RAPPORT ALTERNATIF DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 AU BENIN, EDITION 2019 (01)
Dépôt légal n°xxxxxx du
xx/xx/xxxx Yème
trimestre Bibliothèque Nationale
ISBN : 978-99919-79-54-0
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Pour citer ce document :
République du Bénin, Maison de la Société Civile (2019),
Rapport alternatif de suivi de la mise en œuvre de l’Agenda 2030 au Bénin,
Edition 2019. Rapport final. Cotonou- Bénin. 220p.
SOMMAIRE
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS
ACISE
|
:
|
Agence pour la Construction des Infrastructures du
Secteur de l’Éducation
|
AEV
|
:
|
Adduction d’Eau villageoise
|
AGVSA
|
:
|
Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité
Alimentaire
|
ANIP
|
:
|
Agence Nationale pour l’Identification des Personnes
|
ANPT
|
:
|
l’Agence
Nationale de Promotion des Patrimoines et de Développement du Tourisme
|
AP-HP
|
:
|
Assistance Publique-Hôpitaux de Paris
|
APN
|
:
|
African Parks Network
|
ARCH
|
:
|
Assurance pour le Renforcement du Capital humain
|
ARS
|
:
|
Autorité de Régulation du Système de Santé
|
ARV
|
:
|
Antirétroviraux
|
ATDA
|
:
|
Agence Territoriale de Développement Agricole
|
BAC
|
:
|
Baccalauréat
|
BT
|
:
|
Basse Tension
|
CBTE
|
:
|
Code Bénino-Togolais d’Electricité
|
CDMT
|
:
|
Cadre de Dépense à Moyen terme
|
CEB
|
:
|
Communauté Electrique du Bénin
|
CEDEAO
|
:
|
Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest
|
CEMOS
|
:
|
Cadre de Maintenance des Ouvrages Simples
|
CI
|
:
|
Cours d’Initiation
|
CM2
|
:
|
Cours Moyen 2ième année
|
CNMH
|
:
|
Conseil National de la Médecine Hospitalière
|
CNSSP
|
:
|
Conseil National des Soins de Santé Primaires
|
CP
|
:
|
Cours Préparatoire
|
CPN
|
:
|
Consultation Prénatale
|
CQP
|
:
|
Certificat de Qualification Professionnelle
|
CRIET
|
:
|
Cours de Répression des Infractions Economiques et du
Terrorisme
|
DEC
|
:
|
Direction des Examens et Concours
|
DOB
|
:
|
Direction de l’Office du Bac
|
DPP
|
:
|
Direction de la Programmation et de la Prospective
|
EDSB-V
|
:
|
Enquête Démographique et de Santé du Bénin
|
ETFP
|
:
|
Enseignement Technique et Formation Professionnelle
|
EMICoV
|
:
|
Enquête Modulaire Intégrée sur les Conditions de Vie des
ménages
|
FADEC
|
:
|
Fonds d’Appui au Développement des Communes
|
FCFA
|
:
|
Franc de la Communauté Financière en Afrique
|
FNDA
|
:
|
Fonds National de Développement Agricole
|
FN-Eau
|
:
|
Fonds Nation de l’Eau
|
FNRB
|
:
|
Fonds National des retraités du Bénin
|
GIRE
|
:
|
Gestion Intégrée des Ressources en Eau
|
HTA
|
:
|
Haute Tension A
|
IDH
|
:
|
Indice de Développent Humain
|
IDHI
|
:
|
Indice de Développement Humain ajusté selon les
Inégalités
|
IIAG
|
:
|
Indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine
|
INSAE
|
:
|
Institut National de la Statistique et de l’analyse
Economique
|
IPG
|
:
|
Indice de Parité entre Genre
|
IST
|
:
|
Infection Sexuellement Transmissible
|
IUEP
|
:
|
Instituts Universitaires d’Enseignement Professionnel
|
MCA
|
:
|
Millenium Challenge Account
|
MEMP
|
:
|
Ministère de l’Enseignement Maternel et Primaire
|
MESFTP
|
:
|
Ministère de l’Enseignement Secondaire de la Formation
Technique et Professionnelle
|
MESRS
|
:
|
Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche
Scientifique
|
MICS
|
:
|
Enquête par Grappes à Indicateurs Multiples
|
MILD
|
:
|
Moustiquaire Imprégné d’Insecticide Longue Durée
|
MIT
|
:
|
Ministère des Infrastructures et des Transports
|
MJL
|
:
|
Ministère de la Justice et de la Législation
|
MS
|
:
|
Ministère de la Santé
|
MW
|
:
|
Mégawat
|
ND
|
:
|
Non Disponible
|
OCDE
|
:
|
Organisation de la Coopération et de Développement
Economique
|
ODD
|
:
|
Objectifs de Développement Durable
|
OIT
|
:
|
Organisation International du Travail
|
OMS
|
:
|
Organisation Mondial de la Santé
|
OSC
|
:
|
Organisation de la Société Civile
|
PADEFA
|
:
|
Programme d’Appui au Développement des Filières
Agricoles
|
PAG
|
:
|
Programme d’Actions du Gouvernement
|
PC2D
|
:
|
Programme de Croissance pour le Développement Durable
|
PDA
|
:
|
Pôle de Développement Agricole
|
PDAEP
|
:
|
Plan Directeur d’Approvisionnement en Eau Potable
|
PDC
|
:
|
Plan de Développement Communal
|
PD-EHR
|
:
|
Plan Directeur de l’Electrification Hors-Réseau
|
PEDEC
|
:
|
Projet d’enregistrement à titre Dérogatoire à
l’Etat-Civil
|
PEJ
|
:
|
Projet Emploi des Jeunes
|
PEPRAU
|
:
|
Projet d’Approvisionnement en Eau Potable en milieu
Rural et d’Assainissement des eaux usées Urbaines
|
PHPS
|
:
|
Politique Holistique de Politique Sociale
|
PIB
|
:
|
Produit Intérieur Brut
|
PME
|
:
|
Petite et Moyenne Entreprise
|
PND
|
:
|
Plan National de Développement
|
PNUD
|
:
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
PTF
|
:
|
Partenaires Techniques et Financiers
|
PVVIH
|
:
|
Personnes Vivants avec le VIH
|
RAVIP
|
:
|
Recensement Administratif à Vocation d’Indentification
de la Population
|
RGPH
|
:
|
Recensement Général de la Population et de l’habitation
|
RMAT
|
:
|
Rayon Moyen d’Action Thérapeutique
|
RNA
|
:
|
Recensement National Agricole
|
RNT
|
:
|
Radio Numérique terrestre
|
SBEE
|
:
|
Société Béninoise d’Energie Electrique
|
SCRP
|
:
|
Stratégie de Croissance pour la Réduction de la Pauvreté
|
SIRB
|
:
|
Société des Infrastructures Routières du Bénin
|
SONEB
|
:
|
Société Nationale des Eaux du Bénin
|
TBS
|
:
|
Taux brut de Scolarisation
|
TIC
|
:
|
Technologie de l’Information et de la Communication
|
TNS
|
:
|
Taux Net de Scolarisation
|
TNT
|
:
|
Télévision Numérique Terrestre
|
TPI
|
:
|
Tribunal de Première Instance
|
UAC
|
:
|
Université d’Abomey-Calavi
|
UP
|
:
|
Université de Parakou
|
VIH
|
:
|
Virus d’immunodéficience Humaine
|
WDI
|
:
|
World Developpement Indicators
|
LISTE DES TABLEAUX
LISTE DES GRAPHIQUES
Figure 28 :
Evolution du degré de mise en œuvre de la gestion intégrée des ressources en
eau (0-100)
RESUME
Le
présent rapport alternatif de suivi de la mise en œuvre de l’agenda 2030 au
Bénin fait le point de la lecture que les Organisations de la Société Civile
(OSC) béninoises ont des réalisations effectuées par le Gouvernement dans le
cadre des politiques, programmes et projets qui s’alignent sur les ODD et ses
principes. Il met aussi l'accent sur les contributions des OSC qui concourent à
l'atteinte des cibles retenues par le Bénin. Il permet de faire le point sur
les progrès vers la réalisation des ODD au Bénin afin d’alerter sur les
contre-performances qui demanderaient plus d’efforts pour inverser les
tendances observées.
Diverses
actions, dont la mise en œuvre de la politique de protection sociale pour tous
(Loi portant création de l’ARCH) ont été engagées dans le cadre de la réduction
de la pauvreté (ODD 1). Les effets induits par ces actions sont, entre autres,
l’assainissement du cadre macroéconomique et de gouvernance qui ont eu
conséquences : (i) la prise en charge des soins palliatifs et le maintien
de toutes les mesures de gratuité des soins de santé ; (ii) l’amélioration
des conditions d’accès aux soins et de délivrance des services de santé ;
(ii) l’amélioration des conditions d’accès à l’école ; (iv) l’augmentation
des ressources allouées au fonctionnement des cantines scolaires et la
réorganisation du dispositif y afférent ; etc. Cependant, des difficultés sont toujours
perceptibles quant à la capacité des béninois de s’assurer un repas par jour,
en lieu et place des trois repas recommandés par jour, le tout corrélé par des
contraintes de faible niveau des allocations de micro crédits aux plus pauvres,
de faible accès de tous aux actes d’état civil, etc. Des défis restent donc à
relever dans le cadre de la lutte contre la pauvreté dont, entre autres, la
promotion de l’économie locale, la maitrise de la croissance démographique, la
réduction des inégalités et le renforcement de la protection sociale, même si
on note une baisse de la pauvreté non monétaire depuis 2007 (INSAE, EMICoV
2007, 2009, 2011, et 2015).
Au
niveau de l’ODD 2, malgré la légère amélioration de la sécurité alimentaire due
à la croissance de la consommation alimentaire, des disparités non négligeables
sont observables en matière de prévalence de l’insécurité alimentaire, avec un
niveau élevé des départements de l’Atacora (23,6%), du Couffo (16,2%), des
collines (15,3%) et du Zou (11,7%). Il est observé également une prévalence
faible des enfants de 1 à 5ans en ce qui concerne le retard de croissance ainsi
qu’une détérioration de la prévalence de la malnutrition passée de 4,5% en 2014
à 6,8% en 2018. S’il est noté sur le plan institutionnel la création de
structures que sont le Conseil National pour l’Alimentation et la Nutrition,
des comités départementaux multidisciplinaires de l’alimentation et de la
nutrition et l’engagement de la Société Civile, ainsi que le repositionnement
de la recherche agricole au cœur du développement des filières couplé au plan
opérationnel avec la mise en œuvre des projets de développement agricole, force
est de constater que les arbitrages budgétaires restent défavorables quant à la
considération de la nutrition comme secteur prioritaire de développement.
L’augmentation de la productivité agricole, le renforcement de la résilience
combinée à la hausse des allocations en faveur de la nutrition constituent
entre autres des leviers de développement importants pour une amélioration de
la nutrition.
Pour
ce qui est de l’ODD 3, la période 2014-2018 a connu un accroissement du taux de
mortalité maternelle, passé de 347 à 391 pour 100.000 naissances, avec entre
autres comme causes, la baisse de la proportion de femmes présentant au moins 4
consultations prénatales depuis 2014 et l’état nutritionnel critique des femmes
enceintes ; même si la proportion d’accouchements assistés par du
personnel qualifié s’est améliorée sans pour autant se situer sur le sentier
des ODD. Dans le même sens que la mortalité des enfants et le taux de
couverture vaccinale, le taux de prévalence du VIH, l’incidence de la
tuberculose, le taux de mortalité néonatale ont connu une forte baisse entre
2014 et 2018 passant de 38 à 30 décès pour 1.000 habitants, même si l’écart
reste encore significatif entre les milieux ruraux et urbains. Le paludisme
constitue toujours à ce jour, le premier motif de consultation dans la
population en général, même si son incidence affiche une évolution erratique
avec une tendance globalement en hausse entre 2015 et 2018. Cette hausse est
également observée au niveau des méthodes de planification familiale de plus en
plus utilisées (28,8% en 2018 contre 12,5% en 2014).
Si
la principale difficulté du secteur de la santé reste l’insuffisance des
ressources financières allouées qui n’atteignent pas le minimum de 10% requis
par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), il faut également mettre en
lumière une tendance baissière du taux d’exécution de ces dernières. D’autres
difficultés affectent le secteur de la santé et sont relatives à l’insuffisance
du plateau technique et à l’insuffisance des ressources humaines en santé de
qualité. Si différentes réformes ont été engagées dans le secteur de la santé sur
le plan institutionnel, sur le plan du fonctionnement et de la réorganisation,
il faut souligner que le renforcement des allocations budgétaires du secteur de
la santé (de même que l’exécution), l’amélioration de la couverture en infrastructures
sanitaires et en personnel de santé de qualité, de même que le renforcement du
partenariat public-privé sont des défis auxquels il faudra faire face pour
espérer être au rendez-vous de 2030. Aussi la mise en œuvre du projet ARCH
reste-t-elle impatiemment attendue.
Au
niveau du secteur de l’éducation (ODD 4), il faut souligner que le TBS dans le
primaire est en baisse, passant de 97,5% à 88,7% sur la période 2015-2018 avec
une influence directe sur le taux net de scolarisation. Cette tendance
baissière observée sur la période s’explique, entre autres, par des pesanteurs
socio-culturelles, la distance qui sépare les habitations des écoles,
conséquence de la décision de fermeture des écoles ne remplissant pas les
conditions requises, les cas d’abandons et de décès en cours de cycle
enregistrés au niveau des apprenants des cohortes 2012 et 2013, et la faible
capacité des apprenants à assimiler les connaissances transmisses à cause des
effectifs pléthoriques observées dans les salles de classe.
Dans
l’enseignement secondaire, en considérant les données de l’EDSB-V, le taux brut
de fréquentation scolaire s’est établi à 44,9% en 2018 contre 41,9% en 2014,
avec 57,9% en milieu urbain et 36,3% en milieu rural. Quant au taux net de
scolarisation, il a connu un recul de plus de 10 points de pourcentage sur la
période. Si aucune valeur n’existe s’agissant de la proportion d’apprenants
ayant reçu une formation en TIC, il faut toutefois souligner la mise à
disposition avec l’appui de l’UNESCO, des kits informatiques (kits sankorés) au
profit de 120 écoles primaires et la formation des enseignants desdites écoles
à l’utilisation de ces kits. Une évaluation de la mise en œuvre du programme a
révélé que 65% de ces écoliers sont capables d’utiliser l’outil informatique.
En ce qui concerne la proportion d'apprenants du cours secondaire en formation
technique et professionnelle, elle affiche une tendance régulièrement haussière
sur la période 2015-2018, passant de 2,7% à 3,6%. Dans l’enseignement
supérieur, conformément au guide d’orientation des nouveaux bacheliers, des
entités de formation professionnelle ont été ciblées. Au regard de cette
nomenclature, sur la période 2015-2017, la proportion d’étudiants en formation
professionnelle est passé de 19,1% en à 22,4% contre 17,6% en 2014. Toutefois,
il est à noter de sérieux problèmes d’insertion, en témoigne le nombre de
jeunes diplômés de ces entités sans emploi ou en sous-emploi.
Concernant
les disparités, retenons qu’elles ont été faibles au niveau du primaire (97,8%
en 2015 et 93,21% en 2018) alors qu’elles deviennent plus perceptibles au
niveau du secondaire, l’indice de parité s’affichant à 0,84 en 2018 contre 0,79
en 2015. Ces inégalités deviennent plus importantes à mesure que le niveau
d’étude augmente.
De
profondes réformes ont été enregistrées dans le secteur de l’éducation.
Cependant, le budget affecté au secteur (19,6% du BGE en 2015 à 14,5% en 2018) reste
nettement inférieur au 20% qui constitue la norme définie pour les pays en
développement. De ce fait, différents défis sont soulevés pour une amélioration
du secteur dont, entre autres, le renforcement du niveau des infrastructures
scolaires, le maintien des filles à l’école et le recrutement et la formation
des enseignants qualifiés, la restructuration de la carte scolaire au niveau
primaire et secondaire et la réforme du dispositif de fonctionnement de ces
écoles, la révision des curricula de formation pour les adapter aux contraintes
et réalités du marché de l’emploi.
En
qui concerne l’ODD 5, malgré les différentes lois, conventions, instruments
nationaux et internationaux promouvant la participation politique des femmes,
on note toujours une faible participation des femmes aux instances de décision
nationales. La promulgation de la loi N°2003-03 du 3 mars 2003, portant répression
de la pratique de mutilations génitales féminines qui définit les mutilations
génitales et prévoit les sanctions applicables aux auteurs, aux complices et
aux personnes sur qui pèse le devoir de dénoncer la pratique a pu permettre une
régression du phénomène, ceci malgré la résistance de certains peuples
(« Waama » de Toucountouna, de Tora et de Manoungou dans
l’Atacora). On note également la
persistance de la violation des droits de la femme et de la fille, le
non-respect du code des personnes et de la famille en matière de mariage ou
d’union. Si la contrainte liée à l’autonomisation des femmes et des filles
constitue l’un des facteurs déterminant leur participation à la vie économique
et socio politique, différents défis restent à relever dans ce cadre dont entre
autres : (i) la prise en compte du compendium des compétences féminines dans le
processus de nomination et de recrutement à des postes de direction ; (ii)
la généralisation et l’opérationnalisation des cellules « Genre »
dans tous les Ministères et institutions de l’Etat ; (iii) la
poursuite du renforcement des capacités en genre des cadres en charge de la
planification et l’exécution des actions, ainsi que des acteurs de la chaine de
décision ; et (iv) le renforcement des capacités du ministère en charge
des affaires sociales pour l’appropriation de la méthodologie de calcul de l’Indice
de Condition de la Femme et/ou de l’indice d’autonomisation des femmes (WEAI)
et leur publication régulière.
Pour
l’ODD 6, il est noté que le problème de l’accès universel et équitable à l’eau
potable à un coût abordable continue de se poser au regard de l’évolution des
indicateurs. La baisse du nombre de points d’eau réalisée est consécutive à la
situation de mauvaise gouvernance notée dans le secteur en 2015 qui a entraîné
la suspension momentanée des actions majeures de l’Ambassade des Pays Bas dans
ce domaine avec un recul de la population utilisant des services d’alimentation
en eau potable gérés en toute sécurité (67,80% en 2018 contre 72,6% en 2015).
S’agissant de l’accès à des installations sanitaires adéquates, on note la
construction de latrines dans les écoles et les marchés par l’Etat central, des
collectivités locales et des organisations de la société civile. Mais, ces
actions, quoiqu’importantes, demeurent encore marginales par rapport aux
besoins de la population. Si dans la perspective de l’assainissement du cadre
de vie, il est prévu la construction des ouvrages d'assainissement des eaux
usées dans les Communes, force est de constater que jusqu’en 2018, aucun
ouvrage n’a été réalisé avec pour cause la lourdeur dans le processus de
passation des marchés. Des efforts sont consentis pour améliorer la gestion
intégrée des ressources en eau à tous les niveaux avec l’implication accrue de
la société civile. Ainsi, le degré de mise en œuvre de la GIRE a connu une
tendance haussière qui pourrait augurer d’une bonne perspective, même si le
rythme d’évolution n’est pas favorable à l’atteinte de la cible prévue pour
2021 et pour 2030.
En
termes de contribution des acteurs de la société civile, on note l’organisation
des séances de sensibilisation et d’interdiction de la consommation des eaux
souillées dans les ménages. Des séances de sensibilisation des populations à la
base ont été organisées sur les stratégies de gestion rationnelle et efficace
de l’eau pour une agriculture plus durable dans nos communautés. En matière
d’assainissement, beaucoup d’autres actions ont été menées : les
sensibilisations des enfants sur l’ODD 6 en milieu scolaire (bonne pratiques,
risques, etc.), la distribution gratuite des manuels de santé, etc. Selon les
acteurs de la Société Civile, il est primordial que les gouvernants face
vraiment la promotion de l’inclusion sociale en associant toutes les parties
prenantes et en s’appuyant sur le respect du principe ‘’Ne laissez personnes’’.
La
situation au niveau de l’ODD 7 n’est pas reluisante pour assurer l’accès à
l’électricité à au moins 50% de la population malgré les progrès réalisés pour
réduire la durée du délestage au Bénin.
En ce qui concerne la proportion de la population utilisant
principalement des technologies propres[1] pour la cuisson, elle s’est
légèrement accrue, passant de 3,7% en 2014 à 4,8% en 2018 grâce aux actions de
sensibilisation des ONG sur l'utilisation des foyers améliorés avec l’appui des
partenaires techniques et financiers. Ces technologies propres sont plus
utilisées en milieu urbain (8%) qu’en milieu rural (1%). A contrario, 95,8% de
la population utilisent un combustible solide pour cuisiner. Cette situation
fait davantage remarquer que le phénomène de la déforestation continue au Bénin
où 91,2% de la population ont recours au bois (68%) et au charbon de bois
(23,2%) pour cuisiner, étant donné que l’accessibilité aux technologies propres
pour la cuisson continue de se poser, en termes de coût d’acquisition pour la
plupart des béninois. Toutefois, ce secteur a bénéficié d’une attention
particulière sur la période 2015-2018 traduite, entre autres, par : (i) la
relecture des politiques énergétiques et le renforcement du cadre
institutionnel ; (ii) la restructuration de la SBEE et la réalisation
d’une étude tarifaire ; (iii) l’ouverture du segment de la production aux
producteurs privés et le retrait du statut d’acheteur unique à CEB ; (viii) la
mise en œuvre du deuxième compact de MCA ; etc.
Au
regard de la tendance actuelle et pour espérer atteindre l’objectif d'accès de
tous à des services énergétiques fiables et modernes, à un coût abordable d’ici
2030, il demeure
important de : (i) résoudre les problèmes de dépendance énergétique
vis-à-vis de l’extérieur ; (ii) assurer la satisfaction rapide des
demandes d’abonnement ; (iii) promouvoir et vulgariser l’énergie
renouvelable ; etc.
En ce
qui concerne l’ODD 8, le PIB par personne employée a connu une croissance
continue entre 2015 et 2018 (de 0,7% à 2,57%) en lien avec la croissance de la
force de travail dans le pays. Quant aux ressources propres au niveau des
communes, elles restent faibles malgré les potentialités assez diversifiées de
chacune d’elle. Ces ressources propres, à l’exception de Cotonou (14.134FCFA/habitant)
ne dépassent pas 3.000FCFA/habitant. La proportion de l’emploi informel dans
les secteurs non agricoles s’est établie à 65,6% en 2015. Le travail salarié
est mieux rémunéré dans certains départements que dans d’autres et est
positivement corrélée avec le niveau de qualification du salarié. Les données
laissent également présumer d’une discrimination liée au genre en ce qui
concerne les rémunérations.
Le
taux de chômage reste faible au Bénin (2,3% d’après EMICOV 2015) et cache des
disparités régionales et selon le genre. S’agissant spécifiquement du
sous-emploi visible, 39% des actifs du Bénin sont en sous-emploi visible. Les
Collines et le Couffo affichent des taux de sous-emploi très proches de la
moyenne nationale. Notons qu’en lien
avec la structure de l’économie béninoise, l’agriculture et les services sont
les secteurs offrant le plus d’emplois entre 2015 et 2018. En ce qui concerne
le secteur touristique, monopolisant actuellement l’attention gouvernementale,
d’après les données de l’EMICoV 2015, les emplois de ce secteur représentent
4,3% de tous les emplois en 2015 avec des disparités d’un département à un
autre et selon le sexe. En 2015, la proportion d’emplois créés par le secteur
du tourisme était très faible (2%).
Globalement, de l’avis
des acteurs de la société civile, l’un des progrès majeurs réalisés au cours de
la période 2015-2018 porte sur l’avancée du rang du Bénin dans le classement
Doing Business. Il s’en est suivi la réduction progressive de l’informel,
l’adoption de la loi sur la promotion des personnes handicapées et la création
de l’Agence Nationale de Promotion du Tourisme.
Margé les mesures prises
au niveau nationale pour l’amélioration de l’économie béninois marqué par les
progrès entre 2015 et 2015, différents problèmes sont à souligner de l’avis des
acteurs de la société civile. Il s’agit, entre autres, du vote des lois non
favorables au travail décent, notamment la loi sur l’embauche et celle sur les
collaborateurs extérieurs qui sont pour eux non inclusives, non pertinentes et
non adaptées au contexte béninois. Si les phénomènes de corruption,
d’inégalités et de vulnérabilité des emplois, de même que l’employabilité des
actifs constituent des contraintes à l’atteinte de l’ODD 8, l’obtention d’une
croissance soutenue reste transversale à l’amélioration des conditions de
l’ensemble des autres secteurs.
Du côté de l’ODD 9, les
données révèlent que les résultats en matière d’accès aux infrastructures de
qualité restent mitigés. L’indice d’état du réseau routier affiche une
évolution erratique globalement baissière au cours de la période 2015-2018,
passant de 73% à 52,2%. Cette situation dénote de l’état d’impraticabilité du
réseau routier béninois dans son ensemble, avec des disparités qui s’observent
d’un département à un autre et surtout dans la partie septentrionale du pays.
Le trafic fret total a connu un léger accroissement de 8,15% entre 2017 et
2018. Le trafic passager au départ de Cotonou a globalement baissé sur la
période 2015-2018, passant de 260 555 à 249 382, avec une légère
hausse de 0,018% entre 2017 et 2018. Le trafic de marchandises au port a connu
une évolution erratique, avec une tendance relativement baissière, passant de
10,5 millions de tonnes métriques en 2015 à 10,2 millions de tonnes métriques
en 2018 causant des transbordements supplémentaires dus au fait que
certains ports de la sous-région (comme le port du Gabon) étaient en
réhabilitation. Le temps moyen de séjour des navires au port a légèrement
augmenté entre 2015 et 2017, passant de 6 jours en 2015 à 6,4 jours en 2017,
après une légère baisse observée en 2016. Ces résultats ne traduisent pas
encore les efforts d’investissement consentis par l’Etat béninois depuis 2015
dans la réalisation d’infrastructures notamment dans le secteur des transports.
En matière de contribution à la création de l’emploi, le secteur industriel
devrait constituer un réservoir prépondérant pour la population en quête du
bien-être. Hélas, la proportion d’emploi dans l’industrie manufacturière reste
en deçà des attentes en s’établissant à 15% de l'emploi total en 2015.
Si
plusieurs réformes ont été entreprises, le manque d’entretien des
infrastructures et la faiblesse du niveau des infrastructures et la faiblesse
du niveau des infrastructures d’assainissement pluvial notamment dans les
principales villes sont des contraintes majeures qui pourraient entraver
l’atteinte de l’ODD 9. Par ailleurs, il faut déplorer le comportement des
populations béninoises face aux infrastructures publiques. A cet effet, les
réformes doivent être mises en œuvres dans le secteur des transports terrestres
pour réduire les multiples cas d’accidents de circulation causés par les gros
porteurs qui dégradent sensiblement les infrastructures routières de nos villes
et campagnes.
En
matière de réduction des inégalités (ODD 10) et d’après les résultats de
l’EMICoV 2015, le taux de croissance des dépenses des ménages par habitant pour
les 40% de la population les plus pauvres s’est établi à 19,9% en 2015. Cette
situation montre que les ménages les plus pauvres trouvent de plus en plus les
ressources indispensables à la satisfaction de leurs dépenses. Toutefois, cette
situation peut également générer une accentuation de la sévérité de la
pauvreté. En considérant l’ensemble de la population, le taux de croissance des
dépenses des ménages par habitant s’est établi à 9,9%, soit une diminution de
près de 10 points en comparaison au taux de croissance des dépenses évalué sur
les 40% des ménages les plus pauvres. En matière de
dépense par tête, les données de l’Institut National de la Statistique et de
l’Analyse Economique (INSAE) montrent qu’en moyenne, un béninois dépense
environ 304 688 F CFA, variant entre 3 500 F CFA et 6 841 780 F
CFA. En outre, en 2015, l’évaluation de la dépense montre que la dépense
médiane par tête s’élève à environ 193 301 F CFA.
Cette
donnée prouve que plus de la moitié des béninois ont une dépense par tête
inférieure à la moyenne nationale des dépenses par tête. S’agissant du revenu,
on note en général qu’environ 23,1% des béninois vivent avec moins de la moitié
du revenu médian. Cette situation vient confirmer la faiblesse du niveau de
revenu des populations béninoises et constitue un handicap majeur au
développement économique.
Lorsqu’on
considère la répartition par sexe du chef de ménage, il ressort que les ménages
dirigés par les hommes sont les plus touchés par la pauvreté comme signalé plus
haut. Les données montrent que, entre 15 et 34 ans, le risque de vivre avec
moins de la moitié du revenu médian augmente avec l’âge du chef de ménage
tandis que la situation s’améliore au fur et à mesure que le chef de ménage
prend l’âge.
De
l’avis de certains acteurs de la société civile, différentes stratégies sont
adoptées dans le cadre de la réduction des inégalités au niveau de l’ensemble
des couches de la population. Il s’agit, entre autres, de : (i) la
promotion de la participation des minorités et des groupes traditionnellement
sous-représentés aux processus de consultation publique et aux fonctions
publiques électives ; et (ii) la mise en place des pratiques exemplaires
en termes d’égalité et de non-discrimination. Pour d’autres acteurs de la
société civile, aucune initiative n’a été prise pour impliquer les minorités
dans le processus de développement.
L’écart
entre le revenu des couches les plus pauvres et les plus riches est la
principale contrainte à l’atteinte de l’ODD 10. Parallèlement, les dépenses des
personnes les plus vulnérables sont orientées vers l’éducation, la santé, la
lutte contre les effets des changements climatiques. Pour corriger cette
situation, des défis doivent être relevés. Il s’agit de : (i) améliorer le
niveau de revenus des couches les plus vulnérables ; (ii) promouvoir les
activités génératrices de revenus pour les personnes les plus vulnérables en particulier
les femmes ; (iii) renforcer l’efficacité de la mise en œuvre de la
PHPS ; (iv) renforcer l’adaptation des plus pauvres aux effets négatifs
des changements climatiques ; etc.
Dans
le cadre des progrès pour faire en sorte que les villes et les établissements
humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et soutenables (ODD 11), il est
à noter que la proportion de la population vivant dans des taudis,
implantations sauvages ou logements inadéquats, a connu une baisse
significative, passant de 4,7% en 2014 à 1% en 2018, consécutive aux efforts
faits pour assainir le cadre de vie même si des disparités sont toujours
observables d’un département à un autre. Pour ce qui est de la proportion de
logements sociaux et économiques occupés, les données obtenues au niveau du
MCVDD montre que le taux de couverture de la demande en logements décents s’est
établi à 66,10% en 2016. Par ailleurs, l’inexistence de données n’a permis
d’apprécier la situation des autres cibles de cet ODD. Des actions ont été
menées au cours de la période 2015-2018. Il s’agit, entre autres, de : (i)
la libération des espaces publics et la création d’espaces verts ; (ii) la
réalisation des prises de vues aériennes (résolution 20 cm le pixel), devant
servir de fond pour la cartographie parcellaire interactive au niveau des
centres urbains ; (iii) le scannage et l’archivage dans une base de données
numérique des 46 962 Titres Fonciers délivrés ; etc.
Au
niveau de l’environnement (ODD 12, 13, 14 et 15), il se pose, avec acuité, un
problème de disponibilité de données dans le secteur, faisant de ce secteur le
parent pauvre en données statistiques. Dès lors, il a été difficile d’apprécier
les progrès vers l’atteinte des cibles. Toutefois, les quelques données
disponibles permettent de constater que, sur le plan national, seules 8
différentes entités dispensent des formations dans le domaine de
l’environnement, et toutes sont concentrées au niveau de l’Université
d’Abomey-Calavi.
Le
Bénin étant considéré comme l’un des pays les plus vulnérables aux effets
néfastes du changement climatique, il a été décidé de renforcer le processus
d’élaboration du Plan National d’Adaptation (PNA) au changement climatique à
travers l'intégration de l'adaptation au changement climatique dans la
planification et les processus de développement. Par ailleurs, au cours de la
période 2015-2018, précisément à partir de 2018, le Bénin a opté investir dans
la prévention des risques de catastrophes. Au regard des données contenues dans
bien de rapports, on pourrait déclarer que le Bénin dispose d’une superficie de
11 478 ha de zones économiques marines dont 1 800 ha pour le site de
Avlékété et 9 678 Ha pour le site de Nanzounmé et de la bouche du roi.
D’après les données du CENATEL, en 2015, la superficie des étendues couvertes
par des zones forestières s’est établie à 55 698,32 km2, pour une
superficie terrestre totale de 112 398,94 km2. Ainsi, la proportion
de la surface émergée totale couverte par des zones forestières est de 49,55%
en 2015. En outre, il importe de noter l’existence d’un total de neuf (09)
sites dont cinq (05) sites internationalement reconnus dans les zones humides
avec une superficie totale de 1 179 354 Ha, trois (03) zones marines concernées
par le projet GIZMAC et un site qui reste à indiquer par la DGPBPE. S’agissant
des 05 sites internationalement reconnus dans les zones humides, on
distingue : (i) RAMSAR 10.17 composé de la basse vallée du couffo, de
la lagune de Porto-Novo, du lac Ahémé ; (ii) RAMSAR 10.18) composé
de la basse vallée de l’Ouémé, de lagune de Porto-Novo ; (iii)
RAMSAR 16.68 composé du complexe W ; (iv) RAMSAR 16.69 composé
de la zone humide de la rivière Pendjari ; et (v) le site transfrontalier
entre le Togo et le Benin. La question est de savoir s’ils sont tous importants
ou non et dans quel domaine les classer.
Par
ailleurs, la superficie cumulée de forêts du domaine protégé dotée d’outil de
gestion durable a atteint 202 376 Ha en 2015. En 2015, on note un total de 9
834 Ha de superficie de forêts restaurées grâce aux interventions des
différentes parties prenantes à la restauration des forêts pour un total de
215 737 ha de superficie de forêts dégradées. Il s’en déduit un progrès
vers la gestion durable des forêts de 4,5%. Enfin, d’après les données du
CENATEL, la superficie totale des terres sous jachère et en irrigation s’est
établie à 46 345,74 km2 en 2015 pour une superficie totale terrestre
de 112 398,94 km2. Ainsi, la surface des terres dégradées représente 41,23% de la surface terrestre totale en 2015.
Plusieurs projets interviennent sur le
territoire national dans la formation et sur les techniques de préservation des
sols. Le pays dispose aussi d’un éventail de politique et structures étatiques
dédiés à la cause. Cependant, la capacité des institutions à résoudre les
problèmes liés au changement climatique reste encore faible.
En ce
qui concerne l’ODD 16, les données révèlent que 91,2% des enfants âgés de 1 à
17 ans ont subi un châtiment corporel ou une agression psychologique infligée
par une personne s’occupant d’eux en 2018. Ceci traduit une aggravation de la
situation par rapport à 2015 où ce taux était de 91,1%. Quant à la maltraitance
des enfants, elle existe dans tous les départements dans des proportions
inquiétantes. Compte tenu de l’ampleur de la situation, des dénonciations sont
observées, en témoigne la proportion des plaintes concernant les infractions
sur les mineures qui ont fait l’objet d’une poursuite judicaire en hausse (82%
en 2015, 95,32% en 2017 et 86,84% en 2018).
Sur
cette même période, il est également observé une baisse de la population
carcérale en instance de jugement (69% en 2015 à 57,5% en 2018), ceci étant le
fruit des efforts déployés en termes de maitrise de la détention préventive
passée de 17,27 mois en 2017 à 16,92 mois en moyenne en 2018, et de la réhabilitation
des établissements pénitenciers. Cependant, on note une détérioration du ratio
magistrat par habitant (1,42 pour 100.000 habitants à 1,14 pour 100.000
habitants entre 2015 et 2018), ce qui a un impact direct sur le traitement des
dossiers avec une lenteur décriée par les justiciables par rapport aux
procédures. Pour ce qui concerne le dispositif de lutte contre la corruption, le
taux de dossiers de corruption transmis à la justice et vidé s’est amélioré
même si la valeur cible de 30,85% n’a pas été atteinte, en s’affichant à 23,08%
au 31 décembre 2018 contre 15,71% un an plus tôt.
Du côté des
acteurs de la Société Civile, se basant sur l’indice de perception de la
corruption (IPC) publié chaque par Tansparency International, ils estiment que
les performances du Bénin sont préoccupantes avec un score de 40 points sur 100
en 2018 pour notre pays le Bénin, contre 39 sur 100 en 2017 (85ème
sur 180 pays ou territoires entre 2017 et 2018) et 36 sur 100 en 2016. En
matière de renforcement du système national d’intégrité (SNI), les acteurs de
la Société Civile estiment que la volonté politique affichée est insuffisante. Par ailleurs, le Bénin a occupé en
2017 la 13ème place de l’indice Ibrahim de la Gouvernance Africaine
sur 54 pays avec un score moyen de 58,7 points sur 100, contre la 11ème
place en 2014, la 14ème place en 2015 et 13ème place en
2016. Ce score moyen sur la période 2014-2018 est resté relativement stable.
La
proportion d’enfants de moins de 5 ans ayant été enregistrés par une autorité
d’état civil a augmenté sur la période, passant de 84,8% en 2014 à 85,6% en
2018. La proportion des naissances enregistrées est plus importante dans les
grandes villes que dans les zones rurales. Des disparités s’observent en
fonction du milieu de résidence et d’un département à un autre.
Enfin,
dans le cadre de l’ODD 17, l’accès à une connexion à haut débit a connu une
tendance globalement baissière, impactant du coup le taux de pénétration de
l’internet fixe, passé de 0,70% en 2015 à 0,24% en 2018. Cette baisse pourrait
s’expliquer par l’adoption de la connexion internet mobile par la population.
Aussi, le nombre d’abonnés à une connexion internet haut débit fixe a doublé
entre 2015 et 2018. Il est observé une tendance haussière à plus de 80% en 2018 de
l’utilisation des technologies de communication (utilisation du portable et de
ses commodités connexes) par les ménages tant dans les milieux urbains que
ruraux. L’utilisation d’un portable aux fins de transactions financières semble
également prendre de plus en plus de l’ampleur dans l’ensemble des départements
et reste positivement lié au niveau d’instruction quel que soit le sexe du
détenteur.
Les
principes de mise en œuvre de l’agenda 2030 a été soumis à l’appréciation des
acteurs de la Société Civile. Au plan national, l’appropriation des ODD est jugée insuffisante par
31% des acteurs enquêtés, moyenne par 58% d’entre eux et élevé pour les 11%
restants. L’approche participative et à caractère inclusif des ODD est jugé
insuffisante par 35% des interviewés, moyenne par 61% d’entre eux et élevé par
seulement 4%. L’un des principes directeurs du PND est la « Responsabilisation
». Ce principe conforte celui de la participation efficace des différentes
parties prenantes aux actions de développement à savoir le gouvernement, le
secteur privé, la société civile. Si le principe de l’universalité est jugé
élevé par 31% des enquêtés, il est cependant apprécié comme moyen par 46%
d’entre elle et insuffisant par les 23% restants.
En ce qui concerne le principe de « ne pas faire de laisser pour
compte », il est jugé élevé par 12% des acteurs, moyen dans son
application par 42% d’entre eux et surtout insuffisant par les 46% restants.
L’approche fondée sur les droits de l’Homme est jugée à la fois moyenne et
insuffisante par respectivement 44% des répondants.
L’approche intégrée du développement durable est jugée moyenne par la
moitié des personnes interviewées (50%). 37,5% jugent insuffisante l’approche
intégrée de développement durable car ils estiment que beaucoup de choses sont
à corriger surtout en ce qui concerne le respect de la dimension genre et
inclusion sociale. Enfin 12,5% des enquêtés jugent élevée la prise en compte de
l’approche intégrée pour le développement durable.
INTRODUCTION GENERALE
Depuis
2015, année de fin de la mise en œuvre des Objectifs du Millénaire pour le
développement (OMD), les Nations Unies ont adopté d’autres objectifs pour
assurer la paix et la prospérité des peuples et de la planète. A cet effet, les
Objectif de Développement Durables (ODD) ont été adoptés en septembre 2015 pour
l’horizon 2030. Ce sont au total 17 ODD et 49 cibles priorisées au Bénin pour
éradiquer la pauvreté, protéger la planète et garantir la prospérité pour tous
les béninois à long terme.
Malgré
l’existence de plusieurs générations de documents de planification du
développement (Bénin Alafia, SCRP I, II et III), les nouveaux objectifs ont
soulevé la nécessité du renforcement du processus de planification.
Ainsi,
en vue d’une cohérence dans le financement des actions, les acteurs à tous les
niveaux ont été associés à la contextualisation des indicateurs pour un
meilleur suivi des avancés. Par suite, les documents de planifications
nationales ont été élaborés et sont tous articulés autour des ODD. Au nombre des
documents, on peut citer, le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG
2016-2021), le Plan National Développement (PND 2018-2025), le Programme de
Croissance pour le Développement Durable (PC2D 2018-2021), … qui sont autant de
documents de politique nationale qui traduisent les objectifs de développement
durable. Pour le Gouvernement béninois,
il faut la transformation structurelle pour augmenter le taux de croissance et
réduire la pauvreté à travers une bonne répartition. Les défis majeurs liés à
ces documents, vont de l’amélioration de la compétitivité globale et
sectorielle de l’économie à la réduction les inégalités dans l’accès aux
services sociaux de base passant par l’amélioration de la gestion des affaires
publiques.
Pour
consolider les acquis obtenus par les politiques nationales ainsi disponibles
et mobiliser les ressources nécessaires à l’atteinte totale des ODD, le
mécanisme de suivi prévoit une évaluation annuelle des indicateurs.
Le
présent rapport de la Société Civile le point des progrès obtenus par le Bénin
en matière d’atteinte des ODD. Il s’agit de la question de redevabilité dans la
gestion des résultats de développement. Le choix d’élaborer le présent rapport
est fondé sur la recherche des vulnérabilités, des potentialités et l’expression
de la volonté de prendre en compte l’évolution de la situation des ODD afin de
mieux cibler les interventions et de proposer une orientation stratégique
conséquente pour atteindre les objectifs fixés. En tant qu’outil d’aide à la
prise de décision, à la planification et à la mobilisation des ressources, ce
rapport exprime également la volonté au niveau de tous les acteurs de prendre
en compte les contraintes et atouts liés à la mise en œuvre des ODD.
DEMARCHE METHODOLOGIQUE
La démarche
méthodologique utilisée pour l’élaboration de ce rapport alternatif de suivi de
la mise en œuvre de l’Agenda 2030 a été très participative et a permis la prise
en compte, dans une large mesure, les points de vue de toutes les parties
prenantes. Elle est articulée autour de 12 étapes allant de la revue
documentaire au dépôt du rapport final, en passant par le cadrage, l’organisation
des ateliers de formation et de lancement, la collecte, le traitement et
l’analyse des données, la présentation des premiers résultats et l’élaboration
du rapport.
Bien avant la séance
de cadrage, il a été procédé à une revue documentaire sur les expériences de la
Société Civile du Bénin et d’autres pays en matière de suivi de la mise en
œuvre des politiques publiques, sur les rapports alternatifs, ainsi que sur les
documents de planification nationaux en lien avec les ODD. Ainsi, il a été question
de rechercher et d’exploiter l’agenda 2030, le rapport parallèle 2018 de la
Société Civile Béninoise, le Plan National de Développement (PND 2018-2025), le
Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D 2018-2021), le
Programme d’Actions du Gouvernement (PAG 2017-2021), le rapport de priorisation
des cibles des ODD au Bénin, manuel de définition des indicateurs des cibles prioritaires
des ODD, les comptes administratifs et différents rapports d’évaluation des communes,
les textes fondateurs du cadre de concertation des OSC sur la mise en œuvre des
ODD au Bénin, d’autres rapports alternatifs des OSC du Bénin et d’autres pays,
les documents de programmation pluriannuelle des dépenses (DPPD) des
ministères, les rapports annuels de performance des ministères, etc.
Après la séance de
cadrage, les Consultants se sont attelés à une recherche documentaire plus
approfondie qui leur a permis d’avoir une meilleure compréhension du sujet.
Ainsi, il a été question d’aboutir à une revue documentaire qui a permis aux
Consultants de consulter les différents documents mis à leur disposition et
d’en exploiter les contenus suivant les besoins de leurs analyses.
L’exploitation de l’ensemble de ces documents disponibles a permis de constituer
une première base d’enseignements qui ont été exploités et dont
l’approfondissement a permis la confection des outils de collecte et le choix
de quelques hypothèses d’analyse. La revue documentaire est transversale et s’est
poursuivie tout au long du processus d’élaboration du rapport.
Cette étape s’est
déroulée en une journée et a été l’occasion pour les consultants de présenter
en détail la démarche méthodologique de conduite du processus d’élaboration du
rapport aux commanditaires. Ainsi, à l’issue de cette séance :
®
le périmètre de la
mission a été mieux cerné à travers des éclaircissements apportés par les commanditaires
en ce qui concerne leurs attentes ;
®
des clarifications
ont été apportées aux différents questionnements des Consultants ;
®
la méthodologie a été
validée ainsi que le chronogramme.
Cette séance
d’échanges a connu la participation des différentes parties prenantes au
processus (MdSC ; PDDC ; PNUD ; Groupes Thématiques ; et
autres acteurs jugés importants, etc…) et a permis aux commanditaires et
aux consultants de s’accorder sur l’essentiel de la méthodologie ainsi que du
processus de validation des résultats.
L’élaboration des
outils de collecte des données a pris en compte les outils existants qui
avaient été développés dans le cadre du rapport parallèle édition 2018 qui ont
été revus et allégés. Mais, pour répondre aux exigences des TDR de la mission,
contrairement à l’approche utilisée l’année dernière, tous les ODD ont été pris
en compte.
Deux types de données
ont été collectées. Il s’agit des données factuelles et des données à dominance
qualitative collectées auprès des représentants des Organisations de la Société
Civile réparties sur toute l’étendue du territoire. Cette large couverture a
été facilitée par certains réseaux et plateformes qui disposent des membres
dans les départements et communes du Bénin et qui ont contribué à la collecte
des données en renseignant les guides d’entretiens prévus à cet effet.
La collecte de
données quantitatives factuelles (ou données secondaires) a permis de
recueillir les données, désagrégées autant que faire se peut, qui ont permis de
tabler sur la situation des indicateurs du cadre de performance du PC2D qui
intègre certains indicateurs des cibles prioritaires des ODD au Bénin, et sur
l’ensemble des indicateurs des cibles priorisées par le Bénin.
En ce qui concerne les
outils de collecte de données auprès des acteurs des OSC, au regard des
expériences antérieures, quatre outils ont élaborés et utilisés à raison d’un guide
d’entretien semi-structuré pour chaque groupe thématique qui a mis l’accent sur
les ODD et cibles priorisées pour la thématique concernée.
Le processus
d’élaboration du rapport a été lancé au cours d’un atelier technique qui a
permis d’informer, de sensibiliser et de renforcer les capacités techniques des
différents acteurs impliqués dans le processus (le noyau d’experts, les groupes
thématiques, les OSC, les autorités politico-administratives, etc…) sur la
méthodologie, les outils de collecte et le rôle attendu de chaque groupe. C’est
donc un atelier méthodologique d’appropriation des outils par les groupes
thématiques et de lancement des travaux de collecte des données.
En amont au lancement
du processus par la MdSC, les OSC membres du cadre national de concertation sur
les ODD ont bénéficié d’un renforcement des capacités sur les outils nationaux
de planification et de développement durable. Il s’agit du PND, du PC2D et de
son PAP. En effet, avec la mise à jour du cadre de planification des actions
publiques traduite par la mise en place formelle des instruments
d’opérationnalisation des ODD que sont le Plan National de Développement (PND
2018-2025) dont la première séquence d’opérationnalisation se fait par le
Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D 2018-2021), il était
important de veiller à l’appropriation de ces deux instruments de planification
du développement durable par les acteurs de Société Civile, afin de leur
permettre de jouer efficacement leur rôle de « contrôle citoyen » de
l’action publique. Ainsi, ils pourront participer activement au processus
d’élaboration de cette édition du rapport alternatif dont le document de base
est le PC2D qui est un outil national prenant en compte les ODD et qui mettra
un accent particulier sur : (i) l’analyse critique des actions du
Programme d’Actions Prioritaires (PAP) du PC2D en lien avec les défis à relever
pour l’amélioration de la marche vers la réalisation des ODD ; et (ii)
l’analyse des indicateurs de suivi du PC2D assortie des actions ou mesures
phares ayant contribué à la réalisation du niveau de 2018 de chacun desdits
indicateurs.
Tirant leçons des
expériences antérieures, la stratégie adoptée au plan opérationnel a consisté à
identifier et à mettre en place un « noyau d’experts » constitué à
partir de personnes ressources et de membres des quatre groupes thématiques du
Cadre de Concertation - à raison de 4 ou 5 personnes volontaires par
Groupe Thématique- et dont les capacités ont été renforcées sur lesdits
documents de planification nationaux, notamment avec l’appui des cadres du
Ministère du Plan et ceux du Ministère des Finances et sous la couverture du
PNUD.
La collecte de
données auprès des OSC a été faite, comme en 2018, en grande partie à travers
les Groupes Thématiques du Cadre de Concertation, avec le soutien des pools
thématiques mis en place par la MdSC pour tenir compte de la couverture
géographique nationale. Parallèlement, quelques entretiens semi-directifs ont
été réalisés avec quelques personnes ressources des OSC.
Dans l’optique
d’aboutir à un rapport unique et riche en contenu, une attention particulière
devra être portée aux synergies à créer entre les rapports thématiques
planifiés par d’autres OSC et le présent rapport (ex : rapport alternatif
du projet SEIN de la PASCIB, Rapport alternatif de Social Watch, etc…). En vue
de faciliter l’accès aux informations des OSC à la base, le déroulement du
processus s’est appuyé sur les membres du cadre de coordination et les pools
thématiques.
Pour ce qui concerne
les données factuelles, sur la base de la maquette de collecte proposé, les
Consultants se sont appuyées sur les Comités Sectoriels (CS) de suivi de la
mise en œuvre du PC2D et des ODD et sur les Groupes Techniques Sectoriels des
PTFs pour exploiter leurs travaux. Les résultats des travaux antérieurs de ces
instances ont été également exploités.
Les données
collectées ont été codifiées et ont fait l’objet d’une vérification pour
s’assurer qu’elles sont fiables et cohérentes. Ensuite il a été procédé à leur
apurement et à leur imputation suivant la méthode déductive. Cette méthode
d’imputation permet de déduire avec certitude une donnée dont la valeur est
manquante ou incohérente. Ce type d’imputation est fonction de l’ensemble des
réponses fournies au titre des autres rubriques des outils de collecte. A la
fin de la saisie, un dernier apurement a été fait afin d’obtenir la base de
données définitive. Ensuite, les données ont été consolidées et exportées en
Excel et sous le format SPSS afin de contrôler leur cohérence, leur
exhaustivité et de produire les statistiques descriptives. Le SPSS 21 a enfin
été utilisé pour les analyses croisées, combinées et interrelationnelles.
Cette étape de
l’analyse a démarré dès que la moitié des données ont été traitées et s’est
poursuivie avec quelques retards liés à la faible disponibilité de certaines
données. Les informations qualitatives
obtenues avec les OSC ont pu être valorisées pour combler en partie les données
manquantes. Les résultats sont présentés sous forme d’indicateurs chiffrés, des
graphiques et/ou des tableaux suivis de commentaires.
Tous les résultats obtenus
aux différentes étapes ont été synthétisés dans un rapport provisoire, auquel
les contributions thématiques résultant des rapports élaborés par Social Watch
et la PASCiB ont été intégrés.
Ce rapport provisoire
a fait l’objet d’une restitution afin de recueillir les contributions de toutes
parties prenantes pour la production du rapport final. L’intégration des
différentes contributions de l’atelier de pré-validation a permis de disposer
du rapport soumis à la validation au cours d’un atelier national. Les différentes
observations et contributions dudit atelier ont été prises en compte et la
version finale du rapport a été rendue disponible.
1.
CONTEXTE
NATIONAL DE MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 SUR LA PERIODE 2015-2018
1.1- Situation socio-économique du Bénin sur
la période 2015-2018
Avec
une population estimée à environ 11 496 140 (RGPH4, INSAE) sur une
superficie de 114 763 km², le Bénin est l’un des pays francophones de
l’Afrique de l’Ouest avec une forte population de jeunes (45%). Au dernier
recensement de la population et de l’habitat en 2013, on dénombrait
5 120 929 femmes soit environ 52% pour 4 887 820 hommes
équivalent à environ 48% de la population. Les perspectives démographiques
montrent que la part de la population jeune et féminine continuera par
s’accroitre. Ainsi, le taux de dépendance des jeunes établit à 76,72% pourrait
atteindre un record si de nouvelles mesures ne sont prises par les acteurs du
développement.
Face
aux perspectives nationales, les efforts n’ont cessé d’être déployés, notamment
avec l’élaboration et la mise en œuvre de bon nombre de politiques. A cet effet
et malgré l’existence de plusieurs générations de documents de planification du
développement (Bénin Alafia 2025, SCRP I, II et III), les nouveaux objectifs de
développement durable ont soulevé la nécessité du renforcement du processus de
planification du développement.
Pour
ce qui concerne de l’économie béninoise, le taux de croissance réel du PIB est
passé de 4 % en 2016 à 5,6 % en 2017 selon la BAD. Cette augmentation tient en
parti aux réformes entreprises dans le cadre du Programme d’actions du
gouvernement (PAG) 2016-2021, mais aussi à l’augmentation de la production
agricole, en particulier du coton, et à l’amélioration des capacités de
production d’électricité. Cette tendance positive devrait se poursuivre, car
les projections pour 2019 sont prometteuses et présentent des taux de
croissance de plus de 6,3 %.
Le
secteur privé reste dominé par les acteurs informels et est principalement
composé de petites et moyennes entreprises. Selon le rapport sur la
compétitivité mondiale 2017-18, le Bénin est classé 120 sur 137 pays avec un
score de l’indice global de compétitivité de 3,47. Même si cet indice n’a pas
progressé depuis 2016, il faut souligner que le Bénin a quand même gagné trois
places sur une année. Cette progression est aussi illustrée par le fait que le
Bénin est la 19 e économie africaine la plus attractive en termes
d’investissements, selon Ernst and Young.
Cette
tendance va impacter sur les autres aspects de l’économie en occurrence sur
l’emploi. Ainsi plus de 200 000 emplois ont été créés par le Gouvernement
sur la période Avril 2016 à juin 2018. Toutefois, des efforts sont faits dans
l’identification d’autres axes de créations d’emplois au niveau de chaque
commune via la mise à disposition de moyens institutionnels (PEJ), financiers
(FADeC) et techniques (Politique Communale pour l’emploi).
Par
ailleurs, le pays s’est aussi amélioré dans le classement Doing Business où il
figure parmi les dix meilleurs pays réformateurs en 2015 et 2016. Il est ainsi
passé de la 158 e place en 2015 à la 155 e sur 190 pays en 2017. Cependant,
malgré ces évolutions positives, ce classement témoigne de l’ampleur des
efforts à faire pour améliorer le climat des affaires. Les obstacles auxquels
fait face le secteur privé sont liés à la qualité des infrastructures tels que
l’accès à l’électricité, ou à internet, l’accès aux crédits et financements et
une fiscalité inadéquate.
Pour
coordonner les réformes, un accent particulier a été mis sur la bonne
gouvernance. En effet, une bonne gouvernance est essentielle à la mise en œuvre
des réformes puisque c’est un élément transversal à tous les secteurs de
l’économie. Une Autorité nationale de lutte contre la corruption existe depuis
2011 et mène des actions dans le sens de la bonne gouvernance. En 2017, le pays
est classé 85ème sur 180 pays par rapport à l’indice de la
perception de la corruption de Transparency International, une progression par rapport
à 2016 où il se classait 95 e sur 176, démontrant que même s’il reste beaucoup
à faire, les efforts réalisés portent leurs fruits.
Sur le
plan social, l’Indice de Développement Humain (IDH) qui prend en compte les
indicateurs sensibles à la répartition de revenus pour mieux refléter les
inégalités de revenus (IDHI), montre pour 2015 En 2015, le pays était classé
167 e sur 188 pays en termes d’IDH avec un indice de 0,485 et progressait d’une
place par rapport à 2014. L’inégalité demeure encore très persistante notamment
dans la scolarisation et le taux d’analphabétisme était élevé puisque près de
6,16 adultes sur dix ne savaient ni lire ni écrire. L’espérance de vie à la
naissance était de 60 ans en 2016. Des maladies comme la tuberculose restent un
problème avec un taux de prévalence en 2015 de 60 cas pour 100 000 habitants.
Le taux de mortalité maternel était de 405 pour 100 000. Les dépenses en
capital humain sont restées assez faibles puisque les dépenses d’éducation
représentaient 4,5 % du PIB entre 2010 et 2015 et celles de santé
représentaient 2,4 % du PIB en 2014. En 2015, 78 % de la population utilisait
des services d’alimentation en eau potable gérés en toute sécurité.
Les
contreperformances du Bénin peuvent être imputables principalement aux très
faibles contributions du revenu monétaire, au faible niveau de développement du
capital humain lié aux insuffisances du système éducatif et à la forte
croissance démographique (3,5 %). Pour inverser la tendance au niveau social,
le Projet d’Assurance pour le Renforcement du Capital Humain est mis en œuvre
et constitue une composante majeure de la Politique Holistique de Protection
Sociale. L’enquête PMT sur les bénéficiaires du projet a été officiellement
lancée et les résultats devraient permettre d’appuyer efficacement les couches
les plus défavorisées de la population.
Pour
renverser la tendance socio-économique actuelle, consolider les acquis obtenus
par les politiques nationales et mobiliser les ressources nécessaires à
l’atteinte totale des ODD, le mécanisme de suivi a été mise en place par les
acteurs. Il prévoit une évaluation annuelle des indicateurs et c’est dans ce
cadre que le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) a confié
aux organisations de la société civile (OSC) l’évaluation des performances
enregistrées au Bénin en matière d’atteinte des ODD.
1.2- Contexte national de mise en œuvre de
l’agenda 2030 sur la période 2015-2018
Le
Bénin, à l’instar des autres pays signataires et dans le contexte post-2015
s’est engagé à élaborer et à mettre en œuvre des politiques publiques qui
visent l’atteinte des Objectifs de Développement Durable (ODD) d’ici à 2030. Un
Agenda national d’appropriation des ODD a été adopté de façon consensuelle et
sa mise en œuvre a abouti à l’élaboration du rapport national de priorisation
des cibles ODD suivant une approche participative et inclusive. Les résultats
de ce rapport ont été utilisés pour l’actualisation des différents documents de
planification et de programmation du développement du pays, notamment, le Plan
National de Développement (PND) 2018- 2025 et son document d’opérationnalisation qu’est le
Programme de Croissance pour le Développement Durable (PC2D).
C’est
dans cette perspective que le Gouvernement a eu le mérite de réaffirmer son volontarisme
et son engagement en faveur de la mise en œuvre de l’Agenda 2030, à travers
l’élaboration et la présentation d’une contribution nationale volontaire sur la
mise en œuvre des ODD au Forum Politique de Haut Niveau (FPHN) sur le
Développement Durable qui s’est tenu en juillet 2017 à New-York.
Il
faut souligner que le processus de priorisation des cibles des ODD a été
véritablement inclusif et participatif en regroupant les différentes parties
prenantes en groupes thématiques organisés autour des différentes dimensions
des ODD (social, économique, environnemental et gouvernance/institution). Cette
opération a permis de dégager 49 prioritaires cibles des ODD pour le Bénin
(exception faite des cibles de mise en œuvre ainsi que les cibles de l’ODD17 qui
ont été exclues du processus de priorisation car considérées comme
prioritaires).
Ainsi,
l’Examen National Volontaire (ENV) de 2017 a porté sur les ODD 1, 2, 3, 5, 9 et
14, qui mobilisent dix-huit (18) cibles sur les 49 prioritaires pour le pays.
Par ailleurs, de façon systémique et dans un souci d’optimisation des
politiques publiques et de rationalisation des ressources, quatre (4) cibles
accélératrices de progrès sur les six (6) ODD et dix-huit (18) cibles
prioritaires (pour le Bénin) faisant l’objet de la revue de 2017 ont été
déterminées.
Il
s’agit des cibles 15.3 (relative à la lutte contre la dégradation des terres) ;
1.3 (relative à la mise en place de systèmes et mesures de protection sociale)
; 1.4 (relative à l’accès équitable des hommes et des femmes aux ressources
économiques) et 8.2 (relative à l’élévation du niveau de productivité
économique). Le Bénin a fait donc l’option de renforcer les interventions
autour de ces cibles pour accélérer les progrès sur les ODD de la revue. Des
interventions sensibles à ces mesures accélératrices transversales sont en
cours d’exécution à travers le Programme d’Actions du Gouvernement (PAG).
L’une
des principales innovations faites par le Bénin pour assurer un bon pilotage
ainsi qu’une bonne coordination des interventions en faveur des ODD (production
des documents stratégiques alignés sur les priorités des ODD, coordination
intersectorielle, suivi-évaluation et reporting), est la mise en place par le
Gouvernement d’un cadre institutionnel composé (i) d’un comité d’orientation
dirigé par le Ministre d’Etat chargé du Plan et du Développement et composé de
tous les membres du Gouvernement ainsi que des Partenaires Techniques et
Financiers et les représentants des organisations de la société civile et (ii)
d’un comité technique de pilotage. Ce comité de pilotage est composé de tous
les cadres techniques et opérationnels représentant l’administration ainsi que
les Partenaires Techniques et Financiers (PTF), les Organisations de la Société
Civile (OSC) et le secteur privé. Les activités de ce comité technique de
pilotage sont coordonnées par la Direction Générale chargée de la Coordination
et du Suivi des ODD, qui en assure le Secrétariat Permanent. Cet arrangement
institutionnel vise à créer les conditions appropriées et susciter toute
l’attention des parties prenantes autour de la réalisation des ODD.
Au
cours de l’année 2018, tous ces éléments de contexte doivent être pris en
compte pour apprécier la mesure dans laquelle le pays crée l’environnement
propice pour la mise en œuvre efficace des ODD et les efforts engagés par
rapport aux cibles des ODD retenues pour l’ENV 2018. A cet égard, il faut
souligner positivement le lancement officiel par le Ministre d’Etat chargé du
Plan et du Développement, Monsieur Abdoulaye BIO TCHANE le vendredi 23 février
2018, de la dissémination des travaux de base sur les Objectifs de
Développement Durable (ODD) et le point fait à cette occasion sur les travaux
préparatoires du prochain Forum Politique de Haut Niveau (FPHN - 2018) sur le
développement durable pour lequel le Bénin présentera à nouveau son rapport sur
l’ENV auquel sera annexé le rapport élaboré par la société civile.
En
plus de ce cadre institutionnel au niveau central, les OSC avec l’appui de la
DGCS-ODD et du PDDC ont créé le Cadre de Concertation des OSC pour la mise en œuvre
de l’Agenda 2030. Ce cadre sert d’interface entre l’administration et les
acteurs de la société civile et a eu le mérite, sous l’impulsion de ses
partenaires de réaliser plusieurs activités sur l’appropriation des ODD par les
OSC à l’intérieur du pays.
Même
s’il est encore trop tôt pour apprécier le fonctionnement de cet arrangement
institutionnel et sa dynamique par rapport à l’articulation nécessaire entre le
niveau national et le niveau local, la participation de toutes les parties
prenantes et la parole qui leur a été donnée à l’occasion de cette cérémonie de
lancement sont des signes annonciateurs d’un réel engagement de tous les
acteurs pour une mise en œuvre efficace de l’Agenda 2030. Par ailleurs, depuis
2016, le Bénin a connu une nouvelle aire de gouvernance marquée par d’énormes
réformes pour impulser d’avantage le développement économique et social du
Bénin. A cet effet, un programme d’actions a été élaboré en vue d’atteindre les
objectifs de développement socio-économique.
Pour
assurer une cohérence dans le financement des actions, les acteurs à tous les
niveaux ont été associés à la contextualisation des indicateurs de
développement durable pour un meilleur suivi des avancés. Par suite, d’autres
documents de planifications nationales ont été élaborés et tous articulés
autour des ODD et du PAG. Au nombre des documents, on peut citer, le Plan
National Développement (PND 2018-2025), le Programme de Croissance pour le
Développement Durable (PC2D 2018-2021), … qui sont autant de documents de
politique nationale qui traduisent les objectifs de développement durable. Pour
le Gouvernement béninois, il faut la transformation structurelle pour augmenter
le taux de croissance et réduire la pauvreté à travers une bonne répartition.
Les défis majeurs liés à ces politiques, vont de l’amélioration de la
compétitivité globale et sectorielle de l’économie à la réduction les
inégalités dans l’accès aux services sociaux de base passant par l’amélioration
de la gestion des affaires publiques.
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