RAPPORT ALTERNATIF DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 AU BENIN, EDITION 2019 (09)














1.            PROSPERITE

Le développement des États doit établir une prospérité économique inclusive et respectueuse de l’environnement. Afin d’assurer la paix et la prospérité, il convient de mettre au service de tous la science, les technologies et l’innovation pour un développement à dimension humaine.
8.2 Parvenir à un niveau élevé de productivité économique par la diversification, la modernisation technique et l'innovation, notamment en mettant l'accent sur les secteurs à forte valeur ajoutée et à forte intensité de main- d'œuvre.
8.3 Promouvoir des politiques axées sur le développement qui favorisent les activités productives, la création d'emplois décents, l'entrepreneuriat, la créativité et l'innovation et stimulent la croissance des microentreprises et des petites et moyennes entreprises et facilitent leur intégration dans le secteur formel, y compris par l'accès aux services financiers
8.5 D'ici à 2030, parvenir au plein emploi productif et garantir à toutes les femmes et à tous les hommes, y compris les jeunes et les personnes handicapées, un travail décent et un salaire égal pour un travail de valeur égale.
8.9 D'ici à 2030, élaborer et mettre en œuvre des politiques visant à développer un tourisme durable qui crée des emplois et met en valeur la culture et les produits locaux

Cible 8.2 : Parvenir à un niveau élevé de productivité économique par la diversification, la modernisation technique et l'innovation, notamment en mettant l'accent sur les secteurs à forte valeur ajoutée et à forte intensité de main-d'œuvre.
Deux indicateurs ont été priorisés pour apprécier la performance de cette cible de l’ODD 8. Il s’agit : (i) du taux de croissance annuelle du PIB réel par personne pourvue d'un emploi et ; (ii) des ressources propres de la commune par habitant.
Figure 30 : Evolution du taux d'accroissement du PIB par personne employée
Source : World Development Indicators (WDI), juin 2019
Si le PIB par personne employé (en dollars US) a connu une baisse entre 2014 et 2015, il faut souligner qu’il a connu une croissance continue entre 2015 et 2018 passant de 0,7% à 2,57%. Cet accroissement reste positivement lié à la croissance de la force de travail dans le pays.
En matière de ressources propres au niveau des communes, il faut retenir que, d’après Gérard Chambas & al (juin 2007), les ressources locales propres (RLP) sont définies comme l’ensemble des ressources fiscales, les taxes et redevances des collectivités locales dont la mobilisation ne dépend pas d’une décision discrétionnaire des autorités publiques centrales. Ainsi, les ressources locales propres comprennent : (i) l’ensemble des recettes fiscales recouvrées au profit des collectivités locales, y compris les ressources fiscales rétrocédées par l’Etat central, partagées ou non ; et (ii) l’ensemble des recettes non fiscales (redevances, droits et place de marché, amendes, droits afférents aux actes de chancellerie et d’Etat Civil). En revanche, les subventions et transferts de l’Etat central, de même, les ressources de financement (dons et emprunts externes ou internes), ne constituent pas des ressources locales propres.
Bien que les potentialités béninoises soient nombreuses et assez diversifiés compte tenu des ressources naturelles dont dispose le Bénin, le niveau de mobilisation des ressources propres par les communes reste très faible au regard des besoins sociaux à satisfaire pour le développement des communes et du Bénin. Sur la période 2014-2017, le montant des ressources propres de l’ensemble des 77 communes du Bénin par habitant est en moyenne de 2 481 F CFA par an. Ce montant moyen, bien qu’affichant une tendance globalement haussière sur la période reste très faible.
Tableau 73 : Ressources propres des communes par habitant par département de 2014 à 2017
Département
2014
2015
2016
2017
Moyenne 2014-2017
Alibori
1 284
1 251
1 152
1 421
1 277
Atacora
926
733
930
1 347
984
Atlantique
2 277
2 326
2 498
2 779
2 470
Borgou
1 058
1 101
1 354
1 421
1 234
Collines
1 020
1 343
810
1 456
1 157
Couffo
1 099
1 047
1 448
1 042
1 159
Donga
828
970
902
1 442
1 035
Littoral
13 703
13 452
13 705
14 134
13 748
Mono
1 682
2 078
2 602
2 100
2 116
Ouémé
2 855
2 686
2 491
2 634
2 667
Plateau
1 382
1 291
1 322
1 274
1 317
Zou
2 043
1 874
1 643
2 033
1 898
Ensemble
2 416
2 401
2 455
2 653
2 481
Sources : Calcul des auteurs, sur la base des données de la CONAFIL et des projections de la population (INSAE), juin 2019
Les recettes propres des communes par habitant ont connu une évolution erratique entre 2014 et 2017, passant de 2 416 F CFA à 2 653 F CFA. En moyenne départemental, ces ressources propres des communes par habitant ne dépassent pas 3 000 F CFA, à l’exception de Cotonou où elles vont jusqu’à 14 134 F CFA en 2017.
La faiblesse des ressources propres des communes est due au caractère essentiellement fiscal de l’économie qui reste également dominée par l’informel. Même si les départements de la Donga et de l’Atacora ont pu se redresser en 2017 avec un niveau de ressources propres des communes par habitant supérieur à 1 000 F CFA contrairement à la situation observée sur la période 2014-2016, il faut souligner qu’ils sont caractérisés par les plus faibles niveaux de ressources propres.  En raison ce faible niveau, la mobilisation de ressources locales propres (RLP) ne peut qu’exercer un effet très limité sur le développement.
Un second constat est la concentration des RLP au profit des plus grandes agglomérations urbaines, notamment Cotonou, Bohicon, Abomey-Calavi, Sèmè-Podji, Grand-Popo, Porto-Novo, Lokossa et Parakou, qui affichent un niveau de ressources propres par habitant supérieur à 3 000 F CFA en moyenne par an sur la période 2014-2017.
Tableau 74 : Ressources propres des communes par habitant de 2014 à 2017
DEPARTEMENT
COMMUNE
2014
2015
2016
2017
ALIBORI
BANIKOARA
1 444
1 572
1 456
1 788
GOGOUNOU
988
934
815
1 167
KANDI
1 482
1 582
1 374
3 390
KARIMAMA
242
277
342
373
MALANVILLE
1 467
1 221
1 128
1 363
SEGBANA
1 266
893
954
1 067
ATACORA
BOUKOUMBE
319
333
385
2 305
COBLY
948
681
816
688
KEROU
1 298
644
909
1 029
KOUANDE
595
516
606
577
MATERI
618
690
727
852
NATITINGOU
1 355
1 378
1 778
3 015
PEHUNCO
1 371
776
1 149
1 319
TANGUIETA
915
846
1 132
1 057
TOUCOUNTOUNA
1 047
633
776
1 107
ATLANTIQUE
ABOMEY CALAVI
3 180
3 430
3 469
3 653
ALLADA
2 436
1 831
1 919
2 535
KPOMASSE
1 205
1 402
1 533
1 706
OUIDAH
2 555
2 477
2 673
2 655
SO AVA
209
173
167
209
TOFFO
745
754
1 126
1 007
TORRI BOSSITO
1 778
1 764
3 231
5 345
ZE
814
681
1 066
1 719
BORGOU
BEMBEREKE
334
748
519
812
KALALE
666
583
435
545
NDALI
580
1 368
1 029
1 190
NIKKI
1 030
798
849
780
PARAKOU
2 704
2 613
3 373
4 054
PERERE
541
266
650
579
SINENDE
723
512
650
907
TCHAOUROU
480
575
1 278
489
COLLINES
BANTE
696
714
467
1 806
DASSA ZOUME
1 580
1 617
1 256
2 021
GLAZOUE
751
1 190
602
962
OUESSE
538
581
717
777
SAVALOU
1 072
1 645
738
1 364
SAVE
1 777
2 728
1 224
2 261
COUFFO
APLAHOUE
1 405
1 319
1 671
1 374
DJAKOTOMEY
958
1 155
1 596
1 254
DOGBO
2 819
2 495
2 971
2 008
KLOUEKANME
821
645
868
689
LALO
294
260
557
387
TOVIKLIN
213
323
1 069
353
DONGA
BASSILA
1 268
1 079
1 068
2 938
COPARGO
354
416
634
561
DJOUGOU
772
1 106
915
1 139
OUAKE
711
820
817
752
LITTORAL
COTONOU
13 703
13 452
13 705
14 134
MONO
ATHIEME
813
1 764
1 653
926
BOPA
1 126
928
1 053
925
COME
2 876
3 231
3 420
2 653
GRAND POPO
3 153
2 619
3 935
3 879
HOUEYOGBE
869
857
1 704
818
LOKOSSA
1 735
3 311
4 052
3 658
OUEME
ADJARRA
1 794
1 979
1 635
1 816
ADJOHOUN
1 794
1 979
1 635
1 816
AGUEGUES
171
343
469
319
AKPRO MISSERETE
3 295
2 684
2 030
2 026
AVRANKOU
2 048
1 881
2 086
2 446
BONOU
1 099
1 519
1 758
1 765
DANGBO
873
1 050
1 964
2 203
PORTO NOVO
3 516
3 291
3 120
3 443
SEME PODJI
4 852
4 391
3 685
3 586
PLATEAU
ADJA OUERE
910
784
738
776
IFANGNI
1 741
1 456
1 616
1 860
KETOU
1 023
1 047
1 166
856
POBE
2 336
2 076
2 264
1 988
SAKETE
977
1 131
824
1 012
ZOU
ABOMEY
2 512
2 068
2 344
2 305
AGBANGNIZOUN
702
544
659
820
BOHICON
5 192
5 040
3 824
4 633
DJIDJA
1 129
979
723
1 181
COVE
1 789
1 710
1 747
2 245
OUINHI
755
776
811
807
ZAGNANADO
1 293
1 186
1 215
2 549
ZA KPOTA
785
660
673
751
ZOGBODOMEY
1 224
990
1 023
1 230
Source : Calcul des auteurs, sur la base des données de la CONAFIL et des projections de la population (INSAE), juin 2019
A contrario, vingt-sept (27) communes affichent un niveau de ressources propres inférieur à 1 000 F CFA par habitant en moyenne sur la période 2014-2017. La situation est davantage critique dans les communes de Sô-Ava, de Lalo, de Toviklin, de Copargo et des Aguégués qui affichent un niveau de ressources propres par habitant inférieur à 500 F CFA sur la même période.
Cette inégalité dans la répartition des RLP se combine avec une faiblesse des transferts et subventions de l’Etat central, dont ni le montant, ni la répartition, ne permettent réellement une action de développement durable. De ce fait, l’offre de biens publics locaux financés sur ressources internes tend à aggraver les inégalités entre les communes. Les communes les plus déshéritées, rurales pour l’essentiel, ne disposent pas des ressources qui leur permettraient d’assurer un fonctionnement minimal dans des conditions acceptables.
Cible 8.3 : Promouvoir des politiques axées sur le développement qui favorisent les activités productives, la création d'emplois décents, l'entrepreneuriat, la créativité et l'innovation et stimulent la croissance des microentreprises et des petites et moyennes entreprises et facilitent leur intégration dans le secteur formel, y compris par l'accès aux services financiers
D’après le BIT, les termes « secteur informel » sont largement utilisés pour désigner cette partie du marché du travail des pays en développement qui absorbe un nombre important de demandeurs d’emploi et de chômeurs, pour la plupart engagés dans des activités indépendantes ou de très petites unités de production. Étant généralement reconnu que l’économie informelle se caractérise par une absence d’identité juridique, de mauvaises conditions de travail, la non adhésion aux systèmes de protection sociale, l’incidence des accidents et maladies liés au travail et une liberté d’association limitée, le fait de produire des statistiques comptabilisant le nombre de personnes concernées permettra certainement d’élargir la base de connaissance sur l’étendue et le contenu des réponses politiques nécessaires.
Ainsi, dans le but de mieux apprécier les progrès vers l’atteinte de la cible 8.3 des ODD, le Bénin a retenu et priorisé deux indicateurs : (i) la proportion de l'emploi informel dans les secteurs non agricoles ; et (ii) le pourcentage des jeunes de 15 à 29 ans occupés par un travail régulier.
S’agissant de la proportion de l’emploi informel dans les secteurs non agricoles, elle s’est établi à 65,6% en 2015. L’emploi informel dans les secteurs non agricoles occupent plus les hommes (72%) que les femmes (60,3%) en 2015.
Tableau 75 : Proportion de l'emploi informel dans les secteurs non agricoles
Département
Situation en 2015
Alibori
64,4
Atacora
46,1
Atlantique
70,7
Borgou
42,4
Collines
81,6
Couffo
51,5
Donga
78,0
Littoral
61,8
Mono
60,5
Ouémé
71,6
Plateau
90,8
Zou
55,4
Ensemble
65,6
Homme
72,0
Femme
60,3
Source : INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
Le département le plus touché par cet emploi est le département du Plateau (90,8%). Il est suivi des Collines (81,6%), de la Donga (78%), de l’Ouémé (71,6%) et de l’Atlantique (70,7%). Ces départements, contrairement aux autres, absorbent un nombre important de demandeurs d’emploi et de chômeurs qui sont, pour la plupart, engagés dans des activités indépendantes ou de très petites unités de production.
S’agissant du pourcentage des jeunes de 15 à 29 ans occupés par un travail régulier, il est de 71,0% et varie d’un département à un autre. Les départements du Zou, de l’Atlantique, de l’Ouémé, du Plateau, du Borgou et du Littoral affichent les plus forts pourcentages de jeunes de de 15 à 29 ans occupés par un travail régulier.
Tableau 76 : Pourcentage des jeunes de 15 à 29 ans occupés par un travail régulier
Département
Situation en 2015
Alibori
63,8
Atacora
55,5
Atlantique
80,3
Borgou
74,9
Collines
63,9
Couffo
68,9
Donga
57,9
Littoral
74,7
Mono
47,2
Ouémé
77,5
Plateau
75,9
Zou
81,9
Ensemble
71,0
Source : INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
Cible 8.5 : D'ici à 2030, parvenir au plein emploi productif et garantir à toutes les femmes et à tous les hommes, y compris les jeunes et les personnes handicapées, un travail décent et un salaire égal pour un travail de valeur égale.
Trois indicateurs ont été priorisés pour apprécier la performance de cette cible de l’ODD 8. Il s’agit : (i) de la rémunération horaire moyenne des salariés ; (ii) du taux de chômage ; et (iii) du taux de sous-emploi visible.
En moyenne, la rémunération des salariés est supérieure au SMIG au Bénin en 2015. La rémunération horaire moyenne est de 2 370,32 FCFA tandis que le Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) est de 40 000 F CFA par mois[1]. La rémunération horaire moyenne est plus élevée chez les femmes salariées (2 781,49 F CFA) que chez les hommes salariés (2 255,71 F CFA). On note également que le travail salarié est mieux rémunéré dans certains départements que dans d’autres.
Le travail salarié est mieux dans le département de l’Atacora que partout ailleurs au Bénin. La rémunération horaire moyenne de ce département (soit 4 487,17 F CFA) est deux fois plus élevée que dans le département de l’Alibori (2 000,50 F CFA) par exemple. Les salariés des départements du Mono et du Couffo sont les moins rémunérés au Bénin avec des rémunérations horaires moyennes respectives de 1 604,29 F CFA et 1 716,74 F CFA.



Tableau 77 : Rémunération horaire moyenne des salariés par département
Département
Hommes
Femmes
Ensemble
Alibori
2 062,39
1 694,65
2 000,50
Atacora
2 651,15
9 193,28
4 487,17
Atlantique
2 170,43
2 250,79
2 187,23
Borgou
2 403,45
1 644,12
2 274,39
Collines
2 174,15
2 501,54
2 242,87
Couffo
1 834,07
1 231,74
1 716,74
Donga
2 170,88
1 257,29
2 012,52
Littoral
2 635,38
3 551,14
2 853,18
Mono
1 624,13
1 526,33
1 604,29
Oueme
2 171,65
1 530,75
2 006,64
Plateau
1 751,25
7 688,76
2 825,84
Zou
2 370,68
3 344,45
2 574,13
Ensemble
2 255,71
2 781,49
2 370,32
Source: INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
La rémunération horaire moyenne augmente globalement avec l’âge du salarié. Ceci traduit la réalité selon laquelle l’expérience ou l’ancienneté dans le service ainsi que les qualifications (ou le niveau d’étude) augmentent avec l’âge du travailleur. En effet, en moyenne, les salariés âgés de plus de 65 ans affichent la rémunération horaire la plus élevée (3 844,56 F CFA) contre une rémunération horaire moyenne de 1 497,18 F CFA pour les salariés dont l’âge est compris entre 20 et 24 ans.
Figure 31 : Rémunération horaire moyenne par âge
Source: INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
Cependant, on observe deux anomalies au niveau des âges d’entrée et de sortie de la vie active. En effet, les salariés de 15 à 19 ans (tranche d’âge légale d’accès au marché du travail) ont une rémunération horaire moyenne très élevée (2 948,14 F CFA) tandis que les salariés de 60 à 64 ans (tranche d’âge légale d’admission à la retraite) ont une rémunération horaire moyenne anormalement faible (2 172,53 F CFA).
La rémunération est positivement corrélée avec le niveau de qualification du salarié. En moyenne, les cadres supérieurs et les cadres moyens perçoivent respectivement 4 762, 23 F CFA et 3 339,52 F CFA par heure tandis que les ouvriers qualifiés et les ouvriers semi qualifiés perçoivent respectivement 2 313,67 F CFA et 1 427,24 F CFA par heure.
Tableau 78 : Rémunération horaire moyenne des salariés par catégorie socioprofessionnelle
Catégorie socio-professionnelle
Hommes
Femmes
Ensemble
Cadre supérieur, ingénieur et assimilé
4 927,92
4 065,48
4 762,23
Cadre moyen, agent de maîtrise
3 550,52
2 643,47
3 339,52
Employé, ouvrier qualifié
2 011,01
3 606,17
2 313,67
Employé, ouvrier semi qualifié
1 396,13
1 544,12
1 427,24
Manœuvre
1 707,72
3 057,15
2 081,04
Source : INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
Cependant, les données laissent présumer d’une discrimination liée au genre. En effet, les femmes salariées de grand niveau de qualification (Cadre supérieur, ingénieur et assimilé, Cadre moyen, agent de maîtrise) sont en moyenne moins rémunérées que les hommes salariés de la même catégorie socio-professionnelle alors que les femmes salariées de faible niveau de qualification sont mieux rémunérées que les hommes de cette catégorie. Par exemple, les cadres supérieurs de sexe féminin perçoivent en moyenne 4 065,48 F CFA par heure contre 4 927,92 F CFA par heure pour les cadres supérieurs de sexe masculin. En revanche, les ouvriers semi qualifiés de sexe féminin perçoivent en moyenne 1 544,12 F CFA contre seulement 1 396,13 F CFA pour les ouvriers semi qualifiés de sexe masculin.
Cette différence de traitement au niveau des cadres supérieurs pourrait s’expliquer par le fait que la proportion des femmes de grand niveau de qualification occupant des postes de responsabilité est relativement faible. Ainsi, les salariés occupant des postes de responsabilité perçoivent des primes et des indemnités qui améliorent leur rémunération globale.
En ce qui concerne le taux de chômage, il représente la proportion de la population active se retrouvant au chômage, c’est-à-dire qui n’a pas d’emploi et qui en recherche un. D’après les données de l’EMICoV 2015, le taux de chômage est relativement faible au Bénin en 2015. Il était de 2,3% en 2015 sur le plan national et cache des disparités régionales et selon le genre.
L’ampleur du phénomène est plus élevée dans certains départements (Littoral, Atlantique, Mono et l’Ouémé) qui affichent des taux largement supérieurs à la moyenne nationale. Les départements du Plateau, de l’Alibori et des Collines sont caractérisés par des taux de chômage inférieurs à 1%. Par ailleurs, sur le plan national, les femmes sont plus touchées par le chômage que les hommes.
La situation du fort taux de chômage dans les départements, particulièrement du Littoral et de l’Atlantique, pourrait s’expliquer, entre autres par fait que ces deux départements présentent, d’après la mentalité de nombre de béninois, des opportunités d’emplois en termes d’offres et de demandes. Par ailleurs, les plus centres universitaires privés comme publics se retrouvent être implantés dans cette partie du pays. Ainsi, à la fin des études universitaires, les actifs diplômés ne retournent plus dans leur localité respective de provenance et préfèrent s’installer à Cotonou et à Abomey-Calavi, à la recherche des meilleures opportunités d’emploi.

Tableau 79 : taux de chômage par département et par sexe
Département/sexe
Situation en 2015
Alibori
0,7
Atacora
1,2
Atlantique
3,8
Borgou
1,8
Collines
0,8
Couffo
1,1
Donga
1,6
Littoral
6,1
Mono
3,3
Ouémé
2,8
Plateau
0,6
Zou
1,5
Masculin
1,7
Féminin
2,8
Ensemble
2,3
Source: EMICOV, Bénin, 2015
D’après les données de World Development Indicators (WDI), sur la période 2015-2018, le taux de chômage global a connu une légère baisse en passant de 2,5% à 2,1%. Cette baisse s’observe tant au niveau des femmes que des hommes. En effet, ce taux reste stable au niveau des femmes entre 2015 et 2016 (2,6%) avant de connaître des baisses successives au cours des années 2017 (2,3%) et 2018 (2,2%). Au niveau des hommes, cette baisse passe de 2,3% en 2015 à 2,2% en 2016 et 2% en 2017 et 2018.
Figure 32 : Evolution du taux de chômage globale tous âges confondus par sexe
Source : World Development Indicators (WDI), juin 2019
En s’intéressant au taux de chômage des 15-24 ans sur la même période, il affiche la même tendance baissière que le taux de chômage tous âges confondus, de même chez hommes que chez les femmes. Toutefois, le taux de chômage au niveau de cette tranche d’âge est le double de celui observé au niveau global sur la période 2015-2018.

Figure 33 : Evolution du taux de chômage des 15-24 ans par sexe
Source : World Development Indicators (WDI), juin 2019
Généralement, les béninois en âge de travailler sont très peu oisifs. Ils arrivent à s’occuper, même si c’est par des emplois précaires et non décents. Le chômage n’étant pas un indicateur précis pouvant permettre de mieux cerner les problèmes d’emploi dans la sous-région en général et au Bénin en particulier, le taux de sous-emploi sera utilisé afin d’apprécier convenablement la problématique. Selon l'Organisation Internationale de Travail (OIT), le sous-emploi global existe si la durée et la productivité de l’emploi sont inadéquates par rapport à un autre emploi possible qu’une même personne est disposée à occuper et capable de faire.
D’après les résultats de l’EMICoV 2015, le niveau de sous-emploi au Bénin reste assez inquiétant et témoigne, non seulement de la difficulté d’obtenir un emploi stable, mais aussi et surtout, d’acquérir un revenu à la hauteur de l’emploi exercé. En effet, le taux de sous-emploi s’est établi à 72,9% en 2015. Autrement dit, plus de 7 personnes sur 10 disposent d’un temps de travail ou d’un revenu inadéquat par rapport à un autre travail qu’il est capable d’exercer.
Figure 34 : Niveau de sous-emploi au Bénin et par département
Source : INSAE, EMICoV 2015, juin 2019
En observant de près les données, on constate que la situation du sous-emploi dans les départements du Littoral, de l’Atlantique et de l’Ouémé est relativement mieux comparativement aux situations nationale et des autres départements.
D’après l’OIT, il existe plusieurs formes de sous-emploi que sont : (i) le sous-emploi visible ; et (ii) le sous-emploi invisible. S’agissant spécifiquement du sous-emploi visible, 39% des actifs du Bénin sont en sous-emploi visible. Autrement dit, près de 4 actifs sur 10 au Bénin ont travaillé pour un nombre d’heures de travail insuffisant ou pour une durée du temps de travail inadéquate, traduisant ainsi la grande problématique de l’accès à un emploi stable et décent au Bénin.
Tableau 80 : Taux de sous-emploi visible par département
Département
Situation en 2015
Alibori
56,7
Atacora
52,2
Atlantique
31,6
Borgou
52,4
Collines
44,7
Couffo
39,0
Donga
50,1
Littoral
25,1
Mono
37,4
Ouémé
24,1
Plateau
36,1
Zou
34,8
Ensemble
39,0
Source : INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
Le sous-emploi visible est plus inquiétant dans la région septentrionale (Alibori, Borgou, Atacora et Donga) que dans la région méridionale (Ouémé, Littoral, Zou et Mono). Les Collines et le Couffo affichent des taux de sous-emploi très proches de la moyenne nationale. Les communes les plus touchées par le phénomène de sous-emploi visible sont Malanvile (88,6%), Matéri (82,6%), Karimama (78,1%), Nikki (76,3%), Ségbéna (73,3%), Tchaourou (71,3%), Toffo (66,9%), Savalou (66,8%), Kalalé (65,0%), Toucountouna (61,5ù), Copargo (60,8%) et Ouinhi (60,0%). Sur le plan national, les femmes sont également plus touchées par le sous-emploi visible (42,8%) que les hommes (35,7%)
Pour ce qui est du sous-emploi invisible, le taux est de 61,8%, traduisant que 61,8% des employés au Bénin sont rémunérés à un revenu horaire insuffisant ou se retrouvent dans une situation de mauvais emploi de leurs compétences professionnelles, avec une productivité du travail inadéquate.
L’agriculture et les services constituent entre 2015 et 2018 les secteurs offrant le plus d’emploi au Bénin. En effet, les emplois dans le secteur de l’agriculture sont au-dessus de 40% alors que ceux dans le secteur des services tendent plutôt vers 40%.



Figure 35 : Evolution de la contribution des secteurs économiques à la création de l’emploi
Source : World Development Indicators (WDI), juin 2019
Cette situation est en corrélation avec la structure de l’économie béninoise où le secteur primaire avec l’agriculture reste prépondérant et celui tertiaire, qui malgré sa faible organisation, crée des emplois et donc de la richesse.
Cible 8.9 : D'ici à 2030, élaborer et mettre en œuvre des politiques visant à développer un tourisme durable qui crée des emplois et met en valeur la culture et les produits locaux
Six indicateurs ont été priorisés pour apprécier la performance de cette cible 8.9 de l’ODD 8. Il s’agit : (i) du PIB directement tiré du tourisme, en proportion du PIB total ; (ii) de la croissance du PIB directement tiré du tourisme ; (iii) du nombre d'emplois dans les secteurs du tourisme, en proportion du nombre total d'emplois ; (iv) du taux de croissance des emplois dans les secteurs du tourisme ; (v) du taux de croissance du nombre d'arrivées touristiques ; et (vi) de la part du budget du tourisme dans le Budget général de l'Etat.
Tableau 81 : Proportion des emplois dans le secteur du tourisme
Département
Situation en 2015
Alibori
0,4
Atacora
2,0
Atlantique
6,0
Borgou
1,7
Collines
2,1
Couffo
1,6
Donga
5,5
Littoral
6,6
Mono
4,9
Ouémé
9,5
Plateau
4,8
Zou
3,7
Ensemble
4,3
Source: EMICOV, Bénin, 2015
D’après les données de l’EMICoV 2015, les emplois du secteur du tourisme représentent 4,3% de tous les emplois en 2015. Cette proportion cache des disparités d’un département à un autre et selon le sexe. La proportion des emplois dans le secteur du tourisme est de 4,6% pour les hommes et de 3,9% chez les femmes.
Le poids du tourisme dans la création d’emploi est relativement très élevé dans les départements de l’Ouémé (9,5%), le Littoral (6,6%), dans l’Atlantique (6%) et dans la Donga (5,5%). Le tourisme contribue très faiblement à la création de l’emploi dans les départements de l’Alibori (0,4%), du Couffo (1,6%) et du Borgou (1,7%). En 2015, la proportion d’emplois créés par le secteur du tourisme était très faible (2%), malgré la présence dans ce département de plusieurs atouts touristiques tels que le Parc de la Pendjari, la chute de Tanekas etc…
Par ailleurs, en référence à la situation de 2011, le taux de croissance des emplois dans le secteur du tourisme s’est établi à-21,7% en 2015, traduisant la destruction ou la perte de plusieurs emplois dans le secteur du tourisme entre 2011 et 2015. Cette destruction ou perte d’emploi dans le secteur du tourisme a touché plus les femmes que les hommes. Ainsi, la chute constatée a été essentiellement due à la baisse drastique des emplois occupés par des femmes qui ont connu une baisse de 43,8% tandis que le nombre d’emplois occupés par des hommes a augmenté de 9,6%.
Tableau 82 : Taux de croissance des emplois dans le secteur du tourisme en 2015
Département/sexe
Situation en 2015
Alibori
-33,0
Atacora
-12,0
Atlantique
-29,6
Borgou
38,2
Collines
-38,6
Couffo
-28,2
Donga
-50,4
Littoral
-60,4
Mono
-47,9
Ouémé
56,5
Plateau
56,3
Zou
12,0
Homme
9,6
Femme
-43,8
Ensemble
-21,7
 Source: EMICOV, Bénin, 2015
Les emplois du secteur du tourisme ont chuté dans la plupart des départements du Bénin sauf dans l’Ouémé, le Plateau et le Zou qui ont connu des augmentations respectives de 56,5% ; 56,3% et 12,0% du nombre d’emplois créés par le secteur. Sur la période, les emplois du secteur ont chuté de plus de 40% dans les départements du Littoral, de la Donga et du Mono. 
En ce qui concerne le nombre d’arrivées de touristes au Bénin, entre 2014 et 2017, d’après les données de World Development Indicators (WDI), il a connu une évolution continue. En effet, le nombre d’arrivées de touristes enregistré est passé de 242.000 en 2014 à 281.000 en 2017 soit un accroissement de 13,9% sur ces trois ans.
En considérant l’accroissement annuel du nombre d’arrivées touristiques, on constate qu’il affiche une évolution erratique marquée par une tendance globalement haussière entre 2014 et 2017. En effet, le taux d’accroissement du nombre d’arrivées touristiques s’est établi à 5% en 2017 contre 4,5% en 2016, 51% en 2015 et 4,5% en 2014.
Figure 36 : Evolution du taux d’accroissement du nombre d’arrivées touristiques
Si les arrivées de touristes africains sont les plus observées, il faut aussi souligner que la route reste le moyen de transport le plus utilisé par les touristes, ces derniers venant, pour plus de la moitié, au Bénin en tourisme d’affaire ou professionnel.
Tableau 83 : Quelques statistiques sur le tourisme international au Bénin
Année
Total arrivé
Arrivés par région
Moyens de transport
Type de tourisme
Africaine
Non Africaine
Avion
Route
Eau
Affaire ou professionnel
Agrément
2013
231 000
134 000
91 000
107 000
103 000
20 000
114 000
117 000
2014
242 000
137 000
107 000
98 000
126 000
19 000
124 000
118 000
2015
255 000
154 000
100 000
100 000
134 000
21 000
136 000
119 000
2016
267 000
152 000
116 000
106 000
139 000
22 000
140 000
127 000
2017
281 000
157 000
124 000
112 000
145 000
23 000
145 000
136 000
Source : http://statistics.unwto.org/news/2018-03-23/methodological-notes-tourism-statistics-database-2018-edition
Cette évolution reste liée aux efforts faits dans le secteur touristique afin de faire du Bénin, un pays attractif. En effet, l’évolution de la part du budget du tourisme dans le Budget Général de l'Etat (%) a connu une tendance haussière, passant de 0,11% en 2015 à 1,28% en 2018, soit plus du double sur la période 2015-2018.





Tableau 84 : Evolution des indicateurs relatifs au tourisme
Indicateurs
2015
2016
2017
2018
PIB directement tiré du tourisme, en proportion du PIB total
-
-
-
-
Taux de croissance du PIB directement tiré du Tourisme
-
-
-
-
Nombre d'emplois dans les secteurs du tourisme, en proportion du nombre total d'emplois
 4,3
-
-
-
Taux de croissance des emplois dans les secteurs du tourisme
 -21,7
-
-
-
Taux de croissance du nombre d'arrivées touristiques (%)
5,1
4,5
5,0
 -
Part du budget du tourisme dans le Budget Général de l'Etat (%)
0,11
-
0,35
1,28 
Sources : MSTC, World Development Indicators (WDI), juin 2019
Globalement, de l’avis acteurs de la société civile, l’un des progrès majeurs réalisés au cours de la période 2015-2018 porte sur l’avancée du rang du Bénin dans le classement doing business. Il s’en est suivi la réduction progressive de l’informel, l’adoption de la loi sur la promotion des personnes handicapées et la création de l’Agence Nationale de Promotion du Tourisme.
Tableau 85 : Score et rang du Bénin dans les rapports Doing Business de 2015 à 2018

2015
2016
2017
2018
Score
46,48
48,41
49,44
51,29
Rang
162ème
158ème
155ème
151ème
Source : Banque Mondiale, Rapport Doing Business 2015, 2016, 2017, 2018
Toutefois, différents problèmes ont été soulignés face au progrès entre 2015 et 2018. Il s’agit, entre autres, du vote des lois non favorables au travail décent, notamment la loi sur l’embauche et celle sur les collaborateurs extérieurs. Pour les acteurs de la société civile, ces lois, non inclusives, sont non pertinentes et non adaptées au contexte béninois.
Dans le cadre de la mise en œuvre de l’ODD 8, la période 2015-2018 a été marquée par : (i) l’élaboration d’un cadre réglementaire unifié pour les opérations du Partenariat Public-Privé ; (ii) la mise en œuvre d’une réforme fiscale comprenant des mesures en faveur de l’investissement privé ; (iii) l’amélioration du climat des affaires ; (iv) l’adoption et la promulgation de la loi d’orientation sur les PME ; (v) la mise en œuvre d’une réforme des procédures de contrôle fiscal et clarification des droits et obligations en matière de contentieux fiscaux ; (vi) la mise en œuvre des mesures incitatives (administratives, fiscales) pour l’exportation ; (vii) l’instauration d’un mécanisme d’appui au financement en vue de promouvoir l’investissement privé ; (viii) la mise en place de fonds de garantie pour le financement durable et productif des initiatives touristiques et culturelles privées ; (ix) la mise en place d’une politique de protection sociale pour tous (loi portant création de l’ARCH avec l’ANPS et les ADPS) ; (x) la réforme de la gouvernance de la CNSS et du FNRB ; (xi) l’adoption d’une loi portant statut particulier des agents de la fonction publique territoriale ; (xii) l’adoption d’une loi portant régime financier des collectivités territoriales ; (xiii) l’adoption de la loi n°2017-05 du 29 août 2017 sur l’embauche ; (xiv) la relecture de la loi portant statut des agents de l’état ; (xv) la réforme de l’organisation des concours d’entrée dans la fonction publique avec l’organisation de plusieurs concours de recrutement sans contestations et dans la transparence au profit de plusieurs administrations dont 7 449 agents de l’État (7 182 enseignants), 80 auditeurs de justice ; 200 assistants de recherche au profit des universités.
De l’avis des acteurs de la société civile, les politiques sont mises en place au niveau national, mais restent insuffisamment mises en œuvre. Au niveau local, on souligne une divergence de pratique ainsi qu’un manque de synergie. Plusieurs points positifs sont à mettre à l’actif des OSC : (i) la promotion des filières porteuses; (ii) l’émergence des femmes entrepreneuses; (ii) l’organisation des conférences publiques avec les jeunes sur « les opportunités d’emploi qu’offre le PAG et les métiers de l’avenir » à Cotonou; (iv) l’organisation des foires de proximité pour la promotion et la consommation des produits locaux; (v) la tournée nationale pour sensibiliser et former les entrepreneurs béninois sur la participation au Programme Tony Elumelu 2018; (vi) la promotion des technologies de l’information et de la communication dans la gestion de besoins quotidiens (formation en informatique, gestion informatique des PME), de même que la valorisation des jeunes qui innovent dans les secteurs de l’agriculture, de l’artisanat et du tourisme ; et (vii) les initiatives d’accompagnement ou d’assistance aux personnes en situation de handicap ou marginalisées.



Encadré 2 : Contribution de l’ONG AIOODD-Bénin à l’atteinte de la cible 8.3
Pour l’atteinte de cette cible, AIODD-Bénin, en collaboration avec le Réseau National des Lauréats du Programme Tony Elumelu Entrepreneruship (Renateb), a lancé en 2018 une tournée nationale de sensibilisation de la jeunesse béninoise pour prendre part au Programme Tony Elumelu Entrepreneruship (TEP). L’objectif était de permettre aux jeunes béninois d’être informé de cette opportunité, de les former sur la manière de candidater et les aider à soumettre leur candidature. Et aussi de les sensibiliser sur l’appropriation des Objectifs de Développement Durable (ODD) qui devrait être en lien avec chaque idée de projet soumis. Une tournée dans une dizaine de communes à travers le Bénin et sur les réseaux sociaux a permis de multiplier par 9 la participation du Bénin à l’édition 2018 du programme TEF.
Au terme du processus, 38 entrepreneurs ont été sélectionnés au Bénin contre 20 en 2017, 4 en 2016 et 10 en 2015. Ces derniers ont suivi un programme de formation de 12 semaines meublé de coaching et de mentoring et reçu à la fin 5000 dollars pour démarrer leurs activités. Toutes ces entreprises sont formalisées et ont déjà créé une cinquantaine d’emplois.
Inspiré par le fondateur de la philosophie économique Africapitalism Tony Elumelu et sa vision de créer une génération d’entrepreneurs africains, la Fondation Tony Elumelu (FTE) a été fondée en 2015 et est devenue la principale entreprise philanthropique axée sur l'entrepreneuriat en Afrique. Dans la poursuite de ses objectifs, la Fondation a mis en œuvre l’un des programmes d’entrepreneuriat les plus ambitieux du continent. Il s’agit du programme d’entreprenariat TEF, un engagement de 100 millions de dollars sur 10 ans pour identifier, former, encadrer et financer 10 000 entrepreneurs pour le développement économique de l'Afrique. Son but est d’investir dans des entreprises qui généreront au moins 1 000 000 de nouveaux emplois et contribueront au moins à 10 milliards de dollars de nouveaux revenus annuels en Afrique. La Fondation, qui en est à sa quatrième édition, a permis ainsi à 4 460 entrepreneurs de réaliser un investissement total de 20 millions USD. 4 000 ont été financés directement par la Fondation, tandis que 460 ont été financés par ses partenaires.
Source : AIODD-Bénin, juillet 2019

Spécifiquement pour le compte du sous-secteur touristique, les actions engagées ont visé à accroître les offres touristiques et s’inscrivent dans la logique de faire du tourisme une filière de développement économique, créatrice de richesses et d’emplois et un outil du rayonnement du Bénin. Il s’agit notamment de : (i) la poursuite des activités de restructuration et de mise en valeur du parc W/Bénin conformément au plan d’affaires de African Parks Network (APN) ; (ii) la réalisation des travaux d’aménagement à Ganvié, notamment le marché flottant, le balisage de chenaux, le collège, l’embarcadère ; (iii) le démarrage effectif des travaux de construction des équipements muséographiques et touristiques dans les villes d’Abomey, d’Allada, de Porto-Novo et de Ouidah ; (iv) la poursuite du développement des contenus muséographiques et l’assemblage des collections d’objet pour les différents musées ; (v) la réalisation des études techniques de l’aménagement d’une station balnéaire d’exception à Avlékété ; (vi) le développement de l’offre touristique de la destination Bénin ; (vii) la réalisation des travaux de construction de la clôture du site du Belvédère de Kpindji à Bopa ;  (viii) la construction des ouvrages d'assainissement et travaux confortatifs au niveau de la voie d'accès au belvédère de Bopa ;(ix) l’aménagement du site naturel du palmier à 7 troncs et 9 branches ; (x) l’achèvement des travaux d’aménagement de la voie d'accès à l'embarcadère de Djassin et la viabilisation du site ; (xi) l’exécution des travaux de réhabilitation du site des chutes de Kota et Tanougou, (xii) le repositionnement du parc Pendjari en safari de Afrique de l’Ouest ; (xiv) le démarrage des travaux du Projet "Réinventer la Cité Lacustre de Ganvié" ; (xv) le démarrage des travaux de construction du musée de l'épopée des Amazones et des rois de Danhomè et d'une arène du vodun non masqué à Abomey, du musée « Toussaint LOUVERTURE », du musée international des arts et civilisations du vodun/orisha et d'une arène de vodoun masqué à Porto-Novo ; (xvi) le lancement des travaux de la reconstruction à l'identique de la Cité historique de Ouidah ; et (xvii) le démarrage de l’aménagement d'une station balnéaire à Avlékété.
Dans le cadre de la promotion de l’emploi, notamment de l’emploi décent, il a été procédé à l’élaboration d’une Politique Communale pour l’Emploi au profit de dix communes et l’actualisation de la Politique Nationale pour l’Emploi.
Par ailleurs, la période 2015-2018 a été marquée par la mise en œuvre d’un certain nombre de projets et programmes. Il s’agit : (i) du Projet d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Insertion des Jeunes (AFPIJE); (ii) le Projet Emploi des Jeunes (PEJ) financé par la Banque Mondiale ; (iii) le projet de promotion de l’employabilité et de l’entrepreneuriat des jeunes financé par le PNUD; (iv) le Projet de promotion de l’emploi par l’entreprenariat des femmes et des jeunes financé pat l’OIF ; (v) le Programme Sèmè City; (vi) le Programme d’appui aux Start-Up ; (vi) les projets de la Fondation de l’Université de d’Abomey-Calavi pour les Start Up Valley.
Grâce, entre autres, aux TIC, différentes interventions de l’Etat et aux sens de créativité de certains jeunes pour la recherche de solutions innovantes, le Bénin dispose de 32 Startup. Ces derniers bénéficient de différents appuis pouvant leur permettre de croître rapidement pour devenir des entreprises au sens classique.
Pour les OSC, on note une évolution politique notable de 2015 à 2018, notamment avec la mise en place de nombreux documents et cadres nécessaires à la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation de l’ODD 8. Toutefois, il existe de véritables problèmes en termes d’application de ces politiques au niveau départemental et communal.








Encadré 3 : Mais au fait, c’est quoi une startup ?
Une Startup est une organisation temporaire à la recherche d’un business model industrialisable et permettant une croissance exponentielle (Steve Blank). On retrouve d'autres personnalités reconnues avec des définitions proches et des mots clés similaires (croissance, incertitude, temporalité). Et même si elles sont très "américaines", elles n'en restent pas moins vraies.
La différence fondamentale est qu'une entreprise est organisée pour exécuter et optimiser un Business Model qui fonctionne, alors qu'une startup est organisée pour en trouver un.
Mais, comment savoir quand on a affaire à une startup ou non ? Voici les différentes caractéristiques d'une startup.
Temporaire : une startup n’a pas vocation à le rester toute sa vie. Être startup n'est pas un objectif en soi. Une startup est une phase particulière, et le principal objectif est d'en sortir. Il s’agit comme le dit Peter Thiel, célèbre entrepreneur de la Silicon Valley, de passer de 0 à 1, de transformer une idée en entreprise, de trouver une nouvelle manière de rendre un service, de créer de la valeur.
Recherche d'un Business Model : Être une startup c'est apporter de la valeur à des clients avec un produit ou un service que personne n'a jamais fait avant. Et l'enjeu d'une startup est de trouver et construire le Business Model qui va avec. Un Business Model qui n'est pas calqué sur une structure existante, et qui n'est pas forcément évident au lancement de la structure.
Industrialisable/Reproductible : Cela signifie qu’une startup cherche un modèle qui, une fois qu'il fonctionne (i.e. on gagne de l’argent et on sait comment on en gagne), peut être réalisé à plus grande échelle, dans d'autres lieux, ou être fait par d’autres. L'exemple le plus parlant est celui d'Airbnb ou d'Uber, qui se déploient ville par ville à partir d'une recette qui fonctionne (même s'il faut bien entendu parfois l'adapter aux contextes locaux).
Scalable (pour une croissance exponentielle) : L'autre caractéristique d'une startup, c'est sa scalabilité (sa capacité de croissance rapide et de mise à l’échelle rapide). Le fait d'avoir un modèle où plus le nombre de clients augmente, plus les marges sont grandes. Les premiers clients coûtent plus chers que les suivants, et ainsi de suite. C'est cette scalabilité, et le fait que le modèle soit reproductible, qui permet aux startups de grandir si vite et si loin, en peu de temps, comparativement à une entreprise plus classique.
Ce n'est donc pas parce que votre boite est cool, que les salariés portent des baskets et des sweats à capuches, ou encore parce qu'il y a un baby-foot dans la salle de pause, que vous êtes une startup. Travailler dans le numérique ne suffit pas non plus. A Rennes par exemple, on voit souvent Mediaveille ou Niji citées comme des startups (parce qu'elles grandissent rapidement et quelles sont "dans le numérique"), mais ce n'est pas le cas. Leur business est en effet basé sur la vente de prestations de service. Ce qui veut dire que plus ils ont de clients et de missions, plus il faut recruter (presque proportionnellement). Mediaveille et Niji ne sont donc pas à la recherche d'un Business Model, et ne sont pas scalables. Ce ne sont pas des startups et ce n'est pas grave. Ce sont de très belles boîtes rennaises, qui créent de l'emploi, contribuent à rendre l'écosystème local attractif ! Que voulez-vous de plus ? Être une startup n'est pas une fin en soi !
Si vous voulez entreprendre, ne cherchez donc pas à créer une startup à tout prix, ou à vouloir en être une, juste parce que c'est tendance. Créer la meilleure structure qui permettra de répondre aux problèmes que vous voulez résoudre. Et n'oublier pas de trouver un modèle économique en cours de route !

 





La gouvernance publique affecte la mobilisation fiscale. Ainsi, de nombreux pays en développement sont affectés par une forte corruption qui va à l’encontre de la mobilisation de ressources fiscales. Cette relation négative entre corruption et mobilisation fiscale a été vérifiée notamment par Ghura, 1998 et Attila, Chambas, Combes, 2006. La nature de la relation entre niveau de la fiscalité centrale et locale s’avère également délicate à évaluer.
Les résultats obtenus par Chambas et Duret (2001) tendent à faire apparaître une relation de complémentarité, c’est-à-dire une bonne mobilisation fiscale centrale serait favorable à la mobilisation de ressources locales ; inversement, une médiocre mobilisation fiscale centrale serait défavorable à la mobilisation de ressources fiscales locales. Cependant, des travaux complémentaires demeurent nécessaires.
La pauvreté est un facteur défavorable à la mobilisation de ressources fiscales (Chambas, 2005 ; Brun, Chambas et Combes, 2004). D’une manière générale, une forte inégalité et une situation de grande pauvreté éventuellement combinées avec d’autres facteurs (fragmentation ethnique, divisions religieuses, …) tendent à entraîner une instabilité politique et l’apparition de régimes prédateurs où une partie importante de la population, généralement les plus pauvres, se trouve être exploitée par une minorité favorisée (Alesina et Perotti, 1994). Outre son effet néfaste sur la croissance, l’instabilité politique et les violences qui peuvent y être associées sont autant de facteurs de refus de l’impôt (Frey, Stutzer et Benz, 2001 ; Acemoglu et Robinson, 2001).
Les inégalités et la pauvreté affectent le civisme fiscal, donc la capacité de l’Etat à prélever et à redistribuer. L’impôt central, et par extension l’impôt local apparaissent alors illégitimes ce qui incite à la fraude et à l’évasion fiscale. Selon Bayard (1989), la fraude fiscale constituerait alors « la seule réponse pertinente à l’arbitraire et à l’incurie des Etats ». La faiblesse extrême des revenus et un nombre élevé de pauvres constituent des obstacles à la mobilisation fiscale (exonérations, coûts de prélèvement exorbitants, …).
De manière plus générale, afin d’échapper à la pauvreté, ou au moins de survivre, les pauvres cherchent à s’engager dans des activités non enregistrées (Schneider, 2003). Malgré le développement de techniques fiscales de plus en plus adaptées au défi posé par ces activités informelles, une forte informalisation de l’économie induite par une grande pauvreté détériore la capacité de mobilisation des ressources publiques (Araujo-Bonjean et Chambas, 2004).
Figure 37 : Situation des emplois vulnérables au Bénin de 2015 à 2018
World Developpment Indicators (WDI), juin 2019
La plus grande contrainte en matière d’emploi au Benin est la vulnérabilité des emplois. En effet, près de 09 béninois sur 10 ont des emplois vulnérables entre 2015 et 2018. Ce niveau de vulnérabilité des emplois contracté reste plus important au niveau des femmes (plus de 94%) que chez les hommes (près de 82%). Cette vulnérabilité des emplois tient sa source dans la part importante que constituent les emplois précaires. En effet, beaucoup de structures tiennent compte du gap entre les demandes et les offres, combinés à leurs difficultés pour exploiter, ou sous-employer la main d’œuvre à disposition.
Par ailleurs, les politiques nationales sont mieux informées lorsque l’ampleur du travail informel et les conditions présentes dans ces schémas d’emploi sont connues. Les informations sur le marché du travail dans le pays portent généralement sur le volume de travail disponible ou non, en utilisant des statistiques générales d’emploi et de chômage. Il manque les détails des différentes couches et formes de travail précaire. Cette situation résulte d’une mauvaise répartition des ressources de main-d’œuvre ou d’un déséquilibre fondamental entre le travail et les autres facteurs de production au Bénin.
Les déterminants du fort niveau de sous-emploi noté sont multiples. Toutefois, ces déterminants sont gouvernés par différents facteurs dont, entre autres : (i) la non mise en valeur des potentialités dans chaque commune ; et (ii) la non incitation des emplois liée à ces potentialités dont le pays dispose au niveau de chaque commune de chaque département ; (iii) la destruction ou la perte de l’emploi dans le secteur du tourisme.
Certes, des efforts sont faits dans l’identification des axes de créations d’emplois au niveau de chaque commune via la mise à disposition de document de politique de promotion de l’emploi au niveau communal, mais des efforts restent cependant à faire pour leur mise en œuvre.
Par ailleurs, au regard des préoccupations de chômage, de sous-emploi et de perte ou destruction d’emploi, il s’impose de s’interroger sur l’employabilité de l’ensemble des actifs béninois. En effet, l’OIT définit l’employabilité comme « l’aptitude de chacun à trouver et conserver un emploi, à progresser au travail et à s’adapter au changement tout au long de la vie professionnelle ». Au regard de cette définition, il est aisé de conclure que l’employabilité ne concerne pas seulement les chômeurs, mais également les actifs occupés, pour qui l’employabilité se traduit par leur capacité à s’adapter au sein de leur entreprise aux différents missions, équipes de travail, projets, mais également à leur capacité à envisager une réorientation et/ou un changement d’emploi en interne ou externe à l’entreprise.
Rejoignant largement celle de l’OIT, le CEDEFOP définit l’employabilité comme étant « la combinaison des facteurs qui permettent aux individus de se préparer et dʼaccéder à lʼemploi, de sʼy maintenir, et de progresser au cours de leur carrière. » Lʼemployabilité dʼun individu dépend : (i) de ses atouts personnels, notamment lʼadéquation des savoirs et compétences ; (ii) de la manière dont il présente ces atouts sur le marché de lʼemploi ; (iii) contexte social et de lʼenvironnement (par ex. aides et dispositifs de mise à jour et de validation des savoirs et compétences) ; ainsi que (iv) du contexte économique.
Au regard de ces deux définitions, McQuaid et Lindsay (2005) ont proposé un modèle d’analyse de l’employabilité qui comprend une série de facteurs regroupés dans des groupes et sous-groupes de facteurs et appartenant à 3 grandes catégories ou dimensions. Il s’agit : (i) des facteurs individuels ou facteurs personnels intrinsèques ; (ii) des facteurs périphériques ou circonstances personnelles ; et (iii) des facteurs externes qui sont liés à l’environnement économique, politique, juridique, institutionnel, à la structuration du marché du travail, etc.
C’est au niveau des caractéristiques individuelles, qu’il s’agisse des savoir-faire, des capacités et savoir-être ; donc des ressources personnelles des individus, et par essence modifiables et évolutives, que se situe la plus grande partie des débats actuels. Ce sont des traits de personnalité, des buts, des motivations ainsi que des préférences qui sont fortement valorisées sur le marché de l’emploi, à l’école et dans beaucoup d’autres domaines (…). Ils sont un mix de dispositions, de compréhensions, de caractéristiques et de pratiques. (Heckmann et Kautz). Ils peuvent donc être considérés comme étant des qualités, des capacités, des attitudes, etc. d’un individu, nécessaires pour réussir sur son lieu de travail (et dans sa vie privée). Ils sont complémentaires aux autres types de « savoirs ou compétences », incluant notamment les « savoirs » spécifiques au métier ou à la profession ainsi qu’aux « savoirs » dits fondamentaux ou fonctionnels (lecture, écriture, calcul, TIC).
Une analyse minutieuse des différents curricula de formation au Bénin révèle une quasi absence des savoir-faire et savoir-être dans lesdits curricula à tous les niveaux du système éducatif et de formation. Dès lors, les apprenants ne sont préparés en rien aux réalités du marché de travail alors que lesdits savoirs (ou compétences) sont importants pour tout type de travail et à tous les niveaux et mettent un accent sur l’esprit d’entreprenariat, particulièrement au niveau des capacités méthodologiques et psycho-sociales ainsi que des savoir-faire professionnels de haut niveau. Ainsi, il appartient en général au système d’éducation et de formation d’intervenir au niveau de ces facteurs en procédant à une actualisation ou à une révision des curricula de formation en travaillant davantage d’employabilité de par son adaptation au contexte béninois. 
Aussi, d’après le modèle de McQuaid et Lindsay (2005), notamment au niveau des facteurs extrinsèques, un accent est-il mis sur l’importance de l’impact du contexte familial et de son environnement social plus large de l’individu sur son employabilité. Les attitudes et les comportements des membres de la famille et de l’entourage direct face au travail, ainsi que la place et la valeur accordée au travail, a une influence sur les choix d’éducation et de formation ainsi que des attitudes de l’individu.
Enfin, selon le même modèle, l’état de santé physique et psychique, la mobilité géographique ainsi que la flexibilité des chercheurs d’emploi constituent des facteurs importants dans le parcours vers un emploi.
Les défis auxquels la protection sociale doit faire face ont été énumérés dans le diagnostic qui conduit à l’occasion de l’Elaboration de la PHPS. Au regard de l’analyse contextuelle du dispositif actuel de protection sociale au Bénin, les défis à relever pour une meilleure efficacité de ce dispositif  sont relatifs à : (i) l’amélioration du niveau de vie des ménages les plus pauvres ; (ii) la réduction de la malnutrition ; (iii) l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base des plus vulnérables ; (iv) le renforcement des services d’actions sociales auprès des groupes vulnérables ; (v) la consolidation des régimes de sécurité sociale ; (vi) l’extension de la sécurité sociale aux couches les plus vulnérables notamment les acteurs du secteur informel et du monde rural ;  (vii) le renforcement du cadre législatif et règlementaire, des capacités institutionnelles et du financement de la protection sociale.
Afin d’éviter des coûts économiques et sociaux excessifs, qui proviendrait de la mobilisation d’un niveau de RLP non optimal, le choix d’un objectif de niveau de recettes locales doit reposer sur un processus d’optimisation. Une telle optimisation peut s’opérer à travers une analyse se situant dans le cadre d’un concept d’espace budgétaire. Il est alors possible d’évaluer de manière comparative le recours entre toutes les ressources qu’un Etat peut mobiliser. Pour mener à bien les analyses nécessaires à cette optimisation, il conviendrait de disposer de données statistiques sur des variables comme, par exemple, le coût de mobilisation de différentes ressources de l’espace budgétaire ainsi que sur les coûts de collecte des diverses catégories de RLP. Une évaluation des distorsions économiques et des effets sur la pauvreté des RLP serait aussi utile.
Par ailleurs, le défi de la territorialisation des stratégies de promotion de l’emploi et de valorisation des potentialités locales s’avère important afin de réduire le chômage et le sous-emploi. Pour y parvenir, il faudra améliorer le système d’information sur le marché de travail, promouvoir une adéquation des offres de formation aux besoins du marché de travail et contenir l’exode rural.
En outre, une plus grande importance doit être davantage accordée au secteur du tourisme. Ainsi, l’ambition du gouvernement de restaurer le Parc de Pendjari et de promouvoir le tourisme devrait permettre d’améliorer la situation du chômage au Bénin.
Aussi, reviendra-il aux gouvernants de procéder à des réajustements des curricula de formation en les adaptant aux réalités et contraintes du marché de travail. Au ce sujet, il sera question, pour les acteurs de l’éducation et de la formation d’intervenir de procéder à une actualisation ou à une révision des curricula de formation en travaillant davantage sur le concept d’employabilité de par son adaptation au contexte béninois. 
Pour les OSC, au regard des problèmes qui se posent à la mise en œuvre de l’ODD8, il est nécessaire que les gouvernants puissent veiller à la promotion de l’inclusion sociale en associant toutes les parties prenantes (départementaux, communaux) dans le but de respecter le principe « ne laissez personnes » (personnes en situation d’handicape, personnes atteintes de l’albinisme, jeunes orphelins…). Ainsi, en terme de stratégies locales, elles proposent de : (i) identification des enfants risquant d’être exploités et forcés à travailler et leur assurer une éducation de base, incontournable dans toute politique de renforcement de l’employabilité des jeunes et des femmes ; et (ii) mettre en place des conditions devant garantir un environnement de travail décent, sûr et sécurisé.
Somme toute, le PIB par personne employée a connu une croissance continue entre 2015 et 2018 (de 0,7% à 2,57%) en lien avec la croissance de la force de travail dans le pays. Quant aux ressources propres au niveau des communes, elles restent faibles malgré les potentialités assez diversifiées de chacune d’elle. Ces ressources propres à l’exception de Cotonou (14.134FCFA) ne dépassent pas 3.000FCFA.
La proportion de l’emploi informel dans les secteurs non agricoles s’est établie à 65,6% en 2015 et ce type d’emploi occupe plus les hommes que les femmes en 2015. S’agissant du pourcentage des jeunes de 15 à 29 ans occupés par un travail régulier, il est de 71,0%. En moyenne, la rémunération horaire est de 2 370,32 FCFA. La rémunération horaire moyenne est plus élevée chez les femmes salariées (2 781,49 F CFA) que chez les hommes salariés (2 255,71 F CFA) et est positivement corrélée avec le niveau de qualification du salarié.
En moyenne, les cadres supérieurs et les cadres moyens perçoivent respectivement 4 762, 23 F CFA et 3 339,52 F CFA par heure tandis que les ouvriers qualifiés et les ouvriers semi qualifiés perçoivent respectivement 2 313,67 F CFA et 1 427,24 F CFA par heure.
D’après les données de l’EMICoV 2015, le taux de chômage est relativement faible au Bénin en 2015. Il était de 2,3% en 2015 sur le plan national et cache des disparités régionales et selon le genre. S’agissant spécifiquement du sous-emploi visible, 39% des actifs du Bénin sont en sous-emploi visible, traduisant ainsi la grande problématique de l’accès à un emploi stable et décent au Bénin.
Notons qu’en lien avec la structure de l’économie béninoise, l’agriculture et les services sont les secteurs offrant le plus d’emplois entre 2015 et 2018. En ce qui concerne le secteur touristique, monopolisant actuellement l’attention gouvernementale, les emplois de ce secteur représentent 4,3% de tous les emplois en 2015. Par ailleurs, en référence à la situation de 2011, le taux de croissance des emplois dans le secteur du tourisme s’est établi à-21,7% en 2015.
En ce qui concerne le nombre d’arrivées de touristes au Bénin, entre 2014 et 2017, d’après les données de World Development Indicators (WDI), il a connu une évolution continue, passant de 242.000 en 2014 à 281.000 en 2017 soit un accroissement de 13,9% sur ces trois ans. En considérant l’accroissement annuel du nombre d’arrivées touristiques, on constate qu’il affiche une évolution erratique marquée par une tendance globalement haussière entre 2014 et 2017.
Si les phénomènes de corruption, d’inégalités et de vulnérabilité des emplois, de même que l’employabilité des actifs constituent des contraintes à l’atteinte de l’ODD 8, l’obtention d’une croissance soutenue reste transversale à l’amélioration des conditions de l’ensemble des autres secteurs.




[1] Selon l’article 142-143 du Code du Travail, le nombre légal d’heures de travail est de 40 heures par semaine. En effet, on peut en déduire que le SMIG est 250 F CFA/Heure.








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