RAPPORT ALTERNATIF DE SUIVI DE LA MISE EN ŒUVRE DE L’AGENDA 2030 AU BENIN, EDITION 2019 (02)
1.
POPULATION
Le
développement durable des États repose sur le respect des principes d’égalité
et de dignité des personnes. Lutter contre la pauvreté, assurer à tous un accès
au soin et à la nourriture, garantir une éducation de qualité et l’égalité
entre les sexes sont les prérequis nécessaires à une société égalitaire et
durable.
|
Cible 1.2 : D’ici à 2030, réduire de moitié au moins la
proportion des hommes, femmes et enfants de tous âges vivant dans la pauvreté
dans toutes ses dimensions selon les définitions nationales.
Cible 1.3 : Mettre en place des systèmes et mesures de
protection sociale pour tous, adaptés au contexte national, y compris des
socles de protection sociale, et faire en sorte que, d’ici à 2030, une part
importante des pauvres et des personnes vulnérables en bénéficient
Cible 1.4 : D’ici à 2030, faire en sorte que tous les
hommes et les femmes, en particulier les pauvres et les personnes
vulnérables, aient les mêmes droits aux ressources économiques et qu’ils
aient accès aux services de base, à la propriété foncière, au contrôle des
terres et à d’autres formes de propriété, à l’héritage, aux ressources
naturelles et à des nouvelles technologies et des services financiers adaptés
à leurs besoins, y compris la microfinance
|
Cible
1.2 : D’ici à 2030, réduire de moitié au moins la proportion des hommes,
femmes et enfants de tous âges vivant dans la pauvreté dans toutes ses
dimensions selon les définitions nationales.
En absence
de données récentes sur la situation de la pauvreté au Bénin, les données des
années 2011 et 2015 ont été analysées afin d’apprécier l’évolution de la
pauvreté sur la période 2011-2015. Il s’agit de la situation de la pauvreté
monétaire et de la pauvreté non monétaire.
En termes
monétaires, on note une
augmentation de la pauvreté sur la période 2011-2015 et sur chacune avec une
variation de 3,89 points. En effet, l’incidence de la pauvreté monétaire s’est
accrue pour s’établir à 40,08% en 2015 contre 36,19% en 2011. Quant à l’indice
de sévérité de la pauvreté (P2), il s’est accru, passant de 0,039 à 0,115 en
2015.
Le
caractère rural de la pauvreté monétaire demeure une constante dans le temps.
Sur la période 2011-2015, les ménages ruraux sont plus touchés par la pauvreté
que les ménages urbains, mais la dégradation des conditions de vie entre 2011
et 2015 affecte davantage les ménages urbains.
Les ménages
dirigés par les hommes sont plus exposés à la pauvreté que ceux dirigés par les
femmes. En effet, en 2015, l’incidence de la pauvreté monétaire des ménages
dirigés par les hommes est de 40,2% contre 39,7% pour les ménages dirigés par
les femmes.
Les
données montrent que, en 2015, le risque d’exposition des ménages à la pauvreté
évolue suivant une tendance en « cloche » ou en « U
renversé » en fonction de l’âge du chef de ménage. En effet, à moins de 35
ans, le risque d’exposition du ménage à la pauvreté augmente avec l’âge du chef
de ménage tandis qu’il diminue avec l’âge du chef de ménage à partir de 45 ans.
Les ménages dont l’âge du chef est compris entre 35 et 44 ans, avec une
incidence de 43,0% en 2015, courent plus de risque d’exposition à la pauvreté
monétaire que les ménages dirigés par des chefs de toutes les autres tranches
d’âges.
Figure 1 :
Répartition de l’incidence de la pauvreté monétaire suivant les tranches d’âge du
chef de ménage
Source :
INSAE, EMICoV 2015
Sur le plan géographique, les départements
peuvent être classés en quatre groupes selon leur comportement permanent ou
transitoire par rapport à la pauvreté monétaire. Ainsi, les départements de
l’Ouémé et du Littoral affichent de façon permanente des indices de pauvreté
monétaire faibles.
Tableau 1 : Indices de pauvreté monétaire suivant le
milieu de résidence et par
département en 2011 et 2015
Milieu de résidence
|
2011
|
2015
|
||||
P0 (%)
|
P1
|
P2
|
P0 (%)
|
P1
|
P2
|
|
Alibori
|
36,29
|
0,092
|
0,033
|
39,88
|
0,198
|
0,127
|
Atacora
|
39,74
|
0,096
|
0,034
|
42,33
|
0,216
|
0,137
|
Atlantique
|
39,01
|
0,115
|
0,048
|
41,34
|
0,131
|
0,063
|
Borgou
|
31,46
|
0,079
|
0,028
|
38,63
|
0,226
|
0,165
|
Collines
|
46,07
|
0,122
|
0,047
|
47,20
|
0,199
|
0,123
|
Couffo
|
46,58
|
0,133
|
0,056
|
49,31
|
0,234
|
0,154
|
Donga
|
36,64
|
0,095
|
0,034
|
42,48
|
0,222
|
0,150
|
Littoral
|
25,88
|
0,072
|
0,031
|
25,73
|
0,097
|
0,052
|
Mono
|
43,53
|
0,113
|
0,042
|
46,83
|
0,197
|
0,117
|
Ouémé
|
25,43
|
0,061
|
0,023
|
27,55
|
0,119
|
0,072
|
Plateau
|
36,01
|
0,108
|
0,047
|
37,27
|
0,144
|
0,085
|
Zou
|
41,49
|
0,126
|
0,054
|
42,80
|
0,205
|
0,133
|
Urbain
|
31,35
|
0,088
|
0,036
|
35,83
|
0,14
|
0,07
|
Rural
|
39,69
|
0,105
|
0,04
|
43,56
|
0,22
|
0,15
|
Ensemble
|
36,19
|
0,098
|
0,039
|
40,08
|
0,183
|
0,115
|
(0,016)
|
(0,00)
|
(0,00)
|
(0,02)
|
(0,00)
|
(0,00)
|
Source : INSAE, EMICoV 2011 et 2015/ NB : (.) = Erreur
standard de la moyenne
A l’opposé, les départements du Zou, des
Collines, du Mono et du Couffo affichent des indices très élevés depuis 2009.
Les départements de l’Atlantique, de l’Atacora et de la Donga peuvent être
considérés comme ceux affichant des indices de pauvreté monétaire moyennement
élevés. Le reste des départements (Borgou et Plateau) présentent des indices
moyennement faibles avec une tendance globalement haussière.
En
considérant la répartition spatiale de la pauvreté en 2015, 17 communes sur les
77 présentent un niveau de pauvreté monétaire extrême, avec plus de 50% de la population
vivant au-dessus du seuil national de pauvreté monétaire. La situation est
davantage critique dans la commune de Zè (64,8%) suivie des communes de Toffo
(58,6%), de Sô-Ava (58,5%), et de Djakotomey (55,1%). Des mesures conséquentes
doivent être mises en œuvre dans ces 17 communes, sans pour autant abandonner
les autres communes, si l’on espère être au rendez-vous des ODD en 2030.
Département
|
Po
(%)
|
Commune
|
Po
(%)
|
Alibori
|
39,9
|
Karimama
|
50,4
|
Ségbana
|
49,4
|
||
Atacora
|
42,3
|
Kouandé
|
49,3
|
Péhunco
|
51,7
|
||
Atlantique
|
41,3
|
Ouidah
|
52,7
|
Sô-ava
|
58,5
|
||
Toffo
|
58,6
|
||
Zè
|
64,8
|
||
Borgou
|
38,6
|
Nikki
|
52,1
|
Collines
|
47,2
|
Dassa-zoumè
|
49,8
|
Glazoué
|
52,8
|
||
Ouessè
|
51,5
|
||
Couffo
|
49,3
|
Aplahoué
|
49,8
|
Djakotomé
|
55,1
|
||
Dogbo
|
52,7
|
||
Donga
|
42,5
|
Copargo
|
50,0
|
Zou
|
42,8
|
Covè
|
50,0
|
Source :
INSAE, EMICoV 2015
Contrairement à la pauvreté monétaire et en ligne
avec l’amélioration dans l’accès aux infrastructures de base, on observe un
recul de la pauvreté non monétaire entre 2011 et 2015. En effet, de 29,57%
en 2011, l’incidence de la pauvreté non monétaire s’est établie à 29,41% en
2015. En ce qui concerne l’écart de la pauvreté non monétaire, il est passé de 40,9%
du seuil de la pauvreté non monétaire en 2011 à 27,5% en 2015. Cette évolution
de l’écart de la pauvreté non monétaire sur la période 2011-2015 est couplée
d’une baisse des inégalités parmi les pauvres.
Tout comme
la pauvreté monétaire, la pauvreté non monétaire persiste en milieu rural. La
période 2011-2015 a été marquée par une aggravation de la pauvreté non
monétaire en milieu rural contrastée par une amélioration en milieu urbain.
De fortes
disparités régionales sont aussi relevées. En effet, les départements de
l’Ouémé et du Littoral restent toujours moins pauvres ; mais avec une
tendance haussière dans le Littoral contre une tendance baissière dans l’Ouémé.
A l’opposée, les départements de l’Alibori, de l’Atacora, du Couffo et du Mono
sont les départements les plus touchés par la pauvreté non monétaire. Les
autres départements affichent des indices moyennement élevés ou faibles.
Milieu de résidence
|
2011
|
2015
|
||||
P0 (%)
|
P1
|
P2
|
P0 (%)
|
P1
|
P2
|
|
Alibori
|
41,10
|
0,165
|
0,098
|
37,57
|
0,101
|
0,046
|
Atacora
|
58,12
|
0,272
|
0,181
|
45,57
|
0,110
|
0,045
|
Atlantique
|
23,62
|
0,101
|
0,066
|
18,38
|
0,050
|
0,021
|
Borgou
|
29,26
|
0,111
|
0,064
|
29,79
|
0,066
|
0,023
|
Collines
|
22,01
|
0,080
|
0,048
|
25,45
|
0,048
|
0,018
|
Couffo
|
36,73
|
0,153
|
0,093
|
43,57
|
0,152
|
0,078
|
Donga
|
23,42
|
0,079
|
0,043
|
18,06
|
0,055
|
0,027
|
Littoral
|
18,88
|
0,061
|
0,027
|
21,31
|
0,049
|
0,018
|
Mono
|
40,88
|
0,201
|
0,141
|
40,40
|
0,121
|
0,056
|
Ouémé
|
19,56
|
0,070
|
0,043
|
14,05
|
0,043
|
0,020
|
Plateau
|
27,49
|
0,106
|
0,065
|
30,58
|
0,083
|
0,035
|
Zou
|
26,87
|
0,110
|
0,066
|
33,63
|
0,114
|
0,059
|
Urbain
|
26,37
|
0,094
|
0,05
|
21,53
|
0,09
|
0,05
|
Rural
|
32,88
|
0,14
|
0,092
|
35,86
|
0,14
|
0,09
|
Ensemble
|
29,57
|
0,121
|
0,074
|
29,41
|
0,081
|
0,036
|
(0,02)
|
(0,00)
|
(0,00)
|
(0,02)
|
(0,00)
|
(0,00)
|
Source : INSAE, EMICoV 2011 et 2015/ NB : (.) = Erreur
standard de la moyenne
La
superposition de l’évolution de la pauvreté monétaire et non monétaire fait
ressortir un élargissement du noyau dur de la pauvreté entre 2011 et 2015. En
effet, les ménages cumulant ces deux formes de pauvreté sont de 15,3% en 2015
contre 13,4% en 2011 (soit une hausse de 1,9 points).
Tableau 4 :
Proportion de la population vivant dans une situation de pauvreté sous toutes
ses formes par département en 2015
Département
|
Situation en 2015
|
Alibori
|
20,9
|
Atacora
|
21,6
|
Atlantique
|
10,8
|
Borgou
|
15,0
|
Collines
|
15,3
|
Couffo
|
24,2
|
Donga
|
11,5
|
Littoral
|
8,6
|
Mono
|
20,1
|
Ouémé
|
5,9
|
Plateau
|
14,2
|
Zou
|
17,1
|
Ensemble
|
15,3
|
Source : INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
Les ménages
dirigés par les femmes sont plus exposés aux deux formes de pauvreté cumulées
que ceux dirigés par les hommes. En effet, la proportion de ménages dirigés par
les femmes vivant dans une situation de pauvreté sous toutes ses formes en 2015
est de 18,0% contre 14,8% pour ceux dirigés par les hommes.
En
comparant les comportements des départements dans les deux dimensions de la
pauvreté, quatre groupes se distinguent. Le premier groupe est constitué des
départements de l’Ouémé et du Littoral qui sont structurellement des
départements à faible niveau de pauvreté. Le deuxième groupe regroupe les
départements du Couffo, de l’Atacora, de l’Alibori et du Mono qui présentent un
niveau élevé de pauvreté. Quant au troisième groupe, il est constitué des
départements du Zou et des Collines qui présentent des niveaux élevés de
pauvreté dans l’une des deux dimensions. S’agissant du quatrième groupe, il est
constitué du reste des départements qui affichent des comportements transitoires
tantôt à la hausse, tantôt à la baisse. Cette catégorisation appelle à des
traitements différenciés en matière de ciblage des zones pauvres.
En
considérant la répartition spatiale de la pauvreté en 2015, 18 communes sur les
77 présentent un niveau extrême de noyau dur de la pauvreté, avec plus de 25%
de la population vivant les deux formes de pauvreté. La situation est davantage
critique dans la commune de Karimama (49,3%) suivie des communes des Aguégués
(35,2%), de Sô-Ava (34,8%) et de Matéri (34,7%).
Département
|
Commune
|
||
Alibori
|
20,9
|
Karimama
|
49,3
|
Malanville
|
31,8
|
||
Ségbana
|
26,5
|
||
Atacora
|
21,6
|
Matéri
|
34,7
|
Tanguiéta
|
25,6
|
||
Atlantique
|
10,8
|
Kpomassè
|
25,2
|
Sô-ava
|
34,8
|
||
Zè
|
26,5
|
||
Borgou
|
15,0
|
Kalalé
|
24,9
|
Nikki
|
31,7
|
||
Couffo
|
24,2
|
Djakotomé
|
26,1
|
Dogbo
|
33,4
|
||
Lalo
|
28,8
|
||
Mono
|
20,1
|
Bopa
|
26,8
|
Houéyogbé
|
33,3
|
||
Ouémé
|
5,9
|
Aguégués
|
35,2
|
Zou
|
17,1
|
Za-kpota
|
31,7
|
Zogbodomey
|
25,9
|
Source :
INSAE, EMICoV 2015
Des
mesures conséquentes doivent être mises en œuvre dans ces 18 communes, sans
pour autant abandonner les autres communes, si l’on espère être au rendez-vous
des ODD en 2030.
En somme,
l’analyse de l’évolution de la pauvreté (monétaire comme non monétaire) suivant
les déterminants socio-économiques de la pauvreté au Bénin montre, entre 2011
et 2015 :
une baisse du
niveau de la pauvreté lorsqu’on augmente le niveau d’instruction. On pourra
donc conclure que le niveau d’instruction est une variable importante du
capital humain et dans l’appréciation du niveau de vie individuel ;
une aggravation
de la pauvreté monétaire couplée d’une baisse de la pauvreté non monétaire
lorsqu’on augmente la taille du ménage. On ne saurait donc conclure à une
relation de cause à effet entre la taille du ménage et la pauvreté ;
les ménages
dirigés par des femmes sont moins exposés à la pauvreté monétaire que ceux
dirigés par des hommes. En ce qui concerne la pauvreté non monétaire, les
ménages dirigés par des hommes en sont moins exposés que ceux dirigés par des
femmes.
2011
|
2015
|
|
Milieu de résidence
|
||
Urbain
|
12,36
|
11,07
|
Rural
|
14,14
|
17,78
|
Sexe du CM
|
||
Homme
|
13,41
|
13,99
|
Femme
|
13,3
|
17,82
|
Âge du CM
|
||
Moins de 25 ans
|
6,44
|
19,18
|
25-34 ans
|
10,63
|
16,02
|
35-44 ans
|
13,91
|
14,67
|
45-59 ans
|
14,13
|
13,19
|
60 ans et plus
|
15,26
|
15,25
|
Taille du ménage
|
||
Moins de 3 personnes
|
0,66
|
9,91
|
3 à 4 personnes
|
5,99
|
14,89
|
5 à 7 personnes
|
13,49
|
15,56
|
8 personnes et plus
|
19,52
|
14,97
|
Niveau d'instruction
|
||
Aucun
|
18,98
|
23,16
|
Primaire
|
8,71
|
14,39
|
Secondaire
|
3,81
|
9,97
|
Supérieur
|
0,7
|
2,1
|
Ensemble
|
13,39
|
14,76
|
Source : INSAE, EMICoV 2011 et 2015, juillet 2019
Cible
1.3 : Mettre en place des systèmes et mesures de protection sociale pour tous,
adaptés au contexte national, y compris des socles de protection sociale, et
faire en sorte que, d’ici à 2030, une part importante des pauvres et des
personnes vulnérables en bénéficient
D’après
l’OCDE, si une forte croissance économique est une condition nécessaire pour
lutter avec efficacité contre la pauvreté et la vulnérabilité, elle n’en est
pas suffisante. Car la qualité de cette croissance, c’est-à-dire son caractère
durable, sa composition et sa répartition équitable, a tout autant d’importance.
Ainsi, de longue date, la protection sociale est de plus en plus considérée
comme un moyen essentiel de faire reculer la pauvreté dans les pays à faible
revenu et à revenu intermédiaire. Elle est donc un instrument qui revêt une
importance primordiale dans la lutte contre la pauvreté.
La
protection sociale ne représente pas seulement un coût. C’est aussi un
investissement dont la collectivité ne peut se permettre de se dispenser. Son
rendement économique et social est très élevé, non seulement parce qu’elle
répond aux objectifs de la politique sociale et au souci d’égalité, mais aussi
parce qu’elle favorise la croissance et le recul de la pauvreté sous ses
multiples aspects. Elle aide les pauvres à conserver leurs biens et à en
acquérir d’autres, ainsi qu’à s’adapter aux situations nouvelles. En
particulier, comme elle les prémunit contre les risques, elle contribue à
stimuler la croissance en les encourageant à s’engager dans des activités plus
rentables. En outre, la réduction et la maîtrise des risques donnent aux
pauvres les moyens de ne pas retomber dans des stratégies de sauvegarde qui
peuvent les appauvrir encore plus et de manière irréversible.
Conscient
de son importance, le Bénin s’est lancé dans la mise en place des mesures de
protection sociale afin de lutter efficacement contre la pauvreté, notamment en
se dotant d’une politique holistique de protection sociale opérationnelle avec
l’appui des partenaires techniques et financiers. Après quelques années de mise
en œuvre de la politique holistique de protection sociale, les mesures mises en
place ont permis d’impacter 3,3% de la population d’après les résultats de
EMICoV 2015[1].
Tableau 7 : Proportion
de la population bénéficiant de socles ou systèmes de protection sociale par
département en 2015
Département
|
Situation
en 2015
|
Alibori
|
0,7
|
Atacora
|
2,9
|
Atlantique
|
4,3
|
Borgou
|
2,9
|
Collines
|
2,8
|
Couffo
|
2,6
|
Donga
|
1,7
|
Littoral
|
5,6
|
Mono
|
3,8
|
Ouémé
|
2,8
|
Plateau
|
1,0
|
Zou
|
5,9
|
Ensemble
|
3,3
|
Source : INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
En comparant la
répartition des bénéficiaires par département, il se dégage que 5,6% de la
population du Littoral ont bénéficié de socles de protection sociale alors que
ce département est un département présentait
un faible niveau de pauvreté. Il est précédé du Zou (5,9%) qui est l’un
des départements présentant des niveaux élevés de pauvreté dans l’une des deux
dimensions. Les départements de l’Alibori (0,7%), du Plateau (1,0%) et de la
Donga (1,7%) affichent les plus faibles proportions de la population
bénéficiant de socles ou systèmes de protection sociale en 2015.
En considérant la répartition communale, 13,5% de la
population de Zagnanado ont bénéficié de
socles ou systèmes de protection sociale en 2015. Cette commune est suivie des
communes de Toucountouna (9,6%), et de Applahoué (9,3%). A contrario, les
populations des communes de Karimama (commune pauvre d’après EMICoV 2015),
d’Allada, de Kpomassè, de Tori-Bossito, de Savalou, de Bassila et de Adjohoun
n’ont bénéficié d’aucun socle de protection sociale.
Au regard de
cette situation, le ciblage des communes devant bénéficier des socles de
protection sociale au cours des années à venir doit tenir compte de ces
communes, notamment des communes de Karimama et de Kpomassè qui présentent des
niveaux critiques des deux formes de pauvreté.
Par
ailleurs, les dotations budgétaires allouées à la protection sociale
connaissent une évolution erratique entre 2015 et 2018. Entre 2015 et 2016, ces
dotations ont baissées de 18% dû à une réduction non seulement des allocations
budgétaires aux interventions apparentées à la protection sociale de 39%
(passant de 41,5 à 25,4 milliards de FCFA) mais aussi des allocations
budgétaires aux profits des interventions spécifiques à la protection sociale
sans FNRB de 33% (passant de 23,6 à 15,9 milliards de FCFA).
Figure 2 : Evolution des dotations
budgétaires allouées à la protection sociale (en milliards de FCFA)
Source :
Base de données de la protection sociale (2015-2018), calculs des auteurs
En
2017, elles se sont accrues de 37% passant de 75,7 à 104,1 milliards de FCFA.
En 2018, elles sont passées à 82,9 milliards de FCFA, soit une baisse de 20%
par rapport à 2017 imputable au repli des allocations budgétaires au profit des
toutes les interventions et particulièrement pour les interventions spécifiques
à la protection sociale sans le FNRB. Sur la période 2015-2018, on note un
accroissement des dotations pour le financement du déficit du FNRB à l’exception
de 2018.
En
pourcentage du budget de l’Etat, les allocations budgétaires à la protection
sociale semblent assez élevées si on intègre les ressources pour le financement
des interventions apparentées à la protection sociale. Les dépenses
"apparentées" à la protection sociale comprennent trois catégories de
dépenses à savoir : (i) la formation et le crédit pour renforcer
l’employabilité et les activités micro-entrepreneuriales des couches pauvres et
vulnérables de la population agissant dans le secteur informel ; (ii) les
appuis aux petits exploitants agricoles, tels que la distribution gratuite ou
subventionnée d’intrants agricoles ;
et (iii) les mesures de gratuité introduites dans les secteurs sociaux
pour améliorer l’accessibilité financière aux services.
Sur la
période 2015-2018, ces dépenses affichent une tendance baissière et
représentent 5,9% en 2018 contre 6,1% en 2017 et 6,6% en 2016, alors qu’elles
affichaient 7,6% en 2015 ; son niveau le plus élevé de la période.
Tableau 8 : Evolution des allocations
budgétaires de la protection sociale en % du Budget de l’Etat et du PIB
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Allocations budgétaires au profit
de la protection sociale en % du Budget de l’Etat
|
7,6
|
6,6
|
6,1
|
5,9
|
Financement
du FNRB en % du Budget de l'Etat
|
2,3
|
3,0
|
2,3
|
2,5
|
Allocations
spécifiques à la protection sociale sans la FNRB en % du Budget de l'Etat
|
1,9
|
1,4
|
1,5
|
1,0
|
Allocations
apparentées à la protection sociale en % du Budget de l'Etat
|
3,4
|
2,2
|
2,3
|
2,4
|
Allocations budgétaires au profit
de la protection sociale en % du PIB
|
1,9
|
1,5
|
1,9
|
1,4
|
Source :
Note budgétaire sur la protection sociale (version provisoire), juillet 2019
En %
du PIB, les allocations budgétaires de protection sociale affichent une
évolution erratique marquée par une tendance globalement baissière sur la
période 2015-2018. Elles représentent 1,4% du PIB en 2018 contre 1,9% en 2017
et 1,5% en 2016.
Le
financement du déficit du FNRB reçoit les allocations les plus importantes et
leur part augmente en passant de 30% en 2015 à 53% en 2019. Il est suivi de la
gratuité dans les secteurs sociaux dont la part s’est également accru passant
de 17% à 18% sur la même période. L’assistance sociale dans le secteur de la
santé a vu ses allocations croître également passant de 2% en 2015 à 3% en
2019. Cette situation peut s’expliquer par les mesures sociales annoncées et
contenues dans le budget de l’Etat, exercice 2019. Les allocations budgétaires
aux cantines scolaires ne sont pas non moins importantes et leur part affiche
8% en 2019 contre 12% en 2015 cela peut se comprendre dans la mesure où les
cantines financées par le Partenariat mondiale pour l’éducation ne fonction plus
depuis 2018.
Les
services d’actions sociales aussi ont vu régresser leur part de 1 point de
pourcentage affichant 7% en 2019 contre 8% en 2015. Aussi, les allocations au
profit des interventions en faveur du secteur informel (formation et crédit) et
au profit des petits exploitants agricoles (appuis pour les engrais, semences,
…) ont-elles diminué de 15% à 7% pour le secteur informel et de 13% à 3% pour
les petits exploitants agricoles. Pourtant, ces couches sont celles qui
bénéficient déjà d’une couverture plus faible en matière de protection sociale.
Cette situation s’explique par le repli des allocations à la protection sociale
entre 2015 et 2019 et par les réformes en cours dans ces deux secteurs et dont
l’aboutissement soulagerait les populations qui s’investissent dans ces
secteurs.
Cible
1.4 : D’ici à 2030, faire en sorte que tous les hommes et les femmes, en
particulier les pauvres et les personnes vulnérables, aient les mêmes droits
aux ressources économiques et qu’ils aient accès aux services de base, à la
propriété foncière, au contrôle des terres et à d’autres formes de propriété, à
l’héritage, aux ressources naturelles et à des nouvelles technologies et des
services financiers adaptés à leurs besoins, y compris la microfinance
En matière d’accès des populations aux
services sociaux de base, la proportion de la population vivant dans des
ménages ayant accès auxdits services a baissé, passant de 25,4% en 2014
(Enquête MICS 2014) à 24,3% en 2018 (EDSB V, 2017-2018). L’évolution
obtenue n’augure pas de l’atteinte de la cible de 100% projetée pour 2030, si
la tendance actuelle se maintenait.
Source :
INSAE, MICS 2014 et EDSB –V (2017-2018), juillet 2019
Signalons
au passage que les composantes "santé" et "infrastructures
marchandes" ne sont pas prises en compte dans le calcul de l'indicateur.
Les données
révèlent et relancent la problématique de l’accès aux services sociaux de base
en milieu rural. En effet, bien qu’en hausse légère sur la période 2014-2018, la
proportion de la population rurale vivant dans des ménages ayant accès aux
services de base est faible (9%
en 2014 et 12,5% en 2018) comparativement à la situation en milieu urbain où la
proportion
de la population vivant dans des ménages ayant accès aux services de base est passée de 44,7% en 2014 à 42% en 2018.
Milieu de résidence
|
2014
|
2018
|
Alibori
|
8,4
|
4,4
|
Atacora
|
11,9
|
9,3
|
Atlantique
|
28,9
|
33,0
|
Borgou
|
21,4
|
14,5
|
Collines
|
19,4
|
27,4
|
Couffo
|
13,0
|
18,1
|
Donga
|
18,9
|
16,5
|
Littoral
|
81,3
|
81,0
|
Mono
|
27,1
|
27,1
|
Ouémé
|
31,5
|
41,8
|
Plateau
|
27,1
|
20,9
|
Zou
|
15,4
|
28,4
|
Urbain
|
44,7
|
42,0
|
Rural
|
9,0
|
12,5
|
Ensemble
|
25,4
|
24,3
|
Source:
INSAE, MICS 5 Bénin-2014, EDSB V-2017-2018
De fortes
disparités départementales sont aussi relevées. En effet, les départements de l’Alibori,
de l’Atacora, du Borgou, du Couffo, de la Donga et le Zou affichent des
proportions inférieures à la moyenne nationale contrairement aux départements
du Littoral, de l’Ouémé, du Mono et de l’Atlantique. Par ailleurs, au cours de
la période 2014-2018, on note une amélioration de la situation dans les
départements de l’Atlantique, des Collines, du Couffo, de l’Ouémé et du Zou au
détriment des autres départements qui affichent une baisse de la proportion de la
population vivant dans des ménages ayant accès aux services de base. Cette
baisse est davantage critique dans le département de l’Alibori qui se présente
être le département où l’accès aux services sociaux de base demeure
problématique
En ce
qui concerne la proportion de la population adulte totale qui dispose de la
sécurité des droits fonciers et de documents légalement authentifiés[2]
et qui considère que ses droits sur la terre sont sûrs, elle s’est établi à
0,4% en 2015. Cette proportion est tellement faible qu’elle relance toute la
problématique de la sécurisation foncière au Bénin.
Tableau 10 : Proportion de la population
adulte totale qui dispose de la sécurité des droits fonciers et de documents
légalement authentifiés et qui considère que ses droits sur la terre sont sûrs
en 2015
Département
|
Situation en 2015
|
Alibori
|
0,5
|
Atacora
|
0,8
|
Atlantique
|
0,8
|
Borgou
|
0,1
|
Collines
|
0,1
|
Couffo
|
0,3
|
Donga
|
0,0
|
Littoral
|
1,1
|
Mono
|
0,0
|
Ouémé
|
0,5
|
Plateau
|
0,3
|
Zou
|
0,1
|
Ensemble
|
0,4
|
Source:
INSAE, EMICoV 2015
De fortes
disparités départementales sont aussi observées. En effet, dans
la Donga et dans le Mono, aucune adulte ne dispose de titre foncier contrairement aux autres départements. Dès lors,
aune terre ne dispose de la sécurité des droits fonciers (titre foncier) dans la
Donga et le Mono en 2015.
Au niveau national, 1,3% des terres
dispose de la sécurité des droits fonciers (titre foncier), avec 10% dans le
Littoral, 4,2% dans l’Atlantique et 3,2% dans l’Ouémé. Les autres départements
affichent des proportions relativement faibles.
Pour
les acteurs de la société civile, on note comme évolution au niveau de la
politique générale de l’Etat, l’intégration des ODD dans les politiques
publiques mises en place. Cette évolution se traduit, entre autres, par la mise
en place de l’Agence Sèmè City sensé propulser la dynamique au niveau de
l’entrepreneuriat des jeunes et renforcer le soutien des startups dans
l’écosystème béninois. Aussi, faut-il encourager la mise à disposition de
certaines femmes de ressources à travers le fonds d’appui à la micro-finance
pour des initiatives en activités génératrices de revenus.
Tableau 11 : Proportion de terre qui
dispose de la sécurité des droits fonciers (titre foncier) par département en
2015
Département
|
Situation en 2015
|
Alibori
|
1,1
|
Atacora
|
1,9
|
Atlantique
|
4,2
|
Borgou
|
0,5
|
Collines
|
0,2
|
Couffo
|
0,4
|
Donga
|
0,0
|
Littoral
|
10,0
|
Mono
|
0,0
|
Ouémé
|
3,2
|
Plateau
|
0,6
|
Zou
|
0,5
|
Ensemble
|
1,3
|
Source:
INSAE, EMICoV 2015
Les
principales régressions se sont faites ressentir au niveau social. En effet,
une des principales organisations a relevé que "Les actions sociales du gouvernement sont très faibles pour
réduire les inégalités dans la redistribution de la richesse et élever le
niveau de vie des populations. Ceci aggrave le niveau de pauvreté".
En
terme économique, on note que la croissance économique a évolué en dent de
scie, ce qui ne permet pas de réduire la pauvreté. Malgré, l’évolution du taux
de la croissance économique à 6,1% en 2018, la pauvreté augmente dans les
ménages avec d’énormes difficultés de la majeure partie de la population
d’assurer le quotidien.
Malgré
les multiples efforts consentis çà et là par différents acteurs, plusieurs
béninois n’ont toujours pas le minimum requis pour satisfaire au minimum les
trois repas quotidiens.
Au
nombre des actions engagées dans le sens de la réduction de la pauvreté, on
retient la mise en œuvre de la politique de protection sociale pour tous (Loi
portant création de l’ARCH). A cet effet, il a été procédé à l’assainissement
du cadre macroéconomique et de gouvernance en vue d’accroître la capacité de
mobilisation des ressources propres et d’orienter les maigres moyens de l’État
vers des investissements productifs et structurants. Cela a contribué à
l’amélioration des conditions de vie des populations qui se traduit notamment par :
(i) la prise en charge des soins palliatifs et maintien de toutes les mesures
de gratuité des soins de santé ; (ii) l’amélioration des conditions
d’accès aux soins et de délivrance des services de santé ; (ii) l’amélioration
des conditions d’accès à l’école ; (iv) l’augmentation des ressources
allouées au fonctionnement des cantines scolaires et la réorganisation du
dispositif ; (v) l’apurement des dettes sociales dues aux enseignants et la
poursuite de l’apurement des dettes sociales vis-à-vis des salariés et des
retraités, notamment le paiement intégral des rappels découlant de la
revalorisation au titre de 2011 et 2012 pour les retraités ; (vi) l’augmentation des
revenus des agriculteurs,
en particulier les
cotonculteurs du fait de l’augmentation substantielle de la production
cotonnière ; (vii) l’augmentation des allocations budgétaires de l’ordre
de 3 milliards au profit d’un nouveau mécanisme plus transparent et moins
tracassant de micro crédits aux plus pauvres (microcrédit mobile) ; (viii)
la poursuite des réformes foncières et de l’opérationnalisation de l’Agence
Nationale du Domaine et du Foncier (ANDF) et du Fonds de Dédommagement Foncier
(FDF) avec la relecture du Code Foncier Domanial ; (ix) la mise en place d’un cadastre national
informatisé ; et (x) la simplification de la procédure de mise à la
retraite et la réduction significative du délai de délivrance des carnets de
pension aux agents de l’État admis à la retraite.
Pour
les acteurs de la société civile, des activités génératrices de revenus ont été
initié avec l’aide du gouvernement en direction des femmes. Pour les hommes, la
grille des détenteurs d’établissements commerciaux ou d’entreprise agricole a
été établie et d’autres initiatives ont porté sur le renforcement de capacités des
jeunes. On note aussi la réalisation des filets sociaux et la mise en
application du code foncier.
En
termes de contribution des OSC à la mise en œuvre de l’ODD 1, les populations
ont été outillées et renseignées sur les opportunités pouvant les aider à
sortir de leur situation de précarité. L’objectif des différentes initiatives
est de faire prendre conscience aux jeunes et adultes ruraux qu’ils sont au
cœur des actions de développement afin de les amener à développer des activités
génératrices de revenus pour réduire progressivement la pauvreté. Un accent
particulier a été mis sur l’accompagnement des personnes pauvres pour l’accès
aux ressources foncières et financières. La mise en œuvre des bonnes pratiques au
niveau des OSC s’est traduite par plusieurs initiatives. Pour UB-MAFAR
intervenant dans les communes de Kandi, Ouèssè, Abomey, Kétou et Lalo, chaque
année, près de 200 jeunes et adultes en milieux ruraux déscolarisés sont
recrutés et formés pour des métiers de leurs choix. Ces genres d’initiatives
viennent appuyer l’effort de l’Etat central à travers la mise à disposition des
communes des fonds FADEC et la mise à disponibilité de microcrédits aux
populations les plus pauvres.
S’agissant
des infrastructures, les OSCs et le gouvernement ont réalisés des
infrastructures socio-économiques de base. En plus des efforts au niveau
central, des plaidoyers se font par les associations auprès des autorités
locales et des associations de développement pour la facilitation des plus
démunis à la terre pour l’exercice des activités génératrices de revenus. Cette
dynamique permettrait d’accentuer la diversification des activités économiques
pour les ONGs.
Pour
ce qui est du niveau d’information ou de vulgarisation, on note que la
dissémination des résultats des recherches par les OSCs a renforcé le niveau
d’informations de la population. De même, la restitution des formations reçues
aux autres OSC par les chefs de file de chaque pool thématique et la mise à la
disposition des informations ont contribué à l’amélioration de l’accès à
l’information devant aider les plus démunis à améliorer leurs conditions de
vie.
En
termes d’implication, de l’avis des OSC interviewées, il est noté une faible
implication de la population et des OSC dans la mise en œuvre des initiatives
d’éradication de la pauvreté implication des populations aux initiatives et
contre la rareté d’informations. De ce fait, les actions en faveur des plus
démunis ont connu une nette régression. Cette situation sociale s’est aggravée
par la non implication par le Gouvernement, des OSC à des moments donnés dans
le processus de développement et le non respects des lois votées par les
autorités.
L’analyse
des composantes de la variation de la pauvreté a révélé le rôle déterminant de
la redistribution et de la croissance économique dans la réduction de la
pauvreté. Ainsi, les stratégies de réduction de la pauvreté à opérationnaliser
au Bénin doivent, non seulement viser une croissance économique forte, mais
aussi et surtout privilégier les politiques de redistribution en direction des
plus pauvres, notamment les couches les plus défavorisées.
L’analyse
des facteurs explicatifs de la pauvreté indique l’importance du niveau
d’instruction, de la branche d’activité, de l’accès au crédit, de la sécurité
des droits fonciers, des infrastructures de base, du revenu initial comme
déterminants de la réduction de la pauvreté. En revanche, la taille élevée du
ménage (08 personnes et plus) apparaît comme un facteur très limitant dans
cette perspective.
Malgré
les efforts des uns et des autres, l’appui aux ménages les plus pauvres reste
insuffisant. Les contraintes majeures identifiés s’articulent autour de :
(i) l’accroissement des terres lessivées et non productives ; (ii) les
difficultés d’accès à la terre ; (iii) le faible niveau de la promotion de
l’économie locale en vue de réduire la pauvreté en milieu rural ; (iv) la
problématique de la maîtrise de la croissance démographique ; (v) la persistance
des inégalités de genre ; (vi) le faible niveau de la protection sociale ;
(vii) le faible niveau des infrastructures de base ; et (viii) la problématique
de l’accès des pauvres aux crédits.
En
somme, l’analyse des déterminants de la pauvreté suggère qu’une attention
particulière soit accordée : (i) à la promotion de l’économie locale en vue de
réduire la pauvreté en milieu rural ; (ii) à la maîtrise de la croissance
démographique, en raison de la forte corrélation qui existe entre la pauvreté
et la taille élevée des ménages ; (iii) à la réduction des inégalités de genre
; (iv) au renforcement de la protection sociale ; (v) au renforcement des
infrastructures de base ; (vi) à la sécurité des droits fonciers ; et (vii)
au renforcement de la politique de microcrédit en vue de permettre l’accès des
pauvres aux crédits.
Pour
réduire les inégalités et rendre la croissance plus inclusive, il convient donc
d’adopter des moyens d’actions complémentaires.
Premièrement,
la politique budgétaire doit jouer un rôle important. Une hausse des dépenses
sociales – santé, éducation et protection sociale – permettrait de
renforcer le capital humain, particulièrement celui des populations
défavorisées, et de réduire les inégalités dans ce domaine. La stabilité
budgétaire peut même être préservée si le gouvernement augmente les recettes en
améliorant l’administration et les régimes fiscaux, et en remplaçant les
subventions inefficaces, comme celles apportées aux carburants, par des aides plus
ciblées. Les dépenses sociales devraient également être utilisées de façon plus
efficiente, en améliorant leur répartition et en évitant les
déperditions.
Deuxièmement,
il faut combler l’écart entre zones rurales et urbaines, et entre les départements
et les communes. Les départements et les communes en retard ont besoin
d’infrastructures plus nombreuses et de meilleure qualité, et de politiques et
d’institutions facilitant la circulation des biens et des services. Des pôles
de croissance pourraient être créés dans les régions les moins développées, à
l’instar de la Chine, où les inégalités régionales ont été atténuées par
l’ambitieuse stratégie de développement de l’ouest du pays. Il faudrait
toutefois supprimer les obstacles aux migrations des populations des zones
rurales pauvres vers les zones urbaines plus prospères.
Troisièmement,
la croissance inclusive doit s’appuyer sur des emplois productifs et stables,
ce qui suppose un environnement économique favorable à l’investissement privé
et une croissance équilibrée entre industrie, services et agriculture.
L’élimination des distorsions qui favorisent le capital au détriment du travail,
l’aide apportée aux PME, le renforcement de la régulation du marché du travail,
enfin la mise en place de programmes d’emplois publics adéquats et efficaces comme
mesure provisoire pour remédier aux poches de chômage et de sous-emploi,
peuvent également contribuer à améliorer les revenus du travail.
Enfin,
les mesures visant à accroître les opportunités économiques et l’égalité
d’accès à ces opportunités doivent s’appuyer sur des mesures de bonne
gouvernance telles que la promotion de la participation citoyenne, le
renforcement de l’État de droit, la lutte contre la corruption et l’exclusion
sociale. Ainsi, le gouvernement et les collectivités locales doivent donc
redoubler d’efforts pour que chacun ait accès à l’emploi, à l’éducation, à la
santé et aux autres services sociaux essentiels, et pour que les fruits de la
croissance bénéficient à tous.
Les
principaux défis identifiés par les OSC sont : (i) le renforcement des
assistances en ressources financières et matérielles ; (ii) le
renforcement des capacités des femmes en milieu rurales ; (iii)
l’augmentation du nombre de cibles bénéficiaires ; (iv) la multiplication
des actions sociales en faveur des couches vulnérables ; (v) la
réalisation des infrastructures structurantes à haut impact social dans les
zones reculées ; (vi) la mécanisation de l’agriculture pour augmenter les
rendements ; (vii) l’amélioration de l’offre éducative en développant
l’enseignement technique et la formation professionnelle, et donc
l’entrepreneuriat dans les cursus de formation ; (viii) l’amélioration de
l’accès aux services financiers des personnes vulnérables à la pauvreté ;
(ix) l’implication de la population et des OSC dans le processus de mise en
œuvre des réformes ; etc.
Au
niveau local, les stratégies ont été proposées par les OSC. On retient
principalement qu’il faut : (i) un bon ciblage des personnes vivant dans
la pauvreté suivi d’un bon ciblage des ressources et les services adaptés
aux besoins de ces dernières et qui les aideront à sortir de la
précarité ; (ii) le renforcement des services sociaux de base au niveau
local ; (iii) la mise en place des conditions favorables à la création
d’emploi et à l’augmentation des revenus ; et (iv) la mise en place des
structures des personnes de troisième âge et des personnes vivant avec un
handicap.
L’analyse
de la pauvreté a montré, d’une part, que la pauvreté affiche un niveau
globalement inquiétant au Bénin en 2015 (en augmentation depuis 2007) et,
d’autre part, qu’elle est restée caractérisée par une diminution significative
de la pauvreté non monétaire depuis 2007.
Cibles
|
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
1.2
|
1.2.1 Proportion de la population
vivant au-dessous du seuil national de pauvreté
|
40,1
|
-
|
-
|
-
|
1.2.2 Proportion de la population
vivant dans une situation de pauvreté sous toutes ses formes, telles que
définies par chaque pays
|
15,3
|
-
|
-
|
-
|
|
1.3
|
1.3.1 Proportion de la population
bénéficiant du socle ou systèmes de protection sociale
|
3,3
|
-
|
-
|
-
|
1.4
|
1.4.1 Proportion de la population
vivant dans des ménages ayant accès aux services de base
|
25,4 (2014)
|
-
|
-
|
24,3
|
1.4.2: Proportion de la population
adulte totale qui dispose de la sécurité des droits fonciers (titre fonciers)
sur au moins une terre
|
0,4
|
-
|
-
|
-
|
|
1.4.3 Proportion de terre qui
dispose de la sécurité des droits fonciers (titre foncier)
|
1,3
|
-
|
-
|
-
|
Sources :
PNUD, DGCS-ODD, INSAE, EMICoV 2015, juillet 2019
Pour
inverser la tendance est espérer être au rendez-vous de 2030, les défis ci-dessus
identifiés méritent d’être relevés.
[1]
Les données n’ont pas permis pas de prendre en
compte les services d’action sociale ou services sociaux d’appui aux groupes
vulnérables
2.1- ODD 2 : Eliminer la faim,
réaliser la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une
agriculture durable
|
Cible 2.1 : D’ici à 2030, éliminer la faim et faire en
sorte que chacun, en particulier les pauvres et les personnes en situation
vulnérable, y compris les nourrissons, ait accès tout au long de l’année à
une alimentation saine, nutritive et suffisante
Cible 2.2 : D’ici à 2030, mettre fin à toutes les formes de
malnutrition, y compris en atteignant d’ici à 2025 les objectifs arrêtés à
l’échelle internationale relatifs aux retards de croissance et à l’émaciation
chez les enfants de moins de 5 ans, et répondre aux besoins nutritionnels des
adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes âgées
Cible 2.3 : D’ici à 2030,
doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs
alimentaires, en particulier des femmes, des autochtones, des exploitants
familiaux, des éleveurs et des pêcheurs, y compris en assurant l’égalité
d’accès aux terres, aux autres ressources productives et facteurs de
production, au savoir, aux services financiers, aux marchés et aux
possibilités d’ajout de valeur et d’emplois autres qu’agricoles
|
Cible 2.1 :
D’ici à 2030, éliminer la faim et faire en sorte que chacun, en particulier les
pauvres et les personnes en situation vulnérable, y compris les nourrissons,
ait accès tout au long de l’année à une alimentation saine, nutritive et
suffisante
Pour
apprécier les performances du Bénin vers l’atteinte de cette cible, trois
indicateurs ont été priorisés. Il s’agit de : (i) la prévalence de la
sous-alimentation ; (ii) l’incidence de la pauvreté alimentaire ; et
(iii) la prévalence d'une insécurité alimentaire modérée ou grave.
S’agissant
de la prévalence de la sous-alimentation, l’inexistence de données
n’a pas permis d’apprécier son évolution au cours de la période 2015-2018. En
ce qui concerne l’incidence de la pauvreté alimentaire, elle s’est établi à
22,7% en 2015. Autrement dit, 22,7% de la population béninoise vivent
au-dessous du seuil national de pauvreté alimentaire en 2015.
Selon les
résultats de EMICoV 2015, les ménages dirigés par les hommes sont plus exposés
à la pauvreté alimentaire que ceux dirigés par les femmes. En effet, en 2015,
l’incidence de la pauvreté alimentaire des ménages dirigés par les hommes est
de 23,3% contre 19,4% pour les ménages dirigés par les femmes.
Sur le plan géographique, les départements de
l’Atacora (30,5%), de la Donga (30%), du Borgou (29,4%), du Couffo (29,3%), de
l’Alibori (26,4%), du Zou (25,4%) et du Mono (23,3%) affichent des niveaux de
pauvreté alimentaire supérieurs à la moyenne nationale, contrairement aux
autres départements.
En considérant la répartition
communale de la pauvreté alimentaire en 2015, 05 communes sur les 77 présentent
un niveau de pauvreté alimentaire critique, avec plus de 40% de la population
vivant dans cette forme de pauvreté. Il s’agit des communes de Boukombé (42,3%)
suivie des communes de Tchaourou (41,8%), de Ségbana (41,1%), de Karimama
(40,8%) et de Nikki (40,89%).
Tableau 13 :
Proportion de la population vivant au-dessous du seuil national de pauvreté
alimentaire par département en 2015
Département
|
Situation en 2015
|
Alibori
|
26,4
|
Atacora
|
30,5
|
Atlantique
|
16,3
|
Borgou
|
29,4
|
Collines
|
20,2
|
Couffo
|
29,3
|
Donga
|
30,0
|
Littoral
|
8,3
|
Mono
|
23,3
|
Ouémé
|
14,3
|
Plateau
|
16,7
|
Zou
|
25,4
|
Ensemble
|
22,7
|
Source:
INSAE, EMICoV 2015
Des
mesures conséquences doivent être mises en œuvre dans lesdites communes, sans
pour autant abandonner les autres communes, si l’on espère être au rendez-vous
des ODD en 2030. A contrario, les communes de Kpomassè (6%), de Sèmè-Kpodji
(6,4%), de Porto-Novo (7,3%), de Cotonou (8,3%), de Kétou (9,4%) et de Sakété
(9,6%) affichent les plus faibles niveaux de pauvreté alimentaire.
Pour ce qui est de la
prévalence de l’insécurité alimentaire modérée ou grave, d’après les résultats de
l’AGVSA 2017, la sécurité alimentaire globale s’est légèrement améliorée,
passant de 89% en 2013 à 90,4% en 2017. Autrement dit, la proportion de la
population en insécurité alimentaire (IA) a baissé, passant de 11% en 2013 à
9,6% en 2017 dont 0,7% touchés par l’insécurité alimentaire sévère.
Source : INSAE, AGVSA 2013 & 2017, PC2D, juillet 2019
Cette légère amélioration s’explique, entre autres, par une nette
progression de la consommation alimentaire (+2,2 points de ménages dépensent
plus de 65% de leur budget pour l’alimentation) contrastée par une dégradation
de la capacité d’adaptation des ménages (+16,8 points de ménages utilisent des
stratégies de survie en cas de crise ou d’urgence).
Des disparités relativement importantes s’observent dans la
répartition spatiale de la prévalence de l’insécurité alimentaire en 2017. En
effet, les ménages ruraux sont davantage touchés par l’insécurité alimentaire
(12% modéré et 1% sévère) que les ménages urbains (6% modéré et 0,3% sévère).
Tableau 14 : Evolution de la prévalence de
l’insécurité alimentaire selon le département et le milieu de résidence en 2017
Milieu de résidence
|
IA modérée
|
IA sévère
|
IA Globale
|
||
Alibori
|
7,6
|
0,4
|
8,0
|
||
Atacora
|
20,9
|
2,7
|
23,6
|
||
Atlantique
|
7,2
|
0,2
|
7,4
|
||
Borgou
|
7,7
|
0,2
|
7,9
|
||
Collines
|
12,9
|
2,4
|
15,3
|
||
Couffo
|
14,9
|
1,3
|
16,2
|
||
Donga
|
4,9
|
0,4
|
5,3
|
||
Littoral
|
1,5
|
0,0
|
1,5
|
||
Mono
|
6,2
|
0,4
|
6,6
|
||
Ouémé
|
7,4
|
0,7
|
8,1
|
||
Plateau
|
8,5
|
0,6
|
9,1
|
||
Zou
|
11,1
|
0,6
|
11,7
|
||
Ensemble
|
8,9
|
0,7
|
9,6
|
||
Urbain
|
5,9
|
0,3
|
6,2
|
||
Rural
|
11,9
|
1,1
|
13,0
|
||
Source : INSAE, AGVSA 2017, juillet 2019
Au niveau départemental, l’Atacora est le département le plus
affecté par l’insécurité alimentaire avec des taux d’insécurité alimentaire
modérée de 20,9% et sévère de 2,7%. Il est suivi du Couffo (14,9% d’IA modérée
et 1,3% d’IA sévère), des Collines (12,9% d’IA modérée et 2,4% d’IA sévère), et
du Zou (11,1% d’IA modérée et 0,6% d’IA sévère). Le département du Littoral
affiche une prévalence quasi inexistante (1,5%) d’insécurité alimentaire.
Au niveau communal, dix communes présentent des niveaux de
prévalence de l’insécurité alimentaire globale (modérée + sévère) supérieur à
20% en 2017. Il s’agit : (i) des
communes de Boukombé (42,6% d’IA modérée et 3,7% d’IA sévère), de
Toucountouna (29,8% d’IA modérée et 0% d’IA sévère), de Natitingou (23,4% d’IA
modérée et 4,4% d’IA sévère), de Tanguiéta (25% d’IA modérée et 1,5% d’IA
sévère), de Matéri (20,7% d’IA modérée et 4,3% d’IA sévère) et de Cobly (15,1%
d’IA modérée et 5,8% d’IA sévère) dans l’Atacora ; (ii) de Glazoué (21,8% d’IA modérée et 4,6% d’IA
sévère) et Savè (21,4% d’IA modérée et 3,8% d’IA sévère) dans les
Collines ; (iii) de Djidja (19,5% d’IA modérée et 2,5% d’IA sévère) dans
le Zou ; et (iv) de Toviklin (20% d’IA modérée et 2,1% d’IA sévère) dans
le Couffo. Les communes de Ouèssè (dans les Collines) et la commune de Lalo
(dans le Couffo) présentent un taux d’insécurité alimentaire sévère important
respectif de 5,4% et de 3,5% en 2017.
Tableau 15 : Départements et communes
présentant les prévalences d’insécurité
alimentaire les plus critiques
Département
|
Commune
|
IA modérée
|
IA sévère
|
|
Atacora
|
Boukombé
|
42,6
|
3,7
|
|
Toucountouna
|
29,8
|
0,0
|
||
Natitingou
|
23,4
|
4,4
|
||
Tanguiéta
|
25,0
|
1,5
|
||
Matéri
|
20,7
|
4,3
|
||
Cobly
|
15,1
|
5,8
|
||
Collines
|
Glazoué
|
21,8
|
4,6
|
|
Savè
|
21,4
|
3,8
|
||
Ouèssè
|
14,0
|
5,4
|
||
Zou
|
Djidja
|
19,5
|
2,5
|
|
Couffo
|
Toviklin
|
20,0
|
2,1
|
|
Lalo
|
16,0
|
3,5
|
||
Source : INSAE, AGVSA 2017
Les résultats de l’AGVSA 2017 révèlent le caractère chronique de
l’insécurité alimentaire dans le département de l’Atacora. Il en résulte une
forte prévalence de retard de croissance chez les enfants. L’enquête MICS de
2014 indiquait que le taux de retard de croissance (malnutrition chronique) des
enfants de moins de 5 ans de l’Atacora était de 38,9% tandis que le taux de
malnutrition aigüe était de 5,4%. En effet, déjà en 2013 et notamment du fait
d’une consommation alimentaire pauvre, plus de 30% des ménages enquêtés dans
les communes de Boukombé, Cobly, Matéri, Tanguieta, Toucountouna, et Natitingou
étaient en insécurité alimentaire.
Les communes les plus touchées dans le département des Collines
(Glazoué, Savé, Ouèssè) sont localisées à l’Est de ce département. Une majorité
(>45%) de la population dans ces communes vit principalement de
l’agriculture vivrière. Le taux de malnutrition chronique dans ce département,
au regard des résultats de l’enquête MICS, était de 28,5% en 2014, un des plus
faibles du pays. Près de 60% des ménages de ces communes affirment qu’un membre
de leur ménage est tombé sérieusement malade ou a eu un accident au cours des
12 derniers mois. Cela a eu pour conséquence une dépense de l’épargne, une
réduction de l’activité agricole par manque de main d’œuvre, mais aussi une
diminution de la consommation alimentaire en quantité et qualité. Par ailleurs,
ces communes frontalières avec le Nigéria ont subi les effets de la
dépréciation du Naïra et par conséquent une diminution des revenus liés aux
échanges avec le Nigéria, notamment le commerce des produits agricoles (Rapport
AGVSA 2017).
Cible
2.2 : D’ici à 2030, mettre fin à toutes les formes de malnutrition, y
compris en atteignant d’ici à 2025 les objectifs arrêtés à l’échelle
internationale relatifs aux retards de croissance et à l’émaciation chez les
enfants de moins de 5 ans, et répondre aux besoins nutritionnels des
adolescentes, des femmes enceintes ou allaitantes et des personnes âgées
Pour apprécier les
performances du Bénin vers l’atteinte de la cible 2.2, deux indicateurs ont été
priorisés. Il s’agit de : (i) la prévalence du retard de croissance
chez les enfants de moins de 5 ans ; et
(ii) la prévalence de la malnutrition.
La prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de
5 ans est plus faible en 2018 (32,2%) par qu’en 2014 (34%). Selon les résultats de l’EDSB-V (2017-2018), les
ménages dirigés par les hommes (35,8%) sont plus exposés au retard de
croissance que ceux dirigés par les femmes (32,4%).
Source : INSAE, MICS 2014 et EDSB-V 2017-2018, PC2D, juin
2019
Malgré cette relative baisse qui a permis d’atteindre un niveau
meilleur au but projeté pour 2018 dans le PC2D, l’évolution obtenue n’augure
pas de l’atteinte de la cible de 0% projetée pour être atteinte en 2030 dans le
cadre de la réalisation de l’agenda 2030, si la tendance actuelle observée se
maintenait.
En outre, le retard de croissance prévaut plus dans certains
départements que d’autres. Les départements tels que le Littoral, les Collines,
la Donga, le Mono, l’Ouémé et l’Atlantique ont des taux de prévalence moins
élevés que le taux national de 32,2% tandis que le Borgou, le Zou, l’Alibori,
le Plateau, l’Atacora et le Couffo ont des taux de prévalence supérieurs à la
moyenne nationale. La prévalence du retard de croissance est plus faible dans
le Littoral que dans tous les autres départements tandis qu’elle est plus forte
dans le Couffo que dans tous les autres départements.
Tableau 16 : Prévalence du retard de croissance
(indice taille/âge inférieur à -2 écarts types par rapport à la moyenne des
normes de croissance de l'enfant définies par l'OMS) chez les enfants de moins
de 5 ans
Département
|
2014
|
2018
|
Alibori
|
40,3
|
35,9
|
Atacora
|
38,9
|
36,4
|
Atlantique
|
31,8
|
30,1
|
Borgou
|
41,3
|
34,2
|
Collines
|
28,5
|
23,7
|
Couffo
|
33,6
|
38,0
|
Donga
|
32,2
|
27,2
|
Littoral
|
17,8
|
19,1
|
Mono
|
31,4
|
28,5
|
Ouémé
|
29,8
|
29,7
|
Plateau
|
39,0
|
36,2
|
Zou
|
37,9
|
35,4
|
Ensemble
|
34,0
|
32,2
|
Source:
INSAE, MICS 2014, EDSB-V (2017-2018), juillet 2019
Par ailleurs, sur la période 2014-2018, on note une amélioration
de la prévalence du retard de croissance dans presque tous les départements à
l’exception des départements du Couffo et du Littoral.
Dans l’ensemble, les efforts restent à déployer, notamment en
matière de malnutrition. En effet, la prévalence de la malnutrition a augmenté
par rapport à 2014 en passant de 6,2% à 6,9% en 2018 pour un but de 4,5%
projeté pour 2018 en ce qui concerne le PC2D. Ainsi, au regard de cette
tendance haussière, la cible de 0% prévue pour 2030 risque de ne pas être
atteinte si des efforts ne sont engagés pour inverser la tendance observée.
Source : INSAE, MICS 2014 et EDSB-V 2017-2018, juin 2019
En outre, la malnutrition prévaut plus dans
certains départements que d’autres. Les départements tels que le Littoral, les
Collines, la Donga, le Mono, l’Ouémé et l’Atlantique ont des taux de prévalence
moins élevés que le taux national de 32,2% tandis que le Borgou, le Zou,
l’Alibori, le Plateau, l’Atacora et le Couffo ont des taux de prévalence
supérieurs à la moyenne nationale. La prévalence du retard de croissance est
plus faible dans le Littoral que dans tous les autres départements tandis
qu’elle est plus forte dans le Couffo que dans tous les autres départements.
En
outre, le retard de croissance prévaut plus dans certains départements que
d’autres. Les départements tels que l’Atacora, l’Atlantique, les Collines, le
Couffo, l’Ouémé et le Zou ont des taux de prévalence moins élevés que le taux
national de 32,2% tandis que l’Alibori, la Donga, le Plateau, lë Littoral, Le
Mono et le Borgou ont des taux de prévalence supérieurs à la moyenne nationale.
La prévalence du retard de croissance est plus forte dans l’Alibori, la Donga
et le Plateau tandis qu’elle est plus faible dans les Collines, le Couffo et le
Zou.
Par
ailleurs, sur la période 2014-2018, on note une dégradation de la prévalence du
retard de la malnutrition dans presque tous les départements à l’exception des
départements de l’Alibori, de l’Atacor et du Borgou.
Tableau 17 : Prévalence de la malnutrition (indice poids/taille supérieur à
+2 écarts types ou inférieur à -2 écarts types par rapport à la moyenne des
normes de croissance de l'enfant définies par l'OMS chez les enfants de moins
de 5 ans, par forme (surpoids et émaciation)
Département
|
Poids
pour taille en dessous de - 2 SD (émaciation)
|
Poids
pour taille au-dessus de + 2 SD (surpoids)
|
||
2014
|
2018
|
2014
|
2018
|
|
Alibori
|
10,0
|
6,9
|
0,4
|
2,4
|
Atacora
|
5,4
|
4,7
|
1,2
|
1,0
|
Atlantique
|
3,4
|
4,1
|
1,7
|
1,6
|
Borgou
|
6,8
|
5,1
|
1,5
|
2,0
|
Collines
|
2,3
|
3,6
|
1,6
|
2,1
|
Couffo
|
2,2
|
3,4
|
2,2
|
2,4
|
Donga
|
4,9
|
6,4
|
2,0
|
3,6
|
Littoral
|
4,2
|
5,6
|
2,4
|
2,0
|
Mono
|
5,1
|
5,3
|
1,2
|
1,2
|
Ouémé
|
3,6
|
4,4
|
1,8
|
1,0
|
Plateau
|
3,5
|
6,1
|
3,4
|
1,2
|
Zou
|
2,4
|
3,8
|
2,1
|
1,8
|
Ensemble
|
4,5
|
5,0
|
1,7
|
1,9
|
Source: INSAE, MICS 2014,
EDSB 2017-2018, juillet 2019
D’ici
à 2030, doubler la productivité agricole et les revenus des petits producteurs
alimentaires, en particulier des femmes, des autochtones, des exploitants
familiaux, des éleveurs et des pêcheurs, y compris en assurant l’égalité
d’accès aux terres, aux autres ressources productives et facteurs de
production, au savoir, aux services financiers, aux marchés et aux possibilités
d’ajout de valeur et d’emplois autres qu’agricoles
Le rendement du travail dans le secteur agricole s’est amélioré de
manière continue entre 2015 et 2017. Ce
rendement qui était de 6,61 en 2015 a atteint 6,92 en 2016 et 7,25 en 2017.
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
Volume
de production par unité de travail, en
fonction de la taille de l'exploitation agricole, pastorale ou
forestière
|
6,61
|
6,92
|
7,25
|
-
|
Revenu
moyen des petits producteurs alimentaires
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Source : MAEP, DPP/DSA, juin
2019
Le contexte international et national influe inexorablement sur la
mise en œuvre de la politique de nutrition. En effet au plan régional et
international, l’appartenance du pays à des espaces politico-économiques a été
déterminante dans l’évolution de la trajectoire de la nutrition. L’adhésion du
Bénin aux accords et conventions divers a contraint les Gouvernants à des
obligations de résultats pour mériter la poursuite des aides budgétaires de la
part des donateurs.
Au plan national, la période 2015-2018 a été globalement marquée
par la poursuite de la mise en œuvre des Etudes Nationales de Perspective à
Long Terme (NLTPS, Alafia 2025), la mise en œuvre du PND 2017-2025, la mise en
œuvre du PAG 2016-2021, la mise en œuvre du PC2D, et la mise en œuvre du Plan
Stratégique de Développement du Secteur Agricole (PSDSA 2017-2025) et de son
Plan National d’Investissements Agricoles et de Sécurité Alimentaire et
Nutritionnelle (PNIASAN 2017 – 2021). Aussi, la Stratégie Nationale du Conseil
Agricole (SNCA) a-t-elle été élaborée grâce au plaidoyer des acteurs de la
société civile, l’élaboration et la mise en œuvre des différents Plans
Nationaux de Développement des Filières (PNDF).
Au plan législatif et règlementaire, avec le plaidoyer des
organisations de la société civile, notamment de la Plateforme Nationale des
Organisations Professionnelles de Producteurs Agricoles (PNOPPA) et de ses
organisations faîtières membres (FUPRO, ANOPER, ANaF, SYNPA), le Bénin s’est
doté de son code pastoral en vue d’une bonne organisation du pastoralisme au
Bénin. En vue de faciliter l’accès des petits producteurs et des femmes au
foncier, il a été procédé à la relecture du code foncier et domanial. Toujours
avec le plaidoyer de ces dernières, le projet de Loi d’Orientation Agricole et de
Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle (LOASAN) a été élaboré et est en
instance d’être introduit à l’Assemblée Nationale pour être adopté et
promulgué. L’un des annexes importantes de ce projet de LOASAN est la
nomenclature des métiers agricoles.
Au plan institutionnel, il a été question de la mise en œuvre
d’une série de réformes dans le secteur agricole en vue de réorganiser
l’environnement institutionnel du secteur agricole au Bénin. Il s’agit, entre
autres, de la liquidation de plusieurs structures du Ministère en charge de
l’agriculture, de la création de nouvelles structures avec de nouvelles
attributions, de la poursuite de l’opérationnalisation du Conseil National pour
l’Alimentation et la Nutrition (CAN) et des Comités Départementaux Multidisciplinaires
de l’Alimentation et de la Nutrition, et du repositionnement de la recherche
agricole au cœur du développement filière.
Au niveau tactique, la période 2015-2018 a été marquée par la mise
en œuvre des projets et programmes, tant financés par le budget national que
par les Partenaires Techniques et Financiers. Au titre des programmes et
projets financés par le budget national, on peut citer, entre autres : (i)
les différents programmes inscrits au PNIASAN 2017-2021, (ii) le PPAO, (iii) le
PAIAVO, (iv) le Programme d’Appui au Secteur du Développement Rural (PASDeR)
financé par la Coopération Suisse au Bénin, (v) le PROCAD et des projets
composites financés par la Banque Mondiale, (vi) le ProCaR et de ses projets
composites financés par le FIDA, (vii) le ProSol et le ProCIVA de la
coopération allemande, (viii) les différents projets de la coopération belge,
de la coopération japonaise, de l’Union Européenne, etc, (ix) la mise en œuvre
de la nutrition communautaire.
Par ailleurs, dans le cadre de l’atteinte de l’ODD 2, le Bénin a
pensé l’initiative « Faim Zéro » et le Programme National d'Alimentation
Scolaire Intégrée (PNASI) qui s'inscrit dans la vision de la promotion de la
scolarisation des enfants et de leur maintien dans le système éducatif, en
particulier les filles.
Investir
pour une agriculture de grande envergure est la devise du Gouvernement dans le
secteur agricole. Il s’agira ainsi d’éradiquer la faim, d’assurer la sécurité
alimentaire, d’améliorer la nutrition et de promouvoir une agriculture avec
pour effets l’accroissement des revenus des petites et moyennes exploitations
agricoles.
De
l’avis des OSC rencontrées, il a une nette évolution en ce qui concerne les
politiques publiques ou les mesures prises par le gouvernement pour atténuer la
faim dans les villes et villages. Cette amélioration se remarque d’une part,
par la création des centres de formation professionnelle et universitaires en
agriculture et transformation agro-alimentaire, le contrôle sur la sortie des
denrées alimentaires et la mise en place des innovations par le renforcement
des capacités des centres de recherche agricole. D’autre part, le vote de loi
sur la gestion du foncier, l’élaboration et la mise en œuvre des projets
orientés vers les petits producteurs et les groupes vulnérables viennent
renforcer le dispositif législatif et organisationnel de lutte contre la faim.
Sur la période 2015 à 2018, des progrès ont été réalisés en matière de
diversification agricole, d’augmentation de la production agricole et de réduction
du prix de la mesure des produits vivriers, notamment du maïs.
L’appropriation
des bonnes pratiques va contribuer à l’autosuffisance alimentaire, notamment
par la promotion de l’agriculture familiale. Pour atteindre l’objectif, les OSC
ont contribué à l’élaboration de la stratégie nationale de faim zéro. Elles ont
veillé à l’intégration de la Nutrition dans les documents stratégiques et
d’orientation politiques (PND, PC2D), sectorielles (PSDSA, PNIASAN) et locales
(PDC, PCDA et politique communale pour l’emploi des jeunes). Elles ont
activement contribué à l’élaboration de la Stratégie Nationale d’Agriculture
Sensible à la Nutrition avec la prise en compte des groupes vulnérables.
En
outre, pour contribuer à inverser les tendances ci-dessus décrites en vue d’une
meilleure mobilisation et utilisation des financements en faveur de la
nutrition au Bénin, les OSC ont initié en 2018 le projet « S’Engager et
Investir plus dans la Nutrition au Bénin (SEIN-Bénin), exécuté par la PASCiB
pour le compte de l’Alliance de la Société Civile pour l’Intensification de la
Nutrition au Bénin (ASCINB). Cet engagement des OSC a permis de sensibiliser
les décideurs politiques et les organisations du secteur privé sur les
conséquences néfastes de la malnutrition des populations sur le développement
des régions afin de les amener à non seulement s’engager mais surtout à
s’investir dans la nutrition. Convaincu du rôle du budget, en tant qu’instrument
capital qui permet de jauger le véritable engagement du Gouvernement à traduire
les droits des populations en réalité pour l’atteinte de l’ODD 2, le projet
SEIN-Bénin a financé la réalisation de l’analyse budgétaire qui vise à
convaincre et mobiliser les autorités politiques (gouvernement, parlement,
conseillers communaux) et le secteur privé à investir plus dans la nutrition au
Bénin.
Par
ailleurs, les OSC ont été très actives dans l’accompagnement des populations
dans la dynamique de l’élimination de la faim et du développement des chaînes
de valeurs agricoles. A ce niveau beaucoup d’efforts se font grâce aux cantines
scolaires. On observe également sur le terrain d’autres activités de promotion
des petites exploitations agricoles familiales. Etant un vecteur indispensable
de la lutte contre la faim, les femmes ont bénéficié de plusieurs divers
appuis. On note ainsi, les actions de mises en groupement pour les activités de
transformation (tomate en purée, d’élevage, de commercialisation des produits
vivriers), la sensibilisation et l’animation des formations aux bénéfices des
mères de famille. A cet effet, des émissions organisées par les OSC sont
régulièrement diffusées sur la consommation d’aliment sain et naturel par la
population.
La
mise en place du cadre de concertation des OSC pour le suivi de la mise en
œuvre des ODD a conduit à la mise en œuvre des initiatives pour la promotion de
la nutrition au niveau local (nutrition communautaire). Ainsi, une veille
citoyenne a été organisée pour l’utilisation effective des lignes spécifiques
nutrition des budgets communaux pour la nutrition.
Des programmes et projets ont été développés depuis les
indépendances dans le souci de faire reculer la faim. Toutefois, la volonté
politique exprimée des Gouvernements successifs n’a souvent pas été suivie de
résultats probants. La raison est dans l’allocation des ressources, notamment
financières. Les arbitrages budgétaires sont restés défavorables et ont bien
souvent mis à mal la nutrition. Les ressources allouées sont souvent
négligeables au regard des nombreux défis à relever. De fait, le développement
des programmes de nutrition est tributaire des apports financiers des
Partenaires Techniques et Financiers.
Encadré 1 : Synthèse
du rapport d’analyse budgétaire de la nutrition au Bénin
Soucieux de
lutter efficacement contre la malnutrition (32% des enfants en souffrent
d’après l’AGVSA 2017-2018)) et l’insécurité alimentaire (9,6%), le Bénin s’est
doté de différents Plan de développement et politique sectoriel et s’est
également engagé dans une réforme de politique plaçant la nutrition au cœur
du Développement à travers la mise en place du Conseil de l’Alimentation et
de la Nutrition (CAN) avec un bras opérationnel, le Secrétariat Permanent.
Les
investigations ont permis de réaliser que 78 (soit 64% de l’ensemble des
interventions) projets/programmes sur 122 dont 10 (8% des interventions)
spécifiques à la nutrition et 68 sensibles à la nutrition. On note
également 44 interventions mises en œuvre par des structures des différents
ministères dont seulement 4 sont spécifiques à la nutrition. Neuf (09)
ministères ont été identifiés comme ayant des lignes budgétaires dédiées à
la nutrition. Sept (07) mettent en œuvre 41 interventions sensibles à la
nutrition dans le cadre de la protection sociale dont 21 projets. Les
prévisions budgétaires nationales destinées à la nutrition se sont établies
à 25,2 milliards de FCFA en 2016 ; 46,0 milliards de FCFA en 2017
(soit un accroissement de 82,3% par rapport à 2016) ; 39.9 milliards
de FCFA en 2018 (soit une baisse de 13.1% par rapport à 2017) avant de
s’établir à 33,1 milliards de FCFA en 2019, (soit une baisse de 17,2% par
rapport à 2018). De manière désagrégée, Les allocations budgétaires en
faveur des interventions spécifiques à la nutrition ont connu un recul de
19,5% entre 2017 et 2018 et 42,1% entre 2018 et 2019. Quant à celles
sensibles à la nutrition, le repli a été légèrement plus faible et affiche
7,8% de baisse entre 2017 et 2018 et une légère hausse de 0,6% entre 2018
et 2019. Le secteur agricole est celui qui porte en grande partie les
allocations budgétaires en faveur de la nutrition avec une contribution
moyenne sur la période 2016-2019 de 33,1% (11,9 milliards de FCFA) par an
dont 19,0% (6,9 milliards de FCFA) pour les interventions spécifiques.
En somme, la
part du budget destinée aux interventions en matière de nutrition est
passée de 2, 5% en 2016 à 2,9% en 2017 puis à 3,1% en 2018 avant de s’établir
à 2,6% en 2019. Ces dotations budgétaires représentent 0,5% du PIB en
2016 ; 0,9% en 2017 ; 0,7% en 2018 et 0,5% du PIB en 2019.
Les dépenses
budgétaires globales en faveur de la nutrition ont connu une évolution en
dents de scie entre 2016 et 2019 ; passant de 7,3 milliards de FCFA en
2016 à 17,5 milliards de FCFA en 2017, soit une augmentation de 140% avant
de connaître une baisse de 40,3% en 2018 pour s’établir à 10,5 milliards.
Les taux d’exécution des dotations budgétaires spécifiques à la nutrition
avoisinent 50% et sont très faibles par rapport au taux d’exécution du
budget général de l’Etat. Les taux d’exécution des crédits alloués aux
dépenses sensibles à la nutrition sont encore plus faibles et n’ont pas
atteint 25% sur toute la période. Il faut également souligner que les
secteurs de l’éducation et de l’agriculture ont les plus grandes
contributions aux dépenses de nutrition avec une moyenne estimée
respectivement à 65,2% et 17,7% sur la période 2016-2018 par rapport aux
dépenses globales de nutrition.
Si la
nutrition demeure une thématique transversale prépondérante pour le
bien-être et le développement du Bénin, il n’en demeure pas moins que les
efforts faits en matière d’allocations budgétaires destinées à la nutrition
(moins de 3% du budget général) sont très faibles par rapport aux besoins
qu’elle nécessite. Les dépenses budgétaires, quant à elles, souffrent de la
non-exécution de plus de la moitié des allocations prévues. Tout ceci est
perceptible tant au niveau national qu’au niveau communal où il n’a pas été
identifié des allocations budgétaires spécifiques à la nutrition dans les
budgets malgré la figuration des interventions spécifiques à la nutrition dans
les PDC.
Ce secteur
mérite donc un regard plus attentif pour l’accompagnement d’un mieux-être
et un meilleur investissement dans le capital humain.
Source :
PASCiB, Projet SEIN, Rapport d’analyse de la note budgétaire au Bénin,
octobre 2019
|
D’après les résultats de l’édition 2015 du Rapport National sur le
Développement Humain (RNDH), il existe des interrelations entre agriculture,
sécurité alimentaire et développement humain au Bénin. Il a été établi que la
sécurité alimentaire, la lutte contre la faim et le développement humain dépendent
en grande partie de l’agriculture. Outre son rôle dans la création d’emplois et
de revenus, l’agriculture détermine également la disponibilité des aliments,
pilier essentiel de la sécurité alimentaire (RNDH 2015).
La production agricole au Bénin ne satisfait pas encore
complètement les besoins alimentaires des populations. Sa faible productivité
et son accès limité aux marchés locaux et internationaux maintiennent une large
frange de la population, surtout rurale, dans la pauvreté et dans une insécurité
alimentaire. En termes de régressions, les Organisations de la Société Civile
ont révélé une tendance baissière entre 2015 à 2019 des allocations budgétaires
en matière de nutrition.
A ces
contraintes, s’ajoutent les menaces qui pèsent sur la stabilité des systèmes
alimentaires et la faible prise en charge de la question nutritionnelle. Si la
lutte contre la faim et l’insécurité alimentaire est une condition sine qua non
pour la réalisation du développement humain, l’atteinte de ces deux objectifs
ne saurait être possible par la seule croissance agricole et économique (RNDH
2015). Cet avis est partagé par les OSC qui estiment que la nutrition est d’une
importance capitale dans la construction d’un capital humain de qualité.
Par ailleurs, l’agriculture béninoise reste tributaire des aléas
climatiques, des méthodes archaïques de production et de transformation, etc.
On note une faible professionnalisation des acteurs, un faible rendement
agricole, suivis des difficultés d’implantation des unités de production par
les opérateurs privés.
A ces éléments, on peut ajouter une grande focalisation sur les
filières d’exportation, notamment le Coton avec ces conséquences sur la
production vivrière. Les progrès obtenus dans la production cotonnière ont eu
des conséquences négatives sur l’environnement des populations, notamment par
la destruction des sols et du couvert végétal, et la pollution des eaux suivie
de effets néfastes sur les espèces aquatiques.
L’accroissement soutenu de la production agricole dépendra de la
capacité des politiques à relever les défis de l’adoption des technologies
améliorées et de la transformation des systèmes de production, de la résilience
au changement climatique, du développement des chaînes de valeurs et de l’accès
aux marchés agricoles porteurs. L’efficacité de l’action publique exige de bien
établir les liens entre les éléments du développement humain, l’agriculture,
les déterminants de la sécurité alimentaire et les mesures politiques concrètes
y afférentes (RNDH 2015).
Les leviers d’action identifiés suggèrent quatre domaines
d’intervention essentiels : (i) l’augmentation de la productivité agricole,
notamment celle des petits exploitants ; (ii) l’amélioration de la nutrition,
en particulier des femmes et des enfants ; (iii) le renforcement de la
résilience des personnes et des communautés ; (iv) la promotion de
l’autonomisation, notamment des femmes des régions rurales et les groupes
marginalisés. Des actions décisives dans ces quatre domaines, adaptées aux
réalités locales, pourraient briser le cercle vicieux du faible développement
(RNDH 2015). Au regard de la pertinence des propositions de mesures holistiques
contenues dans l’édition 2015 du RNDH, et qui demeurent d’actualité, il sera
donc question de veiller à leur mise en œuvre.
Pour
les OSC, plusieurs défis méritent d’être relevés pour l’éradication de la faim.
Il s’agit notamment : (i) de promouvoir les filières porteuses telles que
l’anacarde et l’ananas ; (ii) d’encourager la production vivrière et le
maraîchage ; (iii) de placer la nutrition au cœur des politiques et
stratégies de développement ; et (iv) d’accroître les allocations
budgétaires en matière de nutrition en érigeant la nutrition comme une
« action socle ». Ainsi, en termes de stratégie locale pour atteindre
l’objectif d’éradication de la faim d’ici 2030, les OSC proposent d’améliorer
l’accès au foncier au profit des petits producteurs, de renforcer l’accès aux
semences certifiées aux agriculteurs, de renforcer la mise en place des
produits phytosanitaires, de renforcer la dynamisation des structures
paysannes, de promouvoir les filières vivrières locales et le maraîchage, de
renforcer la mise en place des infrastructures de stockage des vivres afin d’éviter
le bradage de la production, de promouvoir la gestion des ressources
collectives. Pour ce qui est de la malnutrition, il est nécessaire, selon les
acteurs de la société civile, de mettre en place un dispositif permanent
d’identification et de prise en charge des cas de malnutrition infantile.
L’analyse
de indicateurs prioritaires de la sécurité alimentaire et nutritionnelle a
montré, d’une part, une amélioration de la prévalence de l’insécurité
alimentaire modérée ou grave, de la prévalence du
retard de croissance (indice taille/âge inférieur à -2 écarts types par rapport
à la moyenne des normes de croissance de l'enfant définies par l'OMS) chez les
enfants de moins de 5 ans et, d’autre part, une aggravation de la prévalence de la
malnutrition sur la période 2015-2018.
Cible
|
Indicateurs
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
2.1
|
2.1.1 Prévalence de la sous-alimentation
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2.1.2 incidence de la pauvreté alimentaire
|
22,7
|
-
|
-
|
-
|
|
2.1.3 Prévalence d'une insécurité alimentaire modérée ou
grave, évaluée selon l'échelle de l'insécurité alimentaire fondée sur
l'expérience
|
20,2 (2015)
|
-
|
9,6
|
-
|
|
2.2
|
2.2.1 Prévalence du retard de croissance (indice
taille/âge inférieur à -2 écarts types par rapport à la moyenne des normes de
croissance de l'enfant définies par l'OMS) chez les enfants de moins de 5 ans
|
34 (2014)
|
-
|
-
|
32,2
|
2.2.2 Prévalence de la malnutrition (indice poids/taille
supérieur à +2 écarts types ou inférieur à -2 écarts types par rapport à la
moyenne des normes de croissance de l'enfant définies par l'OMS chez les
enfants de moins de 5 ans, par forme (surpoids et émaciation)
|
6,2 (2014)
|
-
|
-
|
6,9
|
|
2.3
|
2.3.1 Volume de production par unité de travail, en fonction de la taille de l'exploitation
agricole, pastorale ou forestière
|
6,61
|
6,92
|
7,25
|
-
|
2.3.2 Revenu moyen des petits producteurs alimentaires
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Sources :
PNUD, DGCS-ODD, INSAE, MAEP, juillet 2019
Des
efforts doivent être davantage déployés pour relever les défis ci-dessus
identifiés afin d’inverser la tendance observée et espérer éliminer la faim,
assurer la sécurité alimentaire et améliorer la nutrition et promouvoir
l’agriculture durable d’ici 2030.
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