotion de la participation des minorités et des groupes traditionnellement sous-représentés aux processus de consultation publique et aux fonctions publiques électives ; et (ii) la mise en place des pratiques exemplaires en termes d’égalité et de non-discrimination. Pour d’autres acteurs de la société civile, aucune initiative n’a été prise pour impliquer les minorités dans le processus de développement.
L’écart entre le revenu des couches les plus pauvres et les plus riches est la principale contrainte à l’atteinte de l’ODD 10. Parallèlement, les dépenses des personnes les plus vulnérables sont orientées vers l’éducation, la santé, la lutte contre les effets des changements climatiques. Pour corriger cette situation, des défis doivent être relevés. Il s’agit de : (i) améliorer le niveau de revenus des couches les plus vulnérables ; (ii) promouvoir les activités génératrices de revenus pour les personnes les plus vulnérables en particulier les femmes ; (iii) renforcer l’efficacité de la mise en œuvre de la PHPS ; (iv) renforcer l’adaptation des plus pauvres aux effets négatifs des changements climatiques ; etc.
Dans le cadre des progrès pour faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et soutenables (ODD 11), il est à noter que la proportion de la population vivant dans des taudis, implantations sauvages ou logements inadéquats, a connu une baisse significative, passant de 4,7% en 2014 à 1% en 2018, consécutive aux efforts faits pour assainir le cadre de vie même si des disparités sont toujours observables d’un département à un autre. Pour ce qui est de la proportion de logements sociaux et économiques occupés, les données obtenues au niveau du MCVDD montre que le taux de couverture de la demande en logements décents s’est établi à 66,10% en 2016. Par ailleurs, l’inexistence de données n’a permis d’apprécier la situation des autres cibles de cet ODD. Des actions ont été menées au cours de la période 2015-2018. Il s’agit, entre autres, de : (i) la libération des espaces publics et la création d’espaces verts ; (ii) la réalisation des prises de vues aériennes (résolution 20 cm le pixel), devant servir de fond pour la cartographie parcellaire interactive au niveau des centres urbains ; (iii) le scannage et l’archivage dans une base de données numérique des 46 962 Titres Fonciers délivrés ; etc.
Au niveau de l’environnement (ODD 12, 13, 14 et 15), il se pose, avec acuité, un problème de disponibilité de données dans le secteur, faisant de ce secteur le parent pauvre en données statistiques. Dès lors, il a été difficile d’apprécier les progrès vers l’atteinte des cibles. Toutefois, les quelques données disponibles permettent de constater que, sur le plan national, seules 8 différentes entités dispensent des formations dans le domaine de l’environnement, et toutes sont concentrées au niveau de l’Université d’Abomey-Calavi.
Le Bénin étant considéré comme l’un des pays les plus vulnérables aux effets néfastes du changement climatique, il a été décidé de renforcer le processus d’élaboration du Plan National d’Adaptation (PNA) au changement climatique à travers l'intégration de l'adaptation au changement climatique dans la planification et les processus de développement. Par ailleurs, au cours de la période 2015-2018, précisément à partir de 2018, le Bénin a opté investir dans la prévention des risques de catastrophes. Au regard des données contenues dans bien de rapports, on pourrait déclarer que le Bénin dispose d’une superficie de 11 478 ha de zones économiques marines dont 1 800 ha pour le site de Avlékété et 9 678 Ha pour le site de Nanzounmé et de la bouche du roi. D’après les données du CENATEL, en 2015, la superficie des étendues couvertes par des zones forestières s’est établie à 55 698,32 km2, pour une superficie terrestre totale de 112 398,94 km2. Ainsi, la proportion de la surface émergée totale couverte par des zones forestières est de 49,55% en 2015. En outre, il importe de noter l’existence d’un total de neuf (09) sites dont cinq (05) sites internationalement reconnus dans les zones humides avec une superficie totale de 1 179 354 Ha, trois (03) zones marines concernées par le projet GIZMAC et un site qui reste à indiquer par la DGPBPE. S’agissant des 05 sites internationalement reconnus dans les zones humides, on distingue : (i) RAMSAR 10.17 composé de la basse vallée du couffo, de la lagune de Porto-Novo, du lac Ahémé ; (ii) RAMSAR 10.18) composé de la basse vallée de l’Ouémé, de lagune de Porto-Novo ; (iii) RAMSAR 16.68 composé du complexe W ; (iv) RAMSAR 16.69 composé de la zone humide de la rivière Pendjari ; et (v) le site transfrontalier entre le Togo et le Benin. La question est de savoir s’ils sont tous importants ou non et dans quel domaine les classer.
Par ailleurs, la superficie cumulée de forêts du domaine protégé dotée d’outil de gestion durable a atteint 202 376 Ha en 2015. En 2015, on note un total de 9 834 Ha de superficie de forêts restaurées grâce aux interventions des différentes parties prenantes à la restauration des forêts pour un total de 215 737 ha de superficie de forêts dégradées. Il s’en déduit un progrès vers la gestion durable des forêts de 4,5%. Enfin, d’après les données du CENATEL, la superficie totale des terres sous jachère et en irrigation s’est établie à 46 345,74 km2 en 2015 pour une superficie totale terrestre de 112 398,94 km2. Ainsi, la surface des terres dégradées représente 41,23% de la surface terrestre totale en 2015.
Plusieurs projets interviennent sur le territoire national dans la formation et sur les techniques de préservation des sols. Le pays dispose aussi d’un éventail de politique et structures étatiques dédiés à la cause. Cependant, la capacité des institutions à résoudre les problèmes liés au changement climatique reste encore faible.
En ce qui concerne l’ODD 16, les données révèlent que 91,2% des enfants âgés de 1 à 17 ans ont subi un châtiment corporel ou une agression psychologique infligée par une personne s’occupant d’eux en 2018. Ceci traduit une aggravation de la situation par rapport à 2015 où ce taux était de 91,1%. Quant à la maltraitance des enfants, elle existe dans tous les départements dans des proportions inquiétantes. Compte tenu de l’ampleur de la situation, des dénonciations sont observées, en témoigne la proportion des plaintes concernant les infractions sur les mineures qui ont fait l’objet d’une poursuite judicaire en hausse (82% en 2015, 95,32% en 2017 et 86,84% en 2018).
Sur cette même période, il est également observé une baisse de la population carcérale en instance de jugement (69% en 2015 à 57,5% en 2018), ceci étant le fruit des efforts déployés en termes de maitrise de la détention préventive passée de 17,27 mois en 2017 à 16,92 mois en moyenne en 2018, et de la réhabilitation des établissements pénitenciers. Cependant, on note une détérioration du ratio magistrat par habitant (1,42 pour 100.000 habitants à 1,14 pour 100.000 habitants entre 2015 et 2018), ce qui a un impact direct sur le traitement des dossiers avec une lenteur décriée par les justiciables par rapport aux procédures. Pour ce qui concerne le dispositif de lutte contre la corruption, le taux de dossiers de corruption transmis à la justice et vidé s’est amélioré même si la valeur cible de 30,85% n’a pas été atteinte, en s’affichant à 23,08% au 31 décembre 2018 contre 15,71% un an plus tôt.
Du côté des acteurs de la Société Civile, se basant sur l’indice de perception de la corruption (IPC) publié chaque par Tansparency International, ils estiment que les performances du Bénin sont préoccupantes avec un score de 40 points sur 100 en 2018 pour notre pays le Bénin, contre 39 sur 100 en 2017 (85ème sur 180 pays ou territoires entre 2017 et 2018) et 36 sur 100 en 2016. En matière de renforcement du système national d’intégrité (SNI), les acteurs de la Société Civile estiment que la volonté politique affichée est insuffisante. Par ailleurs, le Bénin a occupé en 2017 la 13ème place de l’indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine sur 54 pays avec un score moyen de 58,7 points sur 100, contre la 11ème place en 2014, la 14ème place en 2015 et 13ème place en 2016. Ce score moyen sur la période 2014-2018 est resté relativement stable.
La proportion d’enfants de moins de 5 ans ayant été enregistrés par une autorité d’état civil a augmenté sur la période, passant de 84,8% en 2014 à 85,6% en 2018. La proportion des naissances enregistrées est plus importante dans les grandes villes que dans les zones rurales. Des disparités s’observent en fonction du milieu de résidence et d’un département à un autre.
Enfin, dans le cadre de l’ODD 17, l’accès à une connexion à haut débit a connu une tendance globalement baissière, impactant du coup le taux de pénétration de l’internet fixe, passé de 0,70% en 2015 à 0,24% en 2018. Cette baisse pourrait s’expliquer par l’adoption de la connexion internet mobile par la population. Aussi, le nombre d’abonnés à une connexion internet haut débit fixe a doublé entre 2015 et 2018. Il est observé une tendance haussière à plus de 80% en 2018 de l’utilisation des technologies de communication (utilisation du portable et de ses commodités connexes) par les ménages tant dans les milieux urbains que ruraux. L’utilisation d’un portable aux fins de transactions financières semble également prendre de plus en plus de l’ampleur dans l’ensemble des départements et reste positivement lié au niveau d’instruction quel que soit le sexe du détenteur.
Les principes de mise en œuvre de l’agenda 2030 a été soumis à l’appréciation des acteurs de la Société Civile. Au plan national, l’appropriation des ODD est jugée insuffisante par 31% des acteurs enquêtés, moyenne par 58% d’entre eux et élevé pour les 11% restants. L’approche participative et à caractère inclusif des ODD est jugé insuffisante par 35% des interviewés, moyenne par 61% d’entre eux et élevé par seulement 4%. L’un des principes directeurs du PND est la « Responsabilisation ». Ce principe conforte celui de la participation efficace des différentes parties prenantes aux actions de développement à savoir le gouvernement, le secteur privé, la société civile. Si le principe de l’universalité est jugé élevé par 31% des enquêtés, il est cependant apprécié comme moyen par 46% d’entre elle et insuffisant par les 23% restants.
En ce qui concerne le principe de « ne pas faire de laisser pour compte », il est jugé élevé par 12% des acteurs, moyen dans son application par 42% d’entre eux et surtout insuffisant par les 46% restants. L’approche fondée sur les droits de l’Homme est jugée à la fois moyenne et insuffisante par respectivement 44% des répondants.
L’approche intégrée du développement durable est jugée moyenne par la moitié des personnes interviewées (50%). 37,5% jugent insuffisante l’approche intégrée de développement durable car ils estiment que beaucoup de choses sont à corriger surtout en ce qui concerne le respect de la dimension genre et inclusion sociale. Enfin 12,5% des enquêtés jugent élevée la prise en compte de l’approche intégrée pour le développement durable.






INTRODUCTION GENERALE

Depuis 2015, année de fin de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), les Nations Unies ont adopté d’autres objectifs pour assurer la paix et la prospérité des peuples et de la planète. A cet effet, les Objectif de Développement Durables (ODD) ont été adoptés en septembre 2015 pour l’horizon 2030. Ce sont au total 17 ODD et 49 cibles priorisées au Bénin pour éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous les béninois à long terme.
Malgré l’existence de plusieurs générations de documents de planification du développement (Bénin Alafia, SCRP I, II et III), les nouveaux objectifs ont soulevé la nécessité du renforcement du processus de planification.
Ainsi, en vue d’une cohérence dans le financement des actions, les acteurs à tous les niveaux ont été associés à la contextualisation des indicateurs pour un meilleur suivi des avancés. Par suite, les documents de planifications nationales ont été élaborés et sont tous articulés autour des ODD. Au nombre des documents, on peut citer, le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG 2016-2021), le Plan National Développement (PND 2018-2025), le Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D 2018-2021), … qui sont autant de documents de politique nationale qui traduisent les objectifs de développement durable.  Pour le Gouvernement béninois, il faut la transformation structurelle pour augmenter le taux de croissance et réduire la pauvreté à travers une bonne répartition. Les défis majeurs liés à ces documents, vont de l’amélioration de la compétitivité globale et sectorielle de l’économie à la réduction les inégalités dans l’accès aux services sociaux de base passant par l’amélioration de la gestion des affaires publiques. 
Pour consolider les acquis obtenus par les politiques nationales ainsi disponibles et mobiliser les ressources nécessaires à l’atteinte totale des ODD, le mécanisme de suivi prévoit une évaluation annuelle des indicateurs. 
Le présent rapport de la Société Civile le point des progrès obtenus par le Bénin en matière d’atteinte des ODD. Il s’agit de la question de redevabilité dans la gestion des résultats de développement. Le choix d’élaborer le présent rapport est fondé sur la recherche des vulnérabilités, des potentialités et l’expression de la volonté de prendre en compte l’évolution de la situation des ODD afin de mieux cibler les interventions et de proposer une orientation stratégique conséquente pour atteindre les objectifs fixés. En tant qu’outil d’aide à la prise de décision, à la planification et à la mobilisation des ressources, ce rapport exprime également la volonté au niveau de tous les acteurs de prendre en compte les contraintes et atouts liés à la mise en œuvre des ODD.


DEMARCHE METHODOLOGIQUE

La démarche méthodologique utilisée pour l’élaboration de ce rapport alternatif de suivi de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 a été très participative et a permis la prise en compte, dans une large mesure, les points de vue de toutes les parties prenantes. Elle est articulée autour de 12 étapes allant de la revue documentaire au dépôt du rapport final, en passant par le cadrage, l’organisation des ateliers de formation et de lancement, la collecte, le traitement et l’analyse des données, la présentation des premiers résultats et l’élaboration du rapport.
Bien avant la séance de cadrage, il a été procédé à une revue documentaire sur les expériences de la Société Civile du Bénin et d’autres pays en matière de suivi de la mise en œuvre des politiques publiques, sur les rapports alternatifs, ainsi que sur les documents de planification nationaux en lien avec les ODD. Ainsi, il a été question de rechercher et d’exploiter l’agenda 2030, le rapport parallèle 2018 de la Société Civile Béninoise, le Plan National de Développement (PND 2018-2025), le Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D 2018-2021), le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG 2017-2021), le rapport de priorisation des cibles des ODD au Bénin, manuel de définition des indicateurs des cibles prioritaires des ODD, les comptes administratifs et différents rapports d’évaluation des communes, les textes fondateurs du cadre de concertation des OSC sur la mise en œuvre des ODD au Bénin, d’autres rapports alternatifs des OSC du Bénin et d’autres pays, les documents de programmation pluriannuelle des dépenses (DPPD) des ministères, les rapports annuels de performance des ministères, etc.
Après la séance de cadrage, les Consultants se sont attelés à une recherche documentaire plus approfondie qui leur a permis d’avoir une meilleure compréhension du sujet. Ainsi, il a été question d’aboutir à une revue documentaire qui a permis aux Consultants de consulter les différents documents mis à leur disposition et d’en exploiter les contenus suivant les besoins de leurs analyses. L’exploitation de l’ensemble de ces documents disponibles a permis de constituer une première base d’enseignements qui ont été exploités et dont l’approfondissement a permis la confection des outils de collecte et le choix de quelques hypothèses d’analyse. La revue documentaire est transversale et s’est poursuivie tout au long du processus d’élaboration du rapport.  
Cette étape s’est déroulée en une journée et a été l’occasion pour les consultants de présenter en détail la démarche méthodologique de conduite du processus d’élaboration du rapport aux commanditaires. Ainsi, à l’issue de cette séance :
®     le périmètre de la mission a été mieux cerné à travers des éclaircissements apportés par les commanditaires en ce qui concerne leurs attentes ;
®     des clarifications ont été apportées aux différents questionnements des Consultants ;
®     la méthodologie a été validée ainsi que le chronogramme.
Cette séance d’échanges a connu la participation des différentes parties prenantes au processus (MdSC ; PDDC ; PNUD ; Groupes Thématiques ; et autres acteurs jugés importants, etc…) et a permis aux commanditaires et aux consultants de s’accorder sur l’essentiel de la méthodologie ainsi que du processus de validation des résultats.
L’élaboration des outils de collecte des données a pris en compte les outils existants qui avaient été développés dans le cadre du rapport parallèle édition 2018 qui ont été revus et allégés. Mais, pour répondre aux exigences des TDR de la mission, contrairement à l’approche utilisée l’année dernière, tous les ODD ont été pris en compte.
Deux types de données ont été collectées. Il s’agit des données factuelles et des données à dominance qualitative collectées auprès des représentants des Organisations de la Société Civile réparties sur toute l’étendue du territoire. Cette large couverture a été facilitée par certains réseaux et plateformes qui disposent des membres dans les départements et communes du Bénin et qui ont contribué à la collecte des données en renseignant les guides d’entretiens prévus à cet effet.
La collecte de données quantitatives factuelles (ou données secondaires) a permis de recueillir les données, désagrégées autant que faire se peut, qui ont permis de tabler sur la situation des indicateurs du cadre de performance du PC2D qui intègre certains indicateurs des cibles prioritaires des ODD au Bénin, et sur l’ensemble des indicateurs des cibles priorisées par le Bénin.
En ce qui concerne les outils de collecte de données auprès des acteurs des OSC, au regard des expériences antérieures, quatre outils ont élaborés et utilisés à raison d’un guide d’entretien semi-structuré pour chaque groupe thématique qui a mis l’accent sur les ODD et cibles priorisées pour la thématique concernée. 
Le processus d’élaboration du rapport a été lancé au cours d’un atelier technique qui a permis d’informer, de sensibiliser et de renforcer les capacités techniques des différents acteurs impliqués dans le processus (le noyau d’experts, les groupes thématiques, les OSC, les autorités politico-administratives, etc…) sur la méthodologie, les outils de collecte et le rôle attendu de chaque groupe. C’est donc un atelier méthodologique d’appropriation des outils par les groupes thématiques et de lancement des travaux de collecte des données.
En amont au lancement du processus par la MdSC, les OSC membres du cadre national de concertation sur les ODD ont bénéficié d’un renforcement des capacités sur les outils nationaux de planification et de développement durable. Il s’agit du PND, du PC2D et de son PAP. En effet, avec la mise à jour du cadre de planification des actions publiques traduite par la mise en place formelle des instruments d’opérationnalisation des ODD que sont le Plan National de Développement (PND 2018-2025) dont la première séquence d’opérationnalisation se fait par le Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D 2018-2021), il était important de veiller à l’appropriation de ces deux instruments de planification du développement durable par les acteurs de Société Civile, afin de leur permettre de jouer efficacement leur rôle de « contrôle citoyen » de l’action publique. Ainsi, ils pourront participer activement au processus d’élaboration de cette édition du rapport alternatif dont le document de base est le PC2D qui est un outil national prenant en compte les ODD et qui mettra un accent particulier sur : (i) l’analyse critique des actions du Programme d’Actions Prioritaires (PAP) du PC2D en lien avec les défis à relever pour l’amélioration de la marche vers la réalisation des ODD ; et (ii) l’analyse des indicateurs de suivi du PC2D assortie des actions ou mesures phares ayant contribué à la réalisation du niveau de 2018 de chacun desdits indicateurs.
Tirant leçons des expériences antérieures, la stratégie adoptée au plan opérationnel a consisté à identifier et à mettre en place un « noyau d’experts » constitué à partir de personnes ressources et de membres des quatre groupes thématiques du Cadre de Concertation - à raison de 4 ou 5 personnes volontaires par Groupe Thématique- et dont les capacités ont été renforcées sur lesdits documents de planification nationaux, notamment avec l’appui des cadres du Ministère du Plan et ceux du Ministère des Finances et sous la couverture du PNUD.
La collecte de données auprès des OSC a été faite, comme en 2018, en grande partie à travers les Groupes Thématiques du Cadre de Concertation, avec le soutien des pools thématiques mis en place par la MdSC pour tenir compte de la couverture géographique nationale. Parallèlement, quelques entretiens semi-directifs ont été réalisés avec quelques personnes ressources des OSC.
Dans l’optique d’aboutir à un rapport unique et riche en contenu, une attention particulière devra être portée aux synergies à créer entre les rapports thématiques planifiés par d’autres OSC et le présent rapport (ex : rapport alternatif du projet SEIN de la PASCIB, Rapport alternatif de Social Watch, etc…). En vue de faciliter l’accès aux informations des OSC à la base, le déroulement du processus s’est appuyé sur les membres du cadre de coordination et les pools thématiques.
Pour ce qui concerne les données factuelles, sur la base de la maquette de collecte proposé, les Consultants se sont appuyées sur les Comités Sectoriels (CS) de suivi de la mise en œuvre du PC2D et des ODD et sur les Groupes Techniques Sectoriels des PTFs pour exploiter leurs travaux. Les résultats des travaux antérieurs de ces instances ont été également exploités.  
Les données collectées ont été codifiées et ont fait l’objet d’une vérification pour s’assurer qu’elles sont fiables et cohérentes. Ensuite il a été procédé à leur apurement et à leur imputation suivant la méthode déductive. Cette méthode d’imputation permet de déduire avec certitude une donnée dont la valeur est manquante ou incohérente. Ce type d’imputation est fonction de l’ensemble des réponses fournies au titre des autres rubriques des outils de collecte. A la fin de la saisie, un dernier apurement a été fait afin d’obtenir la base de données définitive. Ensuite, les données ont été consolidées et exportées en Excel et sous le format SPSS afin de contrôler leur cohérence, leur exhaustivité et de produire les statistiques descriptives. Le SPSS 21 a enfin été utilisé pour les analyses croisées, combinées et interrelationnelles.
Cette étape de l’analyse a démarré dès que la moitié des données ont été traitées et s’est poursuivie avec quelques retards liés à la faible disponibilité de certaines données.  Les informations qualitatives obtenues avec les OSC ont pu être valorisées pour combler en partie les données manquantes. Les résultats sont présentés sous forme d’indicateurs chiffrés, des graphiques et/ou des tableaux suivis de commentaires.
Tous les résultats obtenus aux différentes étapes ont été synthétisés dans un rapport provisoire, auquel les contributions thématiques résultant des rapports élaborés par Social Watch et la PASCiB ont été intégrés.
Ce rapport provisoire a fait l’objet d’une restitution afin de recueillir les contributions de toutes parties prenantes pour la production du rapport final. L’intégration des différentes contributions de l’atelier de pré-validation a permis de disposer du rapport soumis à la validation au cours d’un atelier national. Les différentes observations et contributions dudit atelier ont été prises en compte et la version finale du rapport a été rendue disponible.

1.            CONTEXTE NATIONAL DE MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 SUR LA PERIODE 2015-2018


1.1-       Situation socio-économique du Bénin sur la période 2015-2018
Avec une population estimée à environ 11 496 140 (RGPH4, INSAE) sur une superficie de 114 763 km², le Bénin est l’un des pays francophones de l’Afrique de l’Ouest avec une forte population de jeunes (45%). Au dernier recensement de la population et de l’habitat en 2013, on dénombrait 5 120 929 femmes soit environ 52% pour 4 887 820 hommes équivalent à environ 48% de la population. Les perspectives démographiques montrent que la part de la population jeune et féminine continuera par s’accroitre. Ainsi, le taux de dépendance des jeunes établit à 76,72% pourrait atteindre un record si de nouvelles mesures ne sont prises par les acteurs du développement. 
Face aux perspectives nationales, les efforts n’ont cessé d’être déployés, notamment avec l’élaboration et la mise en œuvre de bon nombre de politiques. A cet effet et malgré l’existence de plusieurs générations de documents de planification du développement (Bénin Alafia 2025, SCRP I, II et III), les nouveaux objectifs de développement durable ont soulevé la nécessité du renforcement du processus de planification du développement.
Pour ce qui concerne de l’économie béninoise, le taux de croissance réel du PIB est passé de 4 % en 2016 à 5,6 % en 2017 selon la BAD. Cette augmentation tient en parti aux réformes entreprises dans le cadre du Programme d’actions du gouvernement (PAG) 2016-2021, mais aussi à l’augmentation de la production agricole, en particulier du coton, et à l’amélioration des capacités de production d’électricité. Cette tendance positive devrait se poursuivre, car les projections pour 2019 sont prometteuses et présentent des taux de croissance de plus de 6,3 %.
Le secteur privé reste dominé par les acteurs informels et est principalement composé de petites et moyennes entreprises. Selon le rapport sur la compétitivité mondiale 2017-18, le Bénin est classé 120 sur 137 pays avec un score de l’indice global de compétitivité de 3,47. Même si cet indice n’a pas progressé depuis 2016, il faut souligner que le Bénin a quand même gagné trois places sur une année. Cette progression est aussi illustrée par le fait que le Bénin est la 19 e économie africaine la plus attractive en termes d’investissements, selon Ernst and Young.
Cette tendance va impacter sur les autres aspects de l’économie en occurrence sur l’emploi. Ainsi plus de 200 000 emplois ont été créés par le Gouvernement sur la période Avril 2016 à juin 2018. Toutefois, des efforts sont faits dans l’identification d’autres axes de créations d’emplois au niveau de chaque commune via la mise à disposition de moyens institutionnels (PEJ), financiers (FADeC) et techniques (Politique Communale pour l’emploi).
Par ailleurs, le pays s’est aussi amélioré dans le classement Doing Business où il figure parmi les dix meilleurs pays réformateurs en 2015 et 2016. Il est ainsi passé de la 158 e place en 2015 à la 155 e sur 190 pays en 2017. Cependant, malgré ces évolutions positives, ce classement témoigne de l’ampleur des efforts à faire pour améliorer le climat des affaires. Les obstacles auxquels fait face le secteur privé sont liés à la qualité des infrastructures tels que l’accès à l’électricité, ou à internet, l’accès aux crédits et financements et une fiscalité inadéquate.
Pour coordonner les réformes, un accent particulier a été mis sur la bonne gouvernance. En effet, une bonne gouvernance est essentielle à la mise en œuvre des réformes puisque c’est un élément transversal à tous les secteurs de l’économie. Une Autorité nationale de lutte contre la corruption existe depuis 2011 et mène des actions dans le sens de la bonne gouvernance. En 2017, le pays est classé 85ème sur 180 pays par rapport à l’indice de la perception de la corruption de Transparency International, une progression par rapport à 2016 où il se classait 95 e sur 176, démontrant que même s’il reste beaucoup à faire, les efforts réalisés portent leurs fruits.
Sur le plan social, l’Indice de Développement Humain (IDH) qui prend en compte les indicateurs sensibles à la répartition de revenus pour mieux refléter les inégalités de revenus (IDHI), montre pour 2015 En 2015, le pays était classé 167 e sur 188 pays en termes d’IDH avec un indice de 0,485 et progressait d’une place par rapport à 2014. L’inégalité demeure encore très persistante notamment dans la scolarisation et le taux d’analphabétisme était élevé puisque près de 6,16 adultes sur dix ne savaient ni lire ni écrire. L’espérance de vie à la naissance était de 60 ans en 2016. Des maladies comme la tuberculose restent un problème avec un taux de prévalence en 2015 de 60 cas pour 100 000 habitants. Le taux de mortalité maternel était de 405 pour 100 000. Les dépenses en capital humain sont restées assez faibles puisque les dépenses d’éducation représentaient 4,5 % du PIB entre 2010 et 2015 et celles de santé représentaient 2,4 % du PIB en 2014. En 2015, 78 % de la population utilisait des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité.
Les contreperformances du Bénin peuvent être imputables principalement aux très faibles contributions du revenu monétaire, au faible niveau de développement du capital humain lié aux insuffisances du système éducatif et à la forte croissance démographique (3,5 %). Pour inverser la tendance au niveau social, le Projet d’Assurance pour le Renforcement du Capital Humain est mis en œuvre et constitue une composante majeure de la Politique Holistique de Protection Sociale. L’enquête PMT sur les bénéficiaires du projet a été officiellement lancée et les résultats devraient permettre d’appuyer efficacement les couches les plus défavorisées de la population.
Pour renverser la tendance socio-économique actuelle, consolider les acquis obtenus par les politiques nationales et mobiliser les ressources nécessaires à l’atteinte totale des ODD, le mécanisme de suivi a été mise en place par les acteurs. Il prévoit une évaluation annuelle des indicateurs et c’est dans ce cadre que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a confié aux organisations de la société civile (OSC) l’évaluation des performances enregistrées au Bénin en matière d’atteinte des ODD.
1.2-       Contexte national de mise en œuvre de l’agenda 2030 sur la période 2015-2018
Le Bénin, à l’instar des autres pays signataires et dans le contexte post-2015 s’est engagé à élaborer et à mettre en œuvre des politiques publiques qui visent l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici à 2030. Un Agenda national d’appropriation des ODD a été adopté de façon consensuelle et sa mise en œuvre a abouti à l’élaboration du rapport national de priorisation des cibles ODD suivant une approche participative et inclusive. Les résultats de ce rapport ont été utilisés pour l’actualisation des différents documents de planification et de programmation du développement du pays, notamment, le Plan National de Développement (PND) 2018- 2025 et son document d’opérationnalisation qu’est le Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D).
C’est dans cette perspective que le Gouvernement a eu le mérite de réaffirmer son volontarisme et son engagement en faveur de la mise en œuvre de l’Agenda 2030, à travers l’élaboration et la présentation d’une contribution nationale volontaire sur la mise en œuvre des ODD au Forum Politique de Haut Niveau (FPHN) sur le Développement Durable qui s’est tenu en juillet 2017 à New-York.
Il faut souligner que le processus de priorisation des cibles des ODD a été véritablement inclusif et participatif en regroupant les différentes parties prenantes en groupes thématiques organisés autour des différentes dimensions des ODD (social, économique, environnemental et gouvernance/institution). Cette opération a permis de dégager 49 prioritaires cibles des ODD pour le Bénin (exception faite des cibles de mise en œuvre ainsi que les cibles de l’ODD17 qui ont été exclues du processus de priorisation car considérées comme prioritaires).
Ainsi, l’Examen National Volontaire (ENV) de 2017 a porté sur les ODD 1, 2, 3, 5, 9 et 14, qui mobilisent dix-huit (18) cibles sur les 49 prioritaires pour le pays. Par ailleurs, de façon systémique et dans un souci d’optimisation des politiques publiques et de rationalisation des ressources, quatre (4) cibles accélératrices de progrès sur les six (6) ODD et dix-huit (18) cibles prioritaires (pour le Bénin) faisant l’objet de la revue de 2017 ont été déterminées.
Il s’agit des cibles 15.3 (relative à la lutte contre la dégradation des terres) ; 1.3 (relative à la mise en place de systèmes et mesures de protection sociale) ; 1.4 (relative à l’accès équitable des hommes et des femmes aux ressources économiques) et 8.2 (relative à l’élévation du niveau de productivité économique). Le Bénin a fait donc l’option de renforcer les interventions autour de ces cibles pour accélérer les progrès sur les ODD de la revue. Des interventions sensibles à ces mesures accélératrices transversales sont en cours d’exécution à travers le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG).
L’une des principales innovations faites par le Bénin pour assurer un bon pilotage ainsi qu’une bonne coordination des interventions en faveur des ODD (production des documents stratégiques alignés sur les priorités des ODD, coordination intersectorielle, suivi-évaluation et reporting), est la mise en place par le Gouvernement d’un cadre institutionnel composé (i) d’un comité d’orientation dirigé par le Ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement et composé de tous les membres du Gouvernement ainsi que des Partenaires Techniques et Financiers et les représentants des organisations de la société civile et (ii) d’un comité technique de pilotage. Ce comité de pilotage est composé de tous les cadres techniques et opérationnels représentant l’administration ainsi que les Partenaires Techniques et Financiers (PTF), les Organisations de la Société Civile (OSC) et le secteur privé. Les activités de ce comité technique de pilotage sont coordonnées par la Direction Générale chargée de la Coordination et du Suivi des ODD, qui en assure le Secrétariat Permanent. Cet arrangement institutionnel vise à créer les conditions appropriées et susciter toute l’attention des parties prenantes autour de la réalisation des ODD.
Au cours de l’année 2018, tous ces éléments de contexte doivent être pris en compte pour apprécier la mesure dans laquelle le pays crée l’environnement propice pour la mise en œuvre efficace des ODD et les efforts engagés par rapport aux cibles des ODD retenues pour l’ENV 2018. A cet égard, il faut souligner positivement le lancement officiel par le Ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement, Monsieur Abdoulaye BIO TCHANE le vendredi 23 février 2018, de la dissémination des travaux de base sur les Objectifs de Développement Durable (ODD) et le point fait à cette occasion sur les travaux préparatoires du prochain Forum Politique de Haut Niveau (FPHN - 2018) sur le développement durable pour lequel le Bénin présentera à nouveau son rapport sur l’ENV auquel sera annexé le rapport élaboré par la société civile.
En plus de ce cadre institutionnel au niveau central, les OSC avec l’appui de la DGCS-ODD et du PDDC ont créé le Cadre de Concertation des OSC pour la mise en œuvre de l’Agenda 2030. Ce cadre sert d’interface entre l’administration et les acteurs de la société civile et a eu le mérite, sous l’impulsion de ses partenaires de réaliser plusieurs activités sur l’appropriation des ODD par les OSC à l’intérieur du pays.
Même s’il est encore trop tôt pour apprécier le fonctionnement de cet arrangement institutionnel et sa dynamique par rapport à l’articulation nécessaire entre le niveau national et le niveau local, la participation de toutes les parties prenantes et la parole qui leur a été donnée à l’occasion de cette cérémonie de lancement sont des signes annonciateurs d’un réel engagement de tous les acteurs pour une mise en œuvre efficace de l’Agenda 2030. Par ailleurs, depuis 2016, le Bénin a connu une nouvelle aire de gouvernance marquée par d’énormes réformes pour impulser d’avantage le développement économique et social du Bénin. A cet effet, un programme d’actions a été élaboré en vue d’atteindre les objectifs de développement socio-économique.
Pour assurer une cohérence dans le financement des actions, les acteurs à tous les niveaux ont été associés à la contextualisation des indicateurs de développement durable pour un meilleur suivi des avancés. Par suite, d’autres documents de planifications nationales ont été élaborés et tous articulés autour des ODD et du PAG. Au nombre des documents, on peut citer, le Plan National Développement (PND 2018-2025), le Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D 2018-2021), … qui sont autant de documents de politique nationale qui traduisent les objectifs de développement durable. Pour le Gouvernement béninois, il faut la transformation structurelle pour augmenter le taux de croissance et réduire la pauvreté à travers une bonne répartition. Les défis majeurs liés à ces politiques, vont de l’amélioration de la compétitivité globale et sectorielle de l’économie à la réduction les inégalités dans l’accès aux services sociaux de base passant par l’amélioration de la gestion des affaires publiques. 

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